Elégie

Le registre élégiaque, registre de la déploration, a donc intégré différents modes de célébration de l'idéal, de l'idéalité. L'élégie célèbre le manque, chante la beauté avec mélancolie et regrets, tournée vers un passé qu'elle idéalise avec l'espoir de pouvoir le ressusciter.

Le dictionnaire du littéraire, coll. Dicos poche, éd. Quadrige / PUF, 2002

1. Thématique de l'Élégie

De sa nature l'Élégie est triste et fébrile: et traite singulièrement les passions amoureuses. L'Élégie traite l'amour et déclare ses désirs, ou plaisirs, et tristesses à celle qui en est la cause et l'objet, mais simplement et nuement.

Thomas Sebillet, Art poétique français, 1548

La première matière de l'Élégie furent choses tristes: comme lamentations, déplorations sur les morts, doléances des cas piteux: ainsi même que sonne le mot en grec. Et même les épitaphes des morts se faisaient en vers élégiaques.

Toutefois on a gagné depuis, à l'accommoder aux choses joyeuses, c'est à savoir aux propos d'amour. A mon avis que l'Élégie a été transférée en l'Amour, non point comme en considération de joyeuseté: mais plutôt de tristesse, dont les pauvres amoureux sont toujours pleins: ou pour le moins parce qu'il y a de tous deux, et du bien comme de l'ennui.

Jacques Peletier, Art poétique, 1556

L'élégie est un poème lyrique à tonalité triste et mélancolique, avec souvent pour thème le malheur en amour. C'est le cas de la première Élégie de Clément Marot, dont voici quelques vers:

Pour ton amour j'ai souffert tant d'ennuis,

Par tant de jours et tant de longues nuits,

Qu'il est avis, à l'espoir qui me tient,

Que désespoir le cours du ciel retient,

A cette fin que le jour ne s'approche

De l'attendue et désirée approche.

Dictionnaire des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001

2. Structure formelle de l'Élégie

Prends donc l'Élégie pour épître Amoureuse: et la fais de vers de dix syllabes toujours.

Thomas Sebillet, Art poétique français, 1548

En l'Élégie, les clauses sont communément finies en chaque deux vers: et quasi jamais le verbe ne se va chercher au troisième.

Jacques Peletier, Art poétique, 1556