Les Fables de La Fontaine, livres VII à IX

Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe siècle au XVIIIe siècle.

Problématique générale : Les fables des livres VII à IX, petites histoires pour enfants, ou réflexion poétique sur l'homme ?

Support : Jean de la Fontaine, Fables, coll. Livre de poche, éd. LGF.

Séance 01

Les fables

Observation

Quelle couverture vous paraît le mieux représenter les fables de La Fontaine ?

Pistes

Prolongement

Documentez-vous sur La Fontaine, en particulier ses différents recueils de fables.

Livres I à VI Livres VII à IX
Dates
Destinataires
Sources
Personnages
Formes

Séance 02

Une rêverie

Appropriation

Proposez une morale à cette fable.

Pistes

Explication

1. Comment Perrette est-elle présentée physiquement, moralement, socialement ?

2. Étudiez sa rêverie.

a. Comment entend-on ses pensées ?

b. Montrez que cette rêverie va trop vite, trop loin.

c. En quoi est-elle très matérialiste ?

3. Commentez la fin de l'histoire.

Notes

1. Marri : fâché.

2. Battre la campagne : divaguer, déraisonner, partir à la dérive.

3. Picrochole : roi fictif qui, dans le roman Gargantua, déclenche une guerre pour un prétexte futile en s'imaginant conquérir le monde.

4. Pyrrhus : roi antique, adversaire de Rome. Une de ses victoires, dans laquelle il perdit un nombre considérable d'hommes, est à l'origine de l'expression 'Victoire à la Pyrrhus'.

5. Sophi : roi de Perse.

Perrette sur sa tête ayant un Pot au lait

Bien posé sur un coussinet,

Prétendait arriver sans encombre à la ville.

Légère et court vêtue elle allait à grands pas ;

Ayant mis ce jour-là, pour être plus agile,

Cotillon simple, et souliers plats.

Notre laitière ainsi troussée

Comptait déjà dans sa pensée

Tout le prix de son lait, en employait l'argent,

Achetait un cent d'œufs, faisait triple couvée ;

La chose allait à bien par son soin diligent.

Il m'est, disait-elle, facile,

D'élever des poulets autour de ma maison :

Le Renard sera bien habile,

S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon.

Le porc à s'engraisser coûtera peu de son ;

Il était quand je l'eus de grosseur raisonnable :

J'aurai le revendant de l'argent bel et bon.

Et qui m'empêchera de mettre en notre étable,

Vu le prix dont il est, une vache et son veau,

Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?

Perrette là-dessus saute aussi, transportée.

Le lait tombe ; adieu veau, vache, cochon, couvée ;

La dame de ces biens, quittant d'un œil marri1

Sa fortune ainsi répandue,

Va s'excuser à son mari

En grand danger d'être battue.

Le récit en farce en fut fait ;

On l'appela le Pot au lait.

...

Quel esprit ne bat la campagne ?2

Qui ne fait châteaux en Espagne ?

Picrochole3, Pyrrhus4, la Laitière, enfin tous,

Autant les sages que les fous ?

Chacun songe en veillant, il n'est rien de plus doux :

Une flatteuse erreur emporte alors nos âmes :

Tout le bien du monde est à nous,

Tous les honneurs, toutes les femmes.

Quand je suis seul, je fais au plus brave un défi ;

Je m'écarte, je vais détrôner le Sophi5 ;

On m'élit roi, mon peuple m'aime ;

Les diadèmes vont sur ma tête pleuvant :

Quelque accident fait-il que je rentre en moi-même ;

Je suis gros Jean comme devant.

Jean de La Fontaine, Fables, VII, 9, 1678.

Observation

Quelle histoire raconte cette peinture ?

Fragonard, Perrette et le pot au lait, 1770.

