Les accidents

La syncope

Définitions

Normoxie : quantité d'oxygène dans le sang suffisante pour l'activité normale des tissus (PO2 entre 0,17 bar et 0,21 bar).

Hypoxie : diminution de l'apport d'oxygène aux tissus [...] ne permettant pas aux tissus d'avoir une activité normale (entre 0,12 bar et 0,17 bar de PO2).

Anoxie : quantité d'oxygène ne permettant pas la survie des tissus (inférieure à 0,12 bar de PO2).

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L'apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

La perte de connaissance est probablement le plus grand danger de la plongée en apnée. Elle est liée à une hypoxie cérébrale. La perte de connaissance en elle-même n'est pas semble-t-il particulièrement dangereuse. Ses conséquences sont toutefois dramatiques. L'apnéiste effectue se reprise respiratoire alors que les voies aériennes se trouvent immergées, et c'est la noyade.

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L’apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

Causes

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L’apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

Symptômes

L'apnéiste n'est pas lui-même capable de s'apercevoir qu'il va perdre connaissance. Mais son coéquipier dispose de plusieurs signes annonciateurs :

- expiration d'air sous l'eau, qui se manifeste par la présence de bulles [...] ;

- en apnée dynamique ou en poids constant, accélération vers la fin qui laisse à penser que l'apnéiste force probablement son apnée ;

- en apnée dynamique, changements de trajectoires, début de zig-zags, etc.

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L’apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

Prévention

Il ne faut jamais faire d'hyperventilation. L'apnéiste doit toujours évoluer en binôme, et son binôme doit toujours pouvoir le voir et être capable, physiquement et techniquement, d'aller le chercher en cas de problème. Quant au lestage, il convient de le calculer de façon à avoir une flottabilité légèrement positive en surface.

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L’apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

Conduite à tenir

Si l'apnéiste est en PC, il faut le remonter immédiatement. Une fois à la surface, le masque sera ôté, et une insufflation d'air dans les narines sera effectuée. La reprise de conscience sera quasi immédiate. La surveillance de l'état de conscience, durant tout le trajet jusqu'au bateau, sera naturellement nécessaire.

Bernier, F. et Lemaître, F. Physiopathologie de la plongée en apnée. Dans Lemaître, F. (2015). L’apnée : de la théorie à la pratique. Presses universitaires de Rouen et du Havre

Syncope modérée : l’apnéiste reprend conscience après sa syncope Syncope sévère : l’apnéiste ne reprend pas conscience mais ventile Syncope très sévère : l’apnéiste ne reprend pas conscience et ne ventile pas

Mise en position de confort + sous O2 15l/min pendant 10 minutes + protocole S.Y.N.C.O.P.E + surveillance pendant une heure

Mise en PLS + sous O2 15l/min + surveillance ventilation et pouls + appel du 15 ou 18

Victime placée sur le dos, voies aériennes libérées, deux insufflations.

S'il y a un pouls carotidien, poursuivre la ventilation seule et surveiller le pouls.

Si le pouls carotidien est absent, débuter la réanimation cardio-pulmonaire (R.C.P.) : massage cardiaque externe, insufflations au B.A.V.U. avec oxygène et ballon réservoir. 90 massages par minute, 30 massages pour 2 insufflations.

Appel du 15 ou 18

À la troisième syncope, un nouveau certificat médical d’absence de contre-indication, établi par un médecin du sport / fédéral ou hyperbare est requis.

Un nouveau certificat médical d’absence de contre-indication, établi par un médecin du sport / fédéral ou hyperbare est requis.

Le protocole S.Y.N.C.O.P.E

  1. Sensibilité : vérifier sensibilité bras / jambe / visage [ oui | non ]
  2. Yeux : faire suivre avec les yeux un doigt qui se déplace sur une ligne horizontale [ oui | non ]
  3. Neuromotricité : évaluer la force des membres supérieurs et inférieurs contre résistance [ oui | non ]
  4. Cognition : faire répéter, à trois minutes d'intervalle, trois mots simples (pomme, maison, voiture) [ oui | non ]
  5. Orientation : poser les questions : Qui es-tu ? Où es-tu ? Quel jour sommes-nous ? Que faisais-tu ? [ oui | non ]
  6. Proprioception : faire poser un index sur le nez, l'autre bras tendu à l'horizontal [ oui | non ]
  7. Équilibre : demander à l'apnéiste de se tenir droit, pieds joints, yeux fermés, bras tendus [ oui | non ]

D'après une proposition d'Éric de Grossouvre (2025) et le Guide Pédagogique de formation RIFA Apnée version 12/2021 accessible à l'adresse https://apnee.ffessm.fr/uploads/media/default/0001/08/66789c2db4fd55e705f63963b3771b5a7d7b445e.pdf.

