INSPE ANGERS - M1

Se former à et par la recherche

Analyse de données : le texte et l'image

Compte-rendus de lecture

Des volontaires ?

L'image et les programmes

Les images fixes ou mobiles constituent une ressource précieuse au cycle 4 : elles proposent aux élèves des figurations qui facilitent leur perception des textes littéraires ; elles sont également l'occasion de les confronter à des procédés sémantiques proches de ceux utilisés pour les textes et de développer des méthodes d'analyse spécifiques pour chacun d'entre eux ; elles leur donnent accès à une culture complémentaire qui dialogue avec la culture littéraire et l'enrichit.

Ministère de l'Éducation Nationale (2020). Programme du cycle 4.

Pour éclairer la lecture des œuvres et des textes littéraires composant les parcours par leur mise en relation avec les autres arts et pour développer chez les élèves des connaissances d'ordre esthétique et la capacité d'analyser des images, le professeur propose des prolongements artistiques et culturels.

[Activité proposée pour le récit, la poésie : ] l'écrit d'appropriation (association d'une image au texte et justification de cette illustration [...])

Ministère de l'Éducation Nationale (2019). Programme de français de seconde générale et technologique.

La consigne

Proposez une analyse a priori de cette consigne.

Les productions d'élèves

Lisez les productions proposées. Quelles remarques, quelles questions vous inspirent-elles ?

Le langage de l'image

Contrairement au langage écrit, ce dessin ressemble et entretient une relation analogique à ce qu'il désigne. Bien sûr, il ne représente cet arbre que de façon schématique – et gauchement –, qu'à l'aide de quelques traits et de touches de couleurs ; il s'agit pourtant d'une image dans la mesure où cette ressemblance opère, ne serait-ce que minimalement. Il s'agit d'une image dans la mesure où les proportions, les couleurs, les formes sont essentiellement respectées. [...] De même, que les images soient fondées sur la ressemblance n'exclut pas qu'elles puissent exprimer un message, un sens symbolique. En cela, rappelons la distinction éclairante de Peirce, entre le référent de l'image et sa signification. Le référent définit ce à quoi l'image renvoie, la chose ou la forme qu'elle représente : c'est cette relation entre l'image et son référent qui est iconique et fondée sur la ressemblance. [...] L'interprétant (que plusieurs appellent la signification, ou le signifié), de son côté, définit plutôt la signification que cette représentation revêt pour un individu : cette correspondance entre l'interprétant et l'image est traversée de conventions. Dans le cas de la lettre à mon ami, si le référent de mon dessin est bel et bien l'arbuste Chamaecyparis, la signification de ce dessin demeure sans doute ambiguë. Pourquoi lui avoir envoyé un tel dessin ? Que voulais-je lui dire ?

Coulombe, M. (2019). Le plaisir des images. Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.

La nature de l'image

Ce qu'on appelle une "image" est hétérogène. C'est-à-dire qu'elle rassemble et coordonne, au sein d'un cadre (d'une limite), différentes catégories de signes : des "images" au sens théorique du terme (des signes iconiques, analogiques), mais aussi des signes plastiques : couleurs, formes, composition interne, texture, et la plupart du temps aussi des signes linguistiques, du langage verbal. C'est leur relation, leur interaction qui produit du sens que nous avons appris plus ou moins consciemment à décrypter et qu'une observation plus systématique nous aidera à mieux comprendre.

Joly, M., Martin, J., Vanoye, F. (2021). Introduction à l'analyse de l'image. Armand Colin.

L'interprétation de l'image

Je reconnais sur un panneau routier le profil d'un cerf au galop, inscrit dans un triangle rouge (fig. 2). Une course de cerfs à proximité ? Une suggestion poétique visant à nous inciter à imaginer, dans ce beau paysage, des cervidés ? [...] Le fait de reconnaître un cerf et un triangle rouge ne me dit rien de la raison pour laquelle ils ont été représentés, ni de ce que cette représentation signifie. Si ce panneau vise bel et bien à m'avertir, il ne le fait qu'à renvoyer à un code signalétique spécifique : impossible d'être averti sans saisir ce code. Il me faut connaître la convention sur la signalisation routière de Vienne, signée en 1968 [...] pour savoir que le triangle rouge sur fond blanc désigne un danger. Il me faudra aussi connaître ce code pour comprendre que le cerf vaut – et on pourrait s'en étonner – pour l'ensemble des animaux sauvages. Il me faudra enfin connaître ce code pour comprendre qu'il indique la proximité d'un passage d'animaux sauvages à environ 150 mètres en rase campagne… mais à 50 mètres en ville. Nous voilà informés. On l'aura compris, rien de la signification de ce panneau ne tient de la ressemblance, et comprendre une image n'a pas grand-chose à voir avec le fait d'en identifier le référent – ici, notre gentil cerf.

Coulombe, M. (2019). Le plaisir des images. Paris cedex 14: Presses Universitaires de France.

La lecture littéraire

Il parait dès lors pertinent, à la suite de Picard, de définir la lecture littéraire comme une pratique double, comme le va-et-vient que tout lecteur peut établir entre les lectures participative et distanciée, et qui (r)établit un équilibre entre les droits du texte et ceux du lecteur. Cette définition que j’ai contribué, avec d’autres, à formuler et à diffuser, conçoit la lecture littéraire comme la combinaison de deux modes de lecture complémentaires : la lecture distanciée, analytique, interprétative, "savante", et la lecture participative, psychoaffective, référentielle, "ordinaire". Il s’agit donc d’un modèle stratégique de la lecture, construit à des fins didactiques, qui vise à réconcilier et équilibrer les dimensions rationnelle et passionnelle et à prendre en compte par là la richesse effective du rapport à la littérature.

Dufays, J.-L. (2016). Comment et pourquoi développer la compétence de lecture littéraire ? Conférence de consensus. Cnesco.

L'art du contrepoint

La couverture sert tout de suite à dire quelque chose avec un petit clin d'œil ironique. L'image de la couverture n'est pas toujours retravaillée. Mais son sens ne doit pas être évident pour inciter les élèves à réfléchir en faisant confiance à l'éditeur. Je me souviens très bien qu'il m''arrivait de dire à mes élèves quand je leur demandais de répondre à des questions sur des textes où ils ne voyaient pas grand chose à dire : "Faites confiance d'une part à l'auteur, d'autre part à moi qui vous interroge : si je pose la question, c'est qu'elle a une légitimité, donc allez la trouver". C'est la même chose pour la couverture : il faut que le lecteur qui est l'élève fasse confiance à l'éditeur et cherche le rapport entre l'image et ce qu'il lit. Cela doit capter son attention en l'amusant : c'est comme un petit rébus qui lui est proposé dès La couverture. Pour notre édition du Premier homme, voir cette photo de Camus dit immédiatement que c'est un texte autobiographique, par exemple. Ce premier contrat entre l'éditeur et son lecteur est déjà une façon de faire entrer dans le livre.

Ferran, F., Rollinat-Levasseur, È., & Vanoosthuyse, F. (2017). Image et enseignement : perspectives historiques et didactiques. Honoré Champion.

Prochain rendez-vous

Lundi 25 mars 9h-12h