Séance 03

Exposés

Recherche

Préparez un bref exposé (5-10 minutes) sur un des groupements de poèmes suivants :

  • Les richesses : Le Savetier et le Financier ; Le Loup et le Chasseur ; Le Trésor et les deux Hommes ;
  • La Cour et les courtisans : Les Animaux malades de la Peste ; Les Obsèques de la Lionne ; Le Lion, Le Loup et le Renard ;
  • L'entraide : Le Chat, la Belette, et le petit Lapin ; La Tête et la Queue du Serpent ; L'Âne et le Chien ;
  • La mort : La Mort et le Mourant ; Le Cochon, la Chèvre et le Mouton ; Le Trésor et les deux Hommes ;
  • L'amour : Les deux Pigeons ; Le Mari, sa Femme, et le Voleur.

Après une brève introduction, vous présenterez chaque poème (vous situerez le texte, lirez quelques vers -ceux qui vous paraissent les plus pertinents-, résumerez le propos), puis vous mettrez en évidence les points communs entre les textes.

On attend un exposé vivant (pas de lecture), structuré (introduction - développement - conclusion) et pertinent (avec du contenu et des informations pertinentes).

Pistes

L'exposé

Éléments restrictifs

Une prestation orale ne peut atteindre la moyenne si : l'exposé montre que les poèmes ne sont pas compris ; l'exposé est une simple redite des poèmes ; l'exposé n'est pas compréhensible en plusieurs endroits ; l'exposé est très court.

/20 De 1 à 5 De 6 à 10 De 11 à 15 De 16 à 20
Lire, analyser, interpréter ; tisser des liens entre différents textes

Le sens littéral des poèmes est globalement compris.

Le sens littéral des poèmes est compris.

Le sens littéral des poèmes est compris.

Des rapprochements sont effectués entre les poèmes.

Le sens littéral des poèmes est compris ; l'implicite des poèmes est perçu.

Des rapprochements sont effectués entre les poèmes et les spécificités de chaque texte sont mises en évidence.

Construire un jugement argumenté

La réponse est structurée : introduction, développement, conclusion.

La réponse est structurée et suit une logique perceptible.

Des références au texte sont faites.

La réponse est structurée et suit une logique convaincante.

Des références précises au texte sont faites.

S'exprimer à l'oral

L'expression et le niveau de langue sont acceptables.

L'expression et le niveau de langue sont appropriés.

L'élève s'adresse à son auditeur.

L'expression est fluide, le niveau de langue est approprié.

L'élève communique avec aisance et conviction.

Séance 04

L'imagination créatrice

Lecture

Comparez les utopies proposées par ces deux documents.

Pistes

Explication

1. Quels sont les différents éléments qui font de ce pays une utopie ?

2. À quoi sert, selon vous, la description d'un tel endroit ?

Essai

Selon vous, les oeuvres de divertissement -fables, utopies, science-fiction, etc.- sont-elles nécessaires à notre époque ?

Document A

Télémaque et son précepteur Mentor rencontrent un capitaine de navire dont le frère Adoam leur dépeint un pays extraordinaire, la Bétique.

Le fleuve Bétis coule dans un pays fertile et sous un ciel doux, qui est toujours serein. Le pays a pris le nom du fleuve, qui se jette dans le grand Océan, assez près des Colonnes d'Hercule1 et de cet endroit où la mer furieuse, rompant ses digues, sépara autrefois la terre de Tharsis2 d'avec la grande Afrique. Ce pays semble avoir conservé les délices de l'âge d'or. Les hivers y sont tièdes, et les rigoureux aquilons3 n'y soufflent jamais. L'ardeur de l'été y est toujours tempérée par des zéphyrs4 rafraîchissants, qui viennent adoucir l'air vers le milieu du jour. Ainsi toute l'année n'est qu'un heureux hymen5 du printemps et de l'automne, qui semblent se donner la main. La terre, dans les vallons et dans les campagnes unies, y porte chaque année une double moisson. Les chemins y sont bordés de lauriers, de grenadiers, de jasmins et d'autres arbres toujours verts et toujours fleuris. Les montagnes sont couvertes de troupeaux, qui fournissent des laines fines recherchées de toutes les nations connues. Il y a plusieurs mines d'or et d'argent dans ce beau pays ; mais les habitants, simples et heureux dans leur simplicité, ne daignent pas seulement compter l'or et l'argent parmi leurs richesses : ils n'estiment que ce qui sert véritablement aux besoins de l'homme. Quand nous avons commencé à faire notre commerce chez ces peuples, nous avons trouvé l'or et l'argent parmi eux employés aux mêmes usages que le fer, par exemple, pour des socs6 de charrue. Comme ils ne faisaient aucun commerce au-dehors, ils n'avaient besoin d'aucune monnaie. Ils sont presque tous bergers ou laboureurs. On voit en ce pays peu d'artisans : car ils ne veulent souffrir que les arts qui servent aux véritables nécessités des hommes ; encore même la plupart des hommes en ce pays, étant adonnés à l'agriculture ou à conduire des troupeaux, ne laissent pas d'exercer les arts nécessaires pour leur vie simple et frugale.