L'Oedème pulmonaire d'immersion

L'œdème pulmonaire (accumulation de liquide dans les poumons) dit "œdème pulmonaire d'immersion (OPI)" ou "œdème aigu pulmonaire (OAP)" constitue une pathologie relativement nouvelle puisque décrite pour la première fois dans les années 1980. Par le passé, l'OPI a probablement été confondu avec la surpression pulmonaire. Souvent bénin, parfois récidivant, il peut être mortel.

La surpression pulmonaire est due au passage d'air dans le sang. L'OPI est dû au passage de sang (liquides) dans les alvéoles pulmonaires. [Les OPI représenteraient 10 à 15 % des accidents graves contre 1 à 2 % pour les surpressions pulmonaires: Dr J.-L. Méliet coordinateur, Recommandations de bonne pratique - Prise en charge en santé au travail des salariés intervenant en conditions hyperbares, MedSuhHyp et SFMT, 2015, p. 30.]

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Causes

La plongée entraîne divers phénomènes vasoconstricteurs provoquant une redistribution des masses sanguines vers le thorax: blood-shift et froid en particulier. Cela peut conduire à une plus ou moins grande augmentation de la pression capillaire pulmonaire, au risque de provoquer le passage de liquide (sang) dans les alvéoles, en cas de "défaillance de la barrière alvéolo-capillaire". Avoir une pression intra-thoracique moyenne inférieure à celle de l'air à la bouche pourrait favoriser cette défaillance: plongeur en bouteille qui se met sur le dos ou recycleur avec sac respiratoire sur le dos, plongeur allongé regardant le sol. Le stress, l'effort physique peuvent augmenter de façon importante la pression capillaire pulmonaire et favoriser également cette défaillance.

Une tension artérielle élevée, une anomalie cardiaque même légère, l'âge, l'eau froide, l'effort ou encore le stress constituent des facteurs favorisants.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Symptômes

L'OPI survient dans l'eau, généralement au fond avec aggravation à la remontée. Des signes tels que de la toux en immersion et une sensation d'étouffement doivent immédiatement alerter le plongeur. A la sortie de l'eau, des crachats sanguinolents peuvent être constatés, de même qu'une détresse respiratoire voire un malaise. Les signes cliniques sont similaires à ceux d'une surpression pulmonaire mais sans signes neurologiques.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Prévention

A ce stade des connaissances des facteurs de risque, il est difficile de proposer des recommandations aux plongeurs. La meilleure des préventions semble être d'ordre médical, lors de la visite préventive, avec la détection des profils à risque.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Conduite à tenir

• Sortir de l'eau le plus rapidement possible.

• Mettre la victime à l'abri et lui retirer sa combinaison pour favoriser la ventilation et améliorer les flux sanguins.

• Mettre la victime sous oxygène (15 l/min, masque à haute concentration), la mettre à l'abri du froid et des chocs, la rassurer.

• Lancer la procédure d'alerte : CROSS en mer ou depuis le littoral: VHF canal 16, VHF-ASN canal 70, 196 au téléphone; SAMU: téléphone 15 dans les autres cas.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Le protocole P.E.C.C.A.

  1. Poitrine : L'apnéiste ressent une douleur ou une gêne dans la poitrine ou ailleurs [ oui | non ]
  2. Essoufflement : L'apnéiste est essoufflé (plus de 20 ventilations par minute) [ oui | non ]
  3. Crépitement : En fin d'expiration, on entend un crépitement [ oui | non ]
  4. Conscience : L'apnéiste manifeste des troubles de la conscience [ oui | non ]
  5. Anormal : Le comportement de l'apnéiste est anormal [ oui | non ]
Toutes les réponses sont négatives Une réponse est positive

Fin de la séance d'apnée et sortie de l'eau.

