Du latin sonare, "sonner".
Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001
Il a été introduit d'Italie en France au début de la Renaissance par Marot et Mellin de Saint-Gelais. Le sonnet a connu une immense vogue dans la seconde moitié du XVIe siècle. Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001 |
Né en Sicile au milieu du XIIIe s. à la cour de Frédéric II, sous la plume de Giacomo da Lentino ou de Pier della Vigna, le sonnet se développe en Toscane au XIVe s.: les 317 sonnets de Pétrarque, composés à partir de 1327 en l'honneur de Laure de Noves, assurent la fortune du genre. En France, c'est la prétendue découverte, en Avignon, du tombeau de Laure ( 1533 ) qui déclenche la mode pétrarquiste à Lyon puis à la cour. Le dictionnaire du littéraire, coll. Dicos poche, éd. Quadrige / PUF, 2002 |
Le sonnet a connu un renouveau très fervent au XIXe siècle, où des poètes comme Musset et Baudelaire ont usé de variations aussi bien de vers que de disposition des rimes, qui ont multiplié ses formes. Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001 |
Au XIXe s., il revient en vogue avec la redécouverte de la Pléiade par Sainte-Beuve et Nerval: Gautier et Baudelaire le libèrent et lui offrent une seconde jeunesse; dans le Parnasse contemporain ou la revue L'artiste, toute la poésie parnassienne et symboliste l'emploie. Il est aussi l'objet de manipulations, transformations, qui jouent sur sa musicalité ( Verlaine ). Le dictionnaire du littéraire, coll. Dicos poche, éd. Quadrige / PUF, 2002 |
Des poètes comme ceux de l'OuLiPo, et surtout Jacques Roubaud, ont continué à exploiter la richesse de cette structure féconde.
Lexique des termes littéraires, LGF, 2001
La matière facétieuse est répugnante à la gravité du sonnet, qui reçoit plus proprement affections et passions graves, même chez le prince des Poètes Italiens, duquel l'archétype des Sonnets a été tiré. Thomas Sébillet, Art poétique français, 1548 |
Le Sonnet donc est plus hautain que l'Épigramme: a plus de majesté: et est capable de discours grave, mais qui soit bref. Jacques Peletier, Art poétique, 1555 |
Réservé jusqu'alors aux sujets graves et au grand lyrisme amoureux, le sonnet s'ouvre dans les Regrets de Du Bellay ( 1558 ) à la satire et à un style plus familier. Il gagne ainsi son autonomie hors du genre pétrarquiste du Canzoniere, qui perdure néanmoins. Convenant désormais à tous les sujets, le sonnet sert dès lors aussi bien la dévotion que la galanterie, l'éloge courtisan que la polémique. Le dictionnaire du littéraire, coll. Dicos poche, éd. Quadrige / PUF, 2002 |
Sa mesure est limitée de quatorze vers. Il a de commun avec l'épigramme qu'il doit se faire apparaître illustre en sa conclusion. Mais il a de plus, qu'il doit être élaboré, doit sentir sa longue reconnaissance, doit résonner en tous ses vers sérieusement: et quasi tout philosophique en conceptions. Bref, il doit être fait comme de deux ou trois conclusions. C'est un écrit de grande difficulté, pour la sujétion de la Rime: d'autant que les huit premiers vers ne sont que de deux couleurs: quatre d'une et quatre d'autre. Vrai est que les six derniers librement peuvent être de trois. On le fait maintenant de vers masculins et féminins: chose de curiosité, non de nécessité: toutefois louable, à la nouveauté. Jacques Peletier, Art poétique, 1555 |
Il s'agit d'une forme fixe de quatorze vers ( d'abord décasyllabes, puis ensuite le plus souvent alexandrins ), répartis en deux quatrains à rimes embrassées sur deux rimes, suivis d'un sizain qui a pu être de forme variable, mais qui s'est fixé en une forme canonique d'un distique suivi d'un quatrain, divisé typographiquement en deux tercets. Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001 |
Forme poétique fixe composée de quatre strophes, deux quatrains et deux tercets. Les combinaisons de rimes ont été diverses, mais la disposition abba/abba/ccdede a été considérée en France, au XVIIe s., comme la forme régulière. Elle permettait de mettre en valeur l'un des effets du sonnet: il se clot, le plus souvent, par un dernier vers qui surprend et qui frappe ( image forte, mot d'esprit, voire "pointe" ). Le dictionnaire du littéraire, coll. Dicos poche, éd. Quadrige / PUF, 2002 |
[La] forme [en abba abba ccd eed] est appelée marotique.
Voici un sonnet décasyllabique de Louise Labbé:
Depuis qu'amour cruel empoisonna
Premièrement de son feu ma poitrine,
Toujours brulai de sa fureur divine,
Qui un seul jour mon coeur n'abandonna.
Quelque travail, dont assez me donna,
Quelque menace et prochaine ruine,
Quelque penser de mort qui tout termine,
De rien mon coeur ardent ne s'étonna.
Tant plus qu'amour nous vient fort assaillir,
Plus il nous fait nos forces recueillir,
Et toujours frais en ses combats fait être:
Mais ce n'est pas qu'en rien nous favorise
Cil qui les Dieux et les hommes méprise:
Mais pour plus fort contre les forts paraître
Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001
L'autre forme canonique est dite française: abba abba ccd ede.
Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001
[Le sonnet élisabéthain ( ou sonnet shakespearien, ou encore sonnet anglais )] présente également quatorze vers, mais répartis en trois quatrains à rimes croisées suivis d'un distique.
Voici un sonnet élizabéthain de Mallarmé en heptasyllabes, intitulé "petit air guerrier":
Ce me va hormis l'y taire
Que je sente au foyer
Un pantalon militaire
A ma jambe rougeoyer
L'invasion jela guette
Avec le vierge courroux
Tout juste de la baguette
Au gant blanc des tourlourous
Nue ou d'écorce tenace
Pas pour battre le Teuton
Mais comme une autre menace
A la fin que me veut-on
De trancher ras cette ortie
Folle de la sympathie
Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001