Quand on leur parle des peuples qui ont l'art de faire des bâtiments superbes, des meubles d'or et d'argent, des étoffes ornées de broderies et de pierres précieuses, des parfums exquis, des mets délicieux, des instruments dont l'harmonie charme, ils répondent en ces termes : "Ces peuples sont bien malheureux d'avoir employé tant de travail et d'industrie à se corrompre eux-mêmes ! Ce superflu amollit, enivre, tourmente ceux qui le possèdent : il tente ceux qui en sont privés de vouloir l'acquérir par l'injustice et par la violence. Peut-on nommer bien un superflu qui ne sert qu'à rendre les hommes mauvais ? Les hommes de ces pays sont-ils plus sains et plus robustes que nous ? Vivent-ils plus longtemps ? Sont-ils plus unis entre eux ? Mènent-ils une vie plus libre, plus tranquille, plus gaie ? Au contraire, ils doivent être jaloux les uns des autres, rongés par une lâche et noire envie, toujours agités par l'ambition, par la crainte, par l'avarice, incapables des plaisirs purs et simples, puisqu'ils sont esclaves de tant de fausses nécessités dont ils font dépendre tout leur bonheur."

C'est ainsi, continuait Adoam, que parlent ces hommes sages, qui n'ont appris la sagesse qu'en étudiant la simple nature. Ils ont horreur de notre politesse ; et il faut avouer que la leur est grande dans leur aimable simplicité. Ils vivent tous ensemble sans partager les terres ; chaque famille est gouvernée par son chef, qui en est le véritable roi. Le père de famille est en droit de punir chacun de ses enfants ou petits-enfants qui fait une mauvaise action ; mais, avant que de le punir, il prend les avis du reste de la famille. Ces punitions n'arrivent presque jamais ; car l'innocence des mœurs, la bonne foi, l'obéissance et l'horreur du vice habitent dans cette heureuse terre. Il semble qu'Astrée, qu'on dit qui est retirée dans le ciel, est encore ici-bas cachée parmi ces hommes. Il ne faut point de juges parmi eux, car leur propre conscience les juge. Tous les biens sont communs : les fruits des arbres, les légumes de la terre, le lait des troupeaux sont des richesses si abondantes, que des peuples si sobres et si modérés n'ont pas besoin de les partager. Chaque famille, errante dans ce beau pays, transporte ses tentes d'un lieu en un autre, quand elle a consumé les fruits et épuisé les pâturages de l'endroit où elle s'était mise. Ainsi, ils n'ont point d'intérêts à soutenir les uns contre les autres, et ils s'aiment tous d'une amour fraternelle que rien ne trouble. C'est le retranchement des vaines richesses et des plaisirs trompeurs qui leur conserve cette paix, cette union et cette liberté. Ils sont tous libres et tous égaux. On ne voit parmi eux aucune distinction que celle qui vient de l'expérience des sages vieillards ou de la sagesse extraordinaire de quelques jeunes hommes qui égalent les vieillards consommés en vertu. La fraude, la violence, le parjure, les procès, les guerres ne font jamais entendre leur voix cruelle et empestée dans ce pays chéri des dieux. Jamais le sang humain n'a rougi cette terre ; à peine y voit-on couler celui des agneaux. Quand on parle à ces peuples de batailles sanglantes, des rapides conquêtes, des renversements d'États qu'on voit dans les autres nations, ils ne peuvent assez s'étonner. "Quoi ! disent-ils, les hommes ne sont-ils pas assez mortels, sans se donner encore les uns aux autres une mort précipitée ? La vie est si courte ! Et il semble qu'elle leur paraisse trop longue ! Sont-ils sur la terre pour se déchirer les uns les autres et pour se rendre mutuellement malheureux ? "