Fin de la séance d'apnée et sortie de l'eau.

Mise sous O2 + appel du 15 ou 18

S'il n’y a pas de baisse de performance lors d'une séance de sport terrestre, l’apnéiste peut reprendre une activité aquatique dans un espace protégé (piscine, milieu naturel proche du bord…) à moins de 5 mètres de profondeur.

S'il n’y a pas de baisse de performance lors d'une séance de sport terrestre, après avis d’un médecin compétent dans la ou les pratiques sportives subaquatiques concernées, l’apnéiste peut reprendre une activité aquatique dans un espace protégé (piscine, milieu naturel proche du bord…) à moins de 5 mètres de profondeur.

En cas de manifestation anormale d’effort, consulter son médecin de plongée.

L’accès à une profondeur au-delà de 5 m et jusqu’à 15 doit rester très progressif et sans efforts (pas de Valsalva brutal à la descente, pas de demi-tour brutal, …)

Pour la reprise de l’apnée en profondeur (> 15 mètres) ou la participation à une compétition d’apnée : un nouveau certificat médical d’absence de contre-indication, établi par un médecin du sport / fédéral ou hyperbare est requis.

D'après le document Accident respiratoire d’apnée en eau libre lors de séances de travail ou recherche de profondeur, en apnée, CMPN – octobre 2023, disponible à https://medical.ffessm.fr/uploads/media/default/0001/10/ccd3b3bf01ea5877afcf2db3233002169998f545.pdf.

Les oreilles

Siège de l'audition et de l'équilibre, fragiles, extrêmement sollicitées en plongée, les oreilles méritent toute notre attention. Mieux en comprendre le fonctionnement permet d'adapter son comportement en tant que guide de palanquée, dans le souci permanent de la prévention des risques.

Une oreille se compose de trois grandes parties:

• L'oreille externe avec le pavillon et le conduit auditif qui mène à la paroi extérieure du tympan. Ce conduit est en communication avec le milieu ambiant: air en surface, eau en immersion.

• L'oreille moyenne, ou caisse tympanique, est délimitée par la paroi interne du tympan et par la fenêtre ovale. Elle contient trois osselets (marteau, enclume, étrier) maintenus par des ligaments. Elle communique avec le pharynx (arrière-nez) par l'intermédiaire de la trompe d'Eustache, conduit généralement fermé qui s'ouvre spontanément toutes les 2 ou 3 minutes et lors de la déglutition, en faisant intervenir les muscles péristaphylins.

Le rôle essentiel de ce canal de communication est d'assurer la ventilation et l'équilibre des pressions dans l'oreille moyenne. L'étrier, solidaire de la fenêtre ovale, met en communication l'oreille moyenne et l'oreille interne.

• L'oreille interne est un labyrinthe empli de liquide. Elle contient : - la cochlée (avec la fenêtre ovale et la fenêtre ronde), organe de l'audition d'où part le nerf cochléaire ; - le vestibule et les canaux semi-circulaires, organes jouant un rôle dans l'équilibre, d'où part le nerf vestibulaire.

La réunion du nerf cochléaire et du nerf vestibulaire constitue le nerf auditif.

A 80%, les accidents ou incidents de plongée concernent les oreilles.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Les otites

L'otite barotraumatique

A la descente, si l'équilibre des pressions ne s'effectue pas dans l'oreille moyenne, la dépression créée déforme le tympan qui se tend à l'extrême et se congestionne. Cette congestion peut gagner la trompe d'Eustache et réduire sa perméabilité, rendant encore plus difficiles les manœuvres d'équipression. Ce cercle vicieux ne fait qu'aggraver l'otite.

Une otite barotraumatique peut aboutir à une perforation du tympan. Le plongeur ressent généralement une forte douleur, accompagnée parfois de saignements et d'acouphènes (bourdonnements, sifflements...). Certains cas présentent aussi une surdité temporaire, voire des vertiges. La cicatrisation demande plusieurs semaines.

