INSPE ANGERS - M1

Se former à et par la recherche

Analyse de données : la contextualisation

Les prochaines échéances

Les attendus ont été revus et adaptés.

Compte-rendus de lecture

Des volontaires ?

La contextualisation au lycée

L'enseignement du français suppose que soit favorisée une pratique intensive de toutes les formes, scolaires et personnelles, de la lecture littéraire. Il permet la structuration de cette culture en apportant aux élèves une connaissance des formes et des genres littéraires, replacés dans leur contexte historique, culturel et artistique. [...]

Le programme fixe quatre objets d'étude pour la classe de seconde, qui peuvent être traités dans l'ordre souhaité par le professeur au cours de l'année. À l'intérieur de ce cadre, celui-ci organise librement son enseignement de façon cohérente, en le fondant, selon les objets d'étude, sur un parcours autour d'une question littéraire ou sur la lecture intégrale d'une œuvre présentée dans son contexte historique, artistique et culture.

Ministère de l'Éducation Nationale (2019). Programme de français de seconde générale et technologique.

La consigne

Proposez une analyse a priori de cette consigne.

Les données recueillies

Observez les données proposées. Quelles réflexions vous inspirent-elles ?

Les gestes appropriatifs

Gestes appropriatifs Quête et gains du lecteur Activités pratiquées à l'école, propositions didactiques
Prélever

Prolonger un plaisir esthétique, incorporer le texte en soi, le posséder de manière quasi physique

Recueil à quatre mains, anthologies, collages, surlignage, recueil de citations, carnet ou journal de lecture, apprentissage par ceur, etc.

Reformuler

s'approprier la pensée de l'auteur, l'assimiler à sa propre pensée

Paraphrase, résumé, reformulation de la pensée d'autrui, exposé, synthèse, récit de lecture...

(Se) raconter

Exprimer des émotions, des sensations, des correspondances entre le monde du texte et son monde intérieur, garder une trace de sa lecture, la prolonger, la revivre, se comprendre...

Autobiographie de lecteur, autoportrait, questionnaire subjectif suivant une lecture, carnet de lecture, etc. Illustration de textes au moyen d'images.

Réécrire

Prolonger, actualiser, réinventer, réécrire...

Transpositions, pastiches, textes créatifs divers à la suite d'une lecture, livret de mise en scène, livret cinématographique, adaptation cinématographique, etc.

Analyser

Faire émerger des significations, mettre au jour des procédés stylistiques et esthétiques.

Commentaire, critique, essai, toutes les formes métatextuelles parmi lesquelles la lecture analytique et le commentaire littéraire.

Shawky-Milcent, B. (2016). la Lecture, ça ne sert à rien. Presses Universitaires de France.

La part du lecteur

Le contenu fictionnel des œuvres est toujours investi, transformé, singularisé par l'"activité fictionnalisante" des lecteurs : images produites en "complément" de l'œuvre (concrétisation imageante), liens de causalité établis entre les événements ou les actions des personnages (cohérence mimétique), scénarios fantasmatiques activés par le texte (activité fantasmatique), jugements portés sur l'action et la motivation des personnages (réaction axiologique). Ce dialogue interfictionnel entre la fiction textualisée par l'œuvre et la textualisation des apports fictionnels de la subjectivité du lecteur produit le "texte singulier du lecteur", "ce trajet de lecture tissé de la combinaison fluctuante de la chaîne d'une vie avec la trame des énoncés qui seul mériterait d'être appelé texte".

Langlade, G. (2007). La lecture subjective. Québec français, (145), 71–73.

Contextualisation et clôture

Généralement, le professeur croit devoir, avant toute lecture, enrichir l'encyclopédie lacunaire des élèves. Or, de toute évidence, ce travail de "contextualisation", très souvent assuré par l'enseignant lui-même, parasite la "lecture actualisante" que les élèves lecteurs peuvent réaliser. On occulte alors leur réception effective et personnelle du texte et on leur ôte la possibilité d'interroger non seulement ces textes du passé à la lumière de leur présent, mais également leur présent à la lumière de ce que ces textes ont à leur dire des générations passées. Certaines des expérimentations présentées et analysées dans l'ouvrage montrent que la contextualisation des textes patrimoniaux, lorsqu'elle intervient dans l'après-coup de leur actualisation par les élèves, nourrit leur lecture au lieu de l'induire.

Ahr, S. (2018). Former à la lecture littéraire. Réseau Canopé.