Ils vivent tous ensemble sans partager les terres ; chaque famille est gouvernée par son chef, qui en est le véritable roi. Le père de famille est en droit de punir chacun de ses enfants ou petits-enfants qui fait une mauvaise action ; mais, avant que de le punir, il prend les avis du reste de la famille. Ces punitions n'arrivent presque jamais ; car l'innocence des mœurs, la bonne foi, l'obéissance et l'horreur du vice habitent dans cette heureuse terre. Il semble qu'Astrée, qu'on dit qui est retirée dans le ciel, est encore ici-bas cachée parmi ces hommes. Il ne faut point de juges parmi eux, car leur propre conscience les juge. Tous les biens sont communs : les fruits des arbres, les légumes de la terre, le lait des troupeaux sont des richesses si abondantes, que des peuples si sobres et si modérés n'ont pas besoin de les partager. Chaque famille, errante dans ce beau pays, transporte ses tentes d'un lieu en un autre, quand elle a consumé les fruits et épuisé les pâturages de l'endroit où elle s'était mise. Ainsi, ils n'ont point d'intérêts à soutenir les uns contre les autres, et ils s'aiment tous d'une amour fraternelle que rien ne trouble. C'est le retranchement des vaines richesses et des plaisirs trompeurs qui leur conserve cette paix, cette union et cette liberté. Ils sont tous libres et tous égaux. On ne voit parmi eux aucune distinction que celle qui vient de l'expérience des sages vieillards ou de la sagesse extraordinaire de quelques jeunes hommes qui égalent les vieillards consommés en vertu. La fraude, la violence, le parjure, les procès, les guerres ne font jamais entendre leur voix cruelle et empestée dans ce pays chéri des dieux. Jamais le sang humain n'a rougi cette terre ; à peine y voit-on couler celui des agneaux. Quand on parle à ces peuples de batailles sanglantes, des rapides conquêtes, des renversements d'États qu'on voit dans les autres nations, ils ne peuvent assez s'étonner. "Quoi ! disent-ils, les hommes ne sont-ils pas assez mortels, sans se donner encore les uns aux autres une mort précipitée ? La vie est si courte ! Et il semble qu'elle leur paraisse trop longue ! Sont-ils sur la terre pour se déchirer les uns les autres et pour se rendre mutuellement malheureux ? "

Fénelon, Les Aventures de Télémaque, septième livre, 1699.

Document B

Hayao Miyazaki, Le Château dans le ciel, 1986, de 1:25:25 à 1:33:35.


1. Montagnes qui bordent le détroit de Gibraltar.

2. Péninsule ibérique.

3. Vents du nord.

4. Vents d'ouest.

5. Mariage.

6. Pièce de charrue.

Contraction

Vous résumerez ce texte en 175 mots.

Essai

Dans Les Pensées, Pascal décrit l'imagination comme une "maîtresse d'erreur et de fausseté, [une] superbe puissance ennemie de la raison". Partagez-vous ce point de vue ?

Selon vous, la rêverie est-elle une activité utile ?

Au sens courant, l'imagination a longtemps renvoyé aux productions fantasmatiques de l'esprit humain. Elle est associée aux rêves, à la rêverie, à la fiction (roman, contes, récits, fables), à l'art, à l'utopie. Imaginer, c'est s'évader en pensée : l'enfant qui rêve de terrasser des monstres ou l'écrivain qui écrit un roman, le prophète ou le médium qui entre en communication avec les esprits de l'au-delà, etc. L'imagination nous transporte en pensée dans le futur, le passé, dans les mondes de l'au-delà, peuplés de personnages étranges.