Le "coup de piston" de l'étrier dans la fenêtre ovale provoque une brusque augmentation de pression dans le milieu liquidien

Il peut résulter : d'un équilibrage brutal à la descente, par exemple du fait d'un Valsalva tardif et donc violent ; d'une erreur de procédure à la remontée en effectuant un Valsalva plutôt qu'une manœuvre de Toynbee ou une simple déglutition.

Le mécanisme est simple à comprendre.

1) à la descente une dépression apparaît dans l'oreille moyenne faisant, en particulier, s'incurver le tympan; 2) plus la manœuvre d'équilibrage est tardive, plus elle risque d'être violente et non contrôlée, provoquant une arrivée d'air massive et brutale; 3) le retour brutal du tympan à sa position d'équilibre provoque une réaction en chaîne sur les osselets solidaires entre eux (marteau-enclume-étrier) pouvant conduire à la rupture de la fenêtre ovale avec atteinte de la cochlée voire même de la fenêtre ronde.

L'oreille interne peut ainsi être endommagée avec une perte d'audition et/ou des troubles de l'équilibre, temporaires ou définitifs.

La prévention est évidente : équilibrer régulièrement au cours de la descente par une manœuvre douce et anticipée ; ne jamais faire de Valsalva à la remontée non seulement pour éviter ce type de barotraumatisme

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

L'otite infectieuse

Les eaux chaudes sont favorables au développement de la flore microbienne. Celle-ci peut être responsable d'une inflammation du conduit auditif externe. Il est conseillé de rincer ses oreilles avec de l'eau douce et tiède après chaque plongée, et de bien les sécher en évitant d'utiliser du coton. Avant la plongée, cela peut être complété par l'application d'huile d'amande douce dans le conduit auditif, afin de le protéger du milieu extérieur.

En cas d'otite légèrement douloureuse, il est formellement déconseillé d'utiliser des médicaments contenant un anesthésiant si l'on continue à plonger: en ne ressentant plus de douleur, on peut en arriver à perforer un tympan par une manœuvre d'équilibrage brusque et/ou tardive. De même, si une otite persiste, il faut consulter sans tarder un médecin. Une infection peut aggraver l'otite et conduire là aussi à une perforation du tympan.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

Le vertige alterno-barique

Ce phénomène, souvent bénin, se produit généralement lors de la remontée. Assez fréquent (10 % des plongeurs), il est dû à un manque de perméabilité de l'une des deux trompes d'Eustache, ce qui retarde l'équilibre des pressions dans l'une des deux oreilles moyennes. Les informations transmises aux organes de l'équilibre (vestibule) n'étant pas symétriques, il en résulte un vertige bref et fugace avec désorientation. La conduite à tenir consiste à déglutir, sans jamais faire de Valsalva.

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

L'accident de désaturation

Lors de la phase de désaturation, une bulle d'azote peut se trouver coincée dans l'artère terminale d'une des deux oreilles. Une bulle peut également apparaître dans les liquides de l'oreille interne.

Dans les deux cas, un accident de désaturation peut se déclarer, avec troubles de l'équilibre, vertiges, nausées et vomissements. Ces symptômes sont parfois accompagnés d'une perte d'audition et de bourdonnements. Ils peuvent survenir dans l'eau ou dans les heures qui suivent une plongée. La prévention passe par le respect des procédures de désaturation - en évitant toute mise en surpression du thorax comme celle créée par un Valsalva ou un effort à la remontée - et la prise en compte d'éventuels facteurs favorisants

Forest, A. (2020). Plongée Plaisir niveau 4.

L'hypothermie

C'est une expérience courante en entrant dans l'eau - piscine, lac ou mer d'avoir une sensation de froid. La raison en est que la chaleur corporelle est dispersée 20 fois plus rapidement dans l'eau que dans l'air.

Malgré cela, il ne faut que quelques minutes à l'organisme pour s'adapter. Une restriction des vaisseaux sanguins périphériques réduit le flux sanguin et ralentit la dispersion de la chaleur corporelle ; cette condition favorise le maintien d'une température corporelle constante d'environ 36°, ce qui est nécessaire aux fonctions vitales.