Compréhension et interprétation

Si la compréhension est construction du sens à partir des éléments explicites et implicites du texte, l'interprétation sera spéculation sur le "pluriel du texte" (Canvat, 1999, p. 103), et exploration herméneutique. Et comme la spéculation et l'exploration n'appartiennent plus au domaine du consensus explicatif vers lequel tend la compréhension, l'interprétation poursuivra plutôt une "signification", qui renvoie étymologiquement à l'action d'"indiquer", de choisir parmi tous les possibles signifiants. Si le sens est en partie intrinsèque au texte, la signification en est extrinsèque, créée par un lecteur interprète qui cherche à produire de nouveaux signes à partir de ceux qu'il perçoit dans le texte […]. L'interprétation passe obligatoirement par une confrontation sociale qui lui conférera sa légitimité. Elle est l'actualisation d'une signification par un sujet au sein d'une communauté […]. Le sens, lui, est admis – il fait tout de même généralement consensus même s'il n'est pas unique et défini – ; il n'a pas à être diffusé pour trouver sa légitimité. En revanche, l'interprétation tire sa justification de cette socialisation.

Falardeau, É. (2003). Compréhension et interprétation : deux composantes complémentaires de la lecture littéraire, Revue des sciences de l'éducation, 29-3, 673-694

Éloge de l'anachronie

La contextualisation des textes ne se trouve pas mise à mal par les pratiques de lecture actualisantes, mais plutôt mise en tension et peut-être de ce fait mieux perceptible. Loin de s'inscrire dans un rapport dichotomique, contextualisation et actualisation nous invitent à repenser la question de la lecture littéraire dans une dimension autre que celle d'une temporalité linéaire. Les élèves actualisant Madame Bovary avec ou sans l'appui d'autres actualisations du personnage dans la culture contemporaine ne s'enferrent pas dans des anachronismes mais glissent plutôt du côté d'une anachronie quelque peu heuristique.

Cuin, H., & Plissonneau, G. (2017). Entre actualisation et contextualisation, deux lectures de Madame Bovary en seconde générale et professionnelle : L'invention d'une anachronie heuristique ? Recherches et travaux, 91. https://doi.org/10.4000/recherchestravaux.946

L'appropriation créative

Ces écrits offrent des pistes pour mieux comprendre le phénomène d'appropriation du texte littéraire : deux mouvements se sont donnés à lire, comme des reflets de l'appropriation intérieure en cours. Le premier est un mouvement de contemplation du texte et de sa lecture, et de soi dans le texte. Il se caractérise et se manifeste par la présence de très nombreuses impressions, par des émotions, par les indices d'une subjectivité lectrice qui éprouve le besoin de s'exprimer, de déplier et de dérouler les étapes constitutives de l'évènement de lecture. Ce qui prime, c'est l'histoire de la rencontre avec l'oeuvre littéraire, plus que l'aptitude à s'emparer de ses significations. Le second mouvement est un mouvement de création, qui irait dans le sens d'un rassemblement des émotions, et d'un dépassement des impressions brutes de lecture. On observe alors un processus de transformation nourri par la créativité du lecteur, et par son interprétation personnelle de l'oeuvre. Dans ce cas, le discours du lecteur absorbe le texte littéraire, soit fugitivement, soit de façon plus intensive, et il le réinvente. [...] Je formule l'hypothèse - à confirmer, elle aussi - que les élèves qui se livrent à une appropriation créative ont plus de chance d'ancrer l'oeuvre dans leur mémoire.

Shawky-Milcent, B. (2016). la Lecture, ça ne sert à rien. Presses Universitaires de France.

La construction d'une lecture littéraire

Les expériences ont montré que la démarche favorise un déplacement des postures de lecture, qui répond à l'enjeu assigné à l'enseignement et à l'apprentissage de la lecture littéraire dans le secondaire.

Une posture d'investissement subjectif (cahier en amont du débat)

Le lecteur traite le texte avec son capital affectif, expérientiel, cognitif, linguistique, culturel, qui fait de lui un sujet singulier, une personne qui s'est construite dans une culture donnée, un groupe social donné ayant avec la littérature un rapport spécifique. [...] Est attendu un écrit de réception effective, subjective.

Une posture de décentration cognitive (débat)

Le lecteur accepte de confronter sa lecture à celle de ses pairs et, par voie de conséquence, de traiter les informations, de réaliser des opérations de gestion du texte (reformulation, restitution, commentaire) et, le cas échéant, de prendre appui sur les procédés d'écriture mis en œuvre (savoirs et savoir-faire du lecteur).

Une posture d'implication distanciée (cahier en aval du débat)

L'élève interroge sa lecture au regard du texte et des significations négociées entre pairs sous la tutelle du professeur. Est attendu un écrit de "secondarisation", de commentaire au sens d'écrit réflexif, un écrit de réception "réfléchie"

Ahr, S. (2018). Former à la lecture littéraire. Réseau Canopé.

Agenda

Vendredi 5 avril, 14h-17h : Recherche