Cette vision poétique et enchantée de l'imagination ne recouvre qu'une partie de l'immense domaine dans lequel s'exprime la créativité. De plus en plus d'experts admettent aujourd'hui que la création ne se réduit pas au monde des arts, des rêves et des utopies. L'imagination créatrice s'exprime aussi dans les sciences, la technologie, le travail et la vie quotidienne.

Partons d'abord au pays des mathématiques. A priori, nous voilà au royaume des formules, des raisonnements rigoureux, des chiffres, des modèles. Quoi de plus étranger à l'imagination ? Si l'on écoute les mathématiciens eux-mêmes, beaucoup admettent avoir recours à une pensée imaginative. Le mathématicien Jacques Hadamard l'avait déjà noté il y a un demi-siècle. L'imagination – c'est-à-dire la pensée en image – joue un grand rôle dans l'invention mathématique. La construction de théorie géométrique ou algébrique passe par des constructions mentales dans lesquelles interviennent des images de nature visuelle. Souvent, un mathématicien "voit" une solution en imaginant un chemin nouveau qui lierait deux domaines des mathématiques jusque-là séparés. Cette vision vient en premier, la démonstration suit. Ce n'est sans doute pas un hasard si le mot "théorème" renvoie, selon l'étymologie grecque, au mot "vision". [...]

François Jacob, prix Nobel de médecine en 1965, décrit ainsi la démarche du chercheur : "Contrairement à ce que j'avais pu croire, la démarche scientifique ne consistait pas simplement à observer, à accumuler des données expérimentales et à en tirer une théorie. Elle commençait par l'invention d'un monde possible, ou d'un fragment de monde possible, pour le confronter, par l'expérimentation, au monde extérieur. Et c'était ce dialogue entre l'imagination et l'expérience qui permettait de se former une représentation toujours plus fine de ce que l'on appelle la"réalité"."

En mathématique, en physique, en chimie, en biologie, etc., on réhabilite aujourd'hui le rôle fécond de l'imagination et de son cortège d'analogies et de métaphores, qui seraient de puissants générateurs de modèles. Les sciences humaines ne sont d'ailleurs pas en reste, à l'heure où l'on redécouvre la valeur heuristique du récit et de la littérature.

La technique, longtemps mal aimée des philosophes et des poètes (qui y voyaient le règne de l'utilitaire), est redécouverte aujourd'hui sous son visage créatif. Regardons les objets qui nous entourent : téléphone portable, ordinateur, machine à café, montre, chaussures, etc. ont été rêvés avant d'être fabriqués. L'imagination créatrice intervient d'abord dans la motivation de l'ingénieur. Les frères Montgolfier ont inventé la montgolfière ou les frères Wrigth les avions non pas pour améliorer les moyens de transport, mais d'abord parce qu'ils rêvaient de voler. Charles Cros, l'un des inventeurs du phonographe, était un poète qui voulait garder la voix des gens disparus. Et la biographie des inventeurs, de Thomas Edison à Steve Job, révèle la part de rêve qui les anime depuis l'enfance.

Mais l'imagination intervient surtout dans l'acte de conception proprement dit. Construire une maison, un bateau, inventer un nouvel objet technique supposent un travail mental de construction de "mondes possibles", des objets techniques imaginés d'abord sous forme d'ébauches, de plans, de croquis et de schémas. Réalisée seule ou en équipe, la création d'une automobile suppose, du prototype initial au design final, des couches successives de créations techniques et esthétiques. L'imagination créatrice est ainsi présente dans nos assiettes, nos vêtements, le décor de mon appartement, et même sur l'étiquette de mon pot de moutarde. Tous les objets qui nous entourent sont des concentrés d'imagination gravés dans la matière.

Jean-François Dortier, "Nous sommes tous des créateurs", Sciences Humaines, n° 221 - décembre 2010 - Imaginer, créer, innover...Le travail de l'imagination

Séance 05

Le pouvoir des Fables

Oral

Préparez une lecture à deux voix de cette fable.