Cependant si le corps reste assez longtemps dans l'eau alors la dispersion de la chaleur sera telle que l'organisme réagira en contractant des muscles (frissons) pour tenter de produire de la chaleur ; cependant ce mécanisme nécessite de l'énergie qui sera épuisée en peu de temps. Ainsi, si le corps diffuse de la chaleur pendant une longue période, la température corporelle continuera à baisser et les frissons deviendront plus intenses et prolongés ; dans cette condition, les mains et les pieds deviennent engourdis, exposant à d'autres accidents.

Si la température corporelle descend en dessous de 35°, une hypothermie se produit, à 32° la capacité de raisonnement est altérée, et en dessous de 32° il y a une menace immédiate pour la vie.

Umberto Pelizzari et Stefano Tovaglieri, Manual of freediving, éd. Idelson-Gnocchi Ltd., 2004.

[L'hypothermie] est définie par une température centrale inférieure à 35 °C. En dessous de cette température, les muscles s'affaiblissent et les mouvements volontaires et les frissons se réduisent. Avec la perte de ces mécanismes générateurs de chaleur, la température centrale peut commencer à baisser assez rapidement.

Lorsque la température centrale chute à 34 °C, une confusion mentale apparaît, avec peu après une perte de conscience. Lorsque la température chute en dessous de 28 °C, des modifications cardiovasculaires graves peuvent survenir, notamment une chute de la fréquence cardiaque et des arythmies entraînant une fibrillation ventriculaire qui est peut-être fatale. Cependant, il est possible de se remettre complètement d'une hypothermie même extrême, à condition que le sujet soit réchauffé lentement, de préférence "de l'intérieur". En effet, la diminution de la température des tissus corporels, en particulier du cerveau, réduit considérable­ment leurs besoins métaboliques et leur permet de supporter une forte restriction de l'apport sanguin. Dans de tels cas, il est important de ne pas interrompre prématurément les efforts de réanimation du sujet.

Il est déconseillé de réchauffer la surface d'un individu hypotherme trop rapidement, c'est-à-dire par des couvertures chaudes ou des frottements vigoureux, car l'augmentation du flux sanguin vers la périphérie peut compromettre le flux sanguin vers les organes vitaux et entraîner d'autres problèmes. Parmi les mesures simples pouvant être utilisées pour réchauffer une personne hypotherme, citons le fait de la recouvrir de couches de couvertures sèches et, si elle est vigile, de lui donner des boissons chaudes sans alcool.

Pocock, G., Richards, C. D., & Richards, D. A. (2018). Physiologie humaine et physiopathologie. Oxford University Press. Elsevier Masson.

La déshydratation

En l’absence de noyade, si la victime est consciente et en l’absence de vomissements. La réhydratation orale est conduite selon la sensation de soif du patient avec de l’eau plate (sur la base d’un litre en une heure).

Guide Pédagogique de formation RIFA Apnée version 12/2021 accessible à l'adresse https://apnee.ffessm.fr/uploads/media/default/0001/08/66789c2db4fd55e705f63963b3771b5a7d7b445e.pdf.

L'alimentation et l'hydratation

L'hypoglycémie

La déshydratation

En immersion, un volume sanguin notable est déplacé vers des vaisseaux qui peuvent l'accueillir dans l'abdomen et le thorax : veines abdominales, circulation pulmonaire, cavités cardiaques. La redistribution du volume sanguin (largement vers le thorax) peut atteindre 0,7l.

Le remplissage cardiaque entraîne, surtout chez les sujets jeunes, une diminution de fréquence cardiaque : bradycardie réflexe.

La redistribution immédiate de volume sanguin lors de l'immersion résulte d'une diminution de capacité des vaisseaux. L'entrée lente mais continue d'eau interstitielle das les vaisseaux tend, elle, à créer une augmentation du volume de plasma.

En réponse à ces deux actions, les mécanismes régulateurs du volume plasmatique augmentent la production d'urine. Le début urinaire passe ainsi de 1ml/min à terre à 6ml/min dans l'eau après 2h d'immersion immobile. On parle de diurèse d'immersion.

En plongée, avec activité physique, ce débit est en moyenne de 4ml/min. La perte de masse d'eau de l'organisme est ainsi de l'ordre de 250ml pour une heure d'immersion.