Grammaire

Transformez les deux questions des vers 20 à 23 en interrogations indirectes et expliquez les changements opérés. Quelle formulation (directe/indirecte) vous paraît la meilleure ? Pourquoi ?

Commentaire

Préparez une réponse développée mais non rédigée aux deux questions ci-dessous.

1. Montrez que cette fable nous propose un récit amusant.

2. Que nous montre cette fable sur l'art de parler et le pouvoir des histoires ?

Pistes

Dans Athènes autrefois peuple vain et léger,

Un Orateur voyant sa patrie en danger,

Courut à la Tribune ; et d'un art tyrannique,

Voulant forcer les cœurs dans une république,

Il parla fortement sur le commun salut.

On ne l'écoutait pas : l'Orateur recourut

A ces figures violentes,

Qui savent exciter les âmes les plus lentes.

Il fit parler les morts, tonna, dit ce qu'il put.

Le vent emporta tout ; personne ne s'émut.

L'animal aux têtes frivoles

Étant fait à ces traits, ne daignait l'écouter.

Tous regardaient ailleurs : il en vit s'arrêter

À des combats d'enfants, et point à ses paroles.

Que fit le harangueur ? Il prit un autre tour.

Cérès, commença-t-il, faisait voyage un jour

Avec l'Anguille et l'Hirondelle :

Un fleuve les arrête ; et l'Anguille en nageant,

Comme l'Hirondelle en volant,

Le traversa bientôt. L'assemblée à l'instant

Cria tout d'une voix : "Et Cérès, que fit-elle ?

- Ce qu'elle fit ? un prompt courroux

L'anima d'abord contre vous.

Quoi, de contes d'enfants son peuple s'embarrasse !

Et du péril qui le menace

Lui seul entre les Grecs il néglige l'effet !

Que ne demandez-vous ce que Philippe1 fait ?"

A ce reproche l'assemblée

Par l'Apologue réveillée

Se donne entière à l'Orateur :

Un trait de Fable en eut l'honneur.

Nous sommes tous d'Athènes en ce point ; et moi-même,

Au moment que je fais cette moralité,

Si Peau d'Âne m'était conté,

J'y prendrais un plaisir extrême,

Le monde est vieux, dit-on, je le crois, cependant

Il le faut amuser encor comme un enfant.

La Fontaine, Fables, "Le Pouvoir des Fables", VIII, 4, 1678


1. Philippe de Macédoine, roi qui tentait de s'emparer les cités grecques.

Devoir maison

Commentaire

Consigne

Rédigez un développement et une conclusion de commentaire en vous appuyant sur le plan élaboré en cours.

Exemple :

Cette fable propose un récit amusant.

En effet, il y a d'un côté, un orateur qui fait tout ce qu'il peut pour capter l'attention. C'est un vrai personnage de comédie ; il est toujours dans l'excès. Il ne se rend pas à la tribune, il "court". Le personnage paraît un peu ridicule, comme le souligne la désignation péjorative de "harangueur" (un personnage qui discourt interminablement). Sa fougue est mise en évidence par le champ lexical de la violence : il parle "fortement", recourt à des "figures violentes", "tonn[e]". Ce mot imagé associe les paroles de l'orateur au tonnerre, et on perçoit la gradation : l'orateur s'énerve de plus en plus. Ce personnage excessif, mais inoffensif, est donc un personnage comique.

Face à lui, une foule...

Vous avez donc cinq paragraphes à rédiger, plus une conclusion.

AVERTISSEMENT : tout copier-coller sera sévèrement sanctionné.

Séance 06

En résumé

Timeline

Placez les oeuvres ci-contre dans l'ordre chronologique.

Fontenelle, "La Dent d'Or", Histoire des Oracles

Joel Pommerat, Pinocchio

La Fontaine, "La Cigale et la Fourmi", Les Fables

La Fontaine, "La Laitière et le Pot au lait", Les Fables

La Fontaine, "Le Pouvoir des Fables", Les Fables

Marivaux, L'Île des Esclaves

Neil Gaiman, Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l'imagination

Samuel Beckett, En Attendant Godot

Victor Hugo, Les Contemplations

Associations

1. Retrouvez à quelle fable correspond chaque image.

2. Reliez chaque morale à l'image qui lui correspond.

"Il se faut entraider, c'est la loi de nature."

"Je définis la cour un pays où les gens [...] / Sont ce qu'il plaît au prince, ou, s'ils ne peuvent l'être, / Tâchent au moins de le paraître. / Peuple caméléon, peuple singe du maître."

"La convoitise perdit l'un ; / L'autre périt par l'avarice."

"La Mort ne surprend point le sage : / Il est toujours prêt à partir."

"Mais quoi ? si l'amour n'assaisonne / Les plaisirs que l'hymen nous donne, / Je ne vois pas qu'on en soit mieux."

"Quand le mal est certain, / La plainte ni la peur ne changent le destin ; / Et le moins prévoyant est toujours le plus sage."

3. Remettez ensemble le genre, le type d'argumentation et l'exemple.

Apologue

Argumentation directe

Argumentation indirecte

Essai

"La Laitière et le Pot au lait"

Pourquoi notre futur dépend des bibliothèques, de la lecture et de l'imagination

Séance 07

L'héritage des Fables

Appropriation

Vous ferez l'un des sujets d'écriture ci-contre en vous appuyant sur les livres VII à IX.

Le bestiaire des fables

Faites le portrait d'un personnage des Fables. Vous proposerez une image (photographie, gravure, etc.) que vous illustrerez par quelques vers extraits des Fables de La Fontaine qui décriront le mieux son caractère :

- Le Lion : Le Lion, le Loup et le Renard ; Les Animaux malades de la peste ; La Cour du Lion ; Les Obsèques de la Lionne ;

- Le Rat : Le Rat qui s'est retiré du monde ; Le Rat et l'Huître ; Le Chat et le Rat ;

- Le Loup : Le Lion, le Loup et le Renard ; Le Loup et le Chasseur ; Le Loup et le chien maigre ;

- Le Chat : Le Chat, la Belette, et le petit Lapin ; Le Chat et le Renard, Le Singe, et le Chat ; Le Chat et le Rat ;

- L'Homme : L'ingratitude et l'injustice des hommes envers la Fortune ; L'Homme et la Puce ; Le Gland et la Citrouille ;

- La Femme : Le mal marié ; La Laitière et le Pot au lait ; Les Femmes et le Secret ; La Fille.

Vous pouvez citer des vers de plusieurs fables. Essayez, dans la mesure du possible, de garder les rimes.

La sagesse des fables

Recopiez quatre morales qui vous paraissent intéressantes en les illustrant d'une image contemporaine (caricature, photographie, etc.).

Annexe

Puzzle poétique

Exercice

1. Remettez en forme la fable ci-contre.

2. Proposez une suite.

Avec grand bruit et grand fracas un torrent tombait des montagnes : tout fuyait devant lui ; l'horreur suivait ses pas ; il faisait trembler les campagnes. Nul voyageur n'osait passer une barrière si puissante ; un seul vit des voleurs ; et se sentant presser, il mit entre eux et lui cette onde menaçante. Ce n'était que menace et bruit sans profondeur : notre homme enfin n'eut que la peur. Ce succès lui donnant courage, et les mêmes voleurs le poursuivant toujours, il rencontra sur son passage une rivière dont le cours image d'un sommeil doux, paisible, et tranquille, lui fit croire d'abord ce trajet fort facile : point de bords escarpés, un sable pur et net.

Annexe

L'interrogation

Application

Soit l'interrogation : "Et qui m'empêchera de mettre en notre étable, / Vu le prix dont il est, une vache et son veau, / Que je verrai sauter au milieu du troupeau ?"

1. Simplifiez la phrase pour n'en garder que les éléments essentiels.

2. Placez cette question simplifiée dans le tableau ci-dessous.

TOTALE PARTIELLE
DIRECTE
INDIRECTE

3. Transformez-la de façon à remplir toutes les cases du tableau.