Toute immersion produisant une déshydratation, il est important en étant normalement hydraté et de se réhydrater après la plongée. L'eau est la seule boisson conseillée. Pour laisser à notre organisme le temps de l'assimiler, il est conseillé de boire par petites prises régulières de 0,3 à 0,5 litre d'eau par heure d'immersion.

L'hypothermie

Les malaises respiratoires

La Perte de contrôle moteur

La "samba" serait due à une hypoxie sévère, qui se prolongerait quelques secondes après la reprise ventilatoire. Elle constituerait l'étape ultime avant la syncope.

Mécanisme

La "samba" est une perte de contrôle moteur (le sujet ne sait plus ce qu'il fait) sans perte de connaissance. Lorsqu'elle se produit, c'est en surface, sans signes avant-coureurs, dans les 20 à 30 secondes qui suivent la sortie d'apnée, lors de la reprise ventilatoire. Elle se caractérise par des gesticulations incontrôlées et désordonnées, avec un mouvement saccadé de la tête, rappelant celui de la célèbre danse.

Conduite à tenir

Le retour à la normale est quasi immédiat, à la condition que l'apnéiste soit assisté afin de prévenir le risque de noyade : éviter qu'il ne coule ; maintenir les voies aériennes hors de l'eau ; retirer le masque pour favoriser une bonne ventilation ; stimuler la victime par le contact physique et la parole. Conseils à suivre à la suite d'une "samba"/syncope : mettre fin à la séance ; repos ; hydratation ; si nécessaire, préparer une mise sous oxygène.

Prévention

Pas d'apnée SEUL sans surveillance. Avant une apnée, toujours vérifier que la SÉCURITÉ est en place, prête à fonctionner. ANNONCEZ ce que vous comptez faire et faites ce que vous avez annoncé. "Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis." Ne pas pousser ses apnées à la LIMITE. Se connaître et savoir ÉCOUTER son corps, travailler aux sensations plutôt qu'à la montre. Éviter l'HYPERVENTILATION en se méfiant de ces trois facteurs : amplitude, fréquence et temps de ventilation. (SAHEL)

La syncope hypoxique

La syncope est la conséquence d'un manque d'oxygène : en danger, le système nerveux central se met en veille.

Mécanisme

La syncope en apnée est une perte de connaissance brutale, temporaire et réversible due à une diminution excessive des réserves d'oxygène. Elle est également nommée syncope hypoxique ou syncope anoxique. Elle peut conduire à la noyade si l'apnéiste est encore dans l'eau lors de la reprise du réflexe ventilatoire.

La syncope apparaît généralement en fin d'apnée, à l'approche de la surface, voire même juste après qu'elle ait été atteinte.

Symptômes

Des signes peuvent précéder la syncope :

Sur soi Sur autrui

Sensation de bien-être inhabituel ; lourdeur et chaleur dans les muscles des cuisses ; picotements aux extrémités ; vertiges ; troubles visuels ; tremblements ; désorientation ; etc.

Au fond : accélération du rythme de nage en fin d'apnée ; tête tendue vers le mur ; lâcher de bulles ; absence de mouvements ; etc.

En surface : regard vide ; coloration du visage anormale ; pas de reprise de ventilation.

Mais la syncope peut aussi n'être annoncée par aucun signe.

Conduite à tenir

La personne qui assure la sécurité en surface doit descendre le plus rapidement possible pour porter assistance à la victime et la remonter. Dès l'arrivée en surface, il faut lui maintenir les voies aériennes hors de l'eau et avertir les secours par le signe de détresse. À ce stade, qui dure rarement plus de 30 secondes, il est conseillé de favoriser le retour à la conscience en le stimulant par la voix, en le secouant, voire même en lui administrant une ou deux "gifles" légères.

Prévention

Pas d'apnée seul sans surveillance. Avant une apnée, toujours vérifier que la sécurité est en place, prête à fonctionner. Annoncer ce que vous comptez faire et faire ce que vous avez annoncé. "Je dis ce que je fais, je fais ce que je dis." Ne pas pousser ses apnées à la limite. Se connaître et savoir écouter son corps, travailler aux sensations plutôt qu'à la montre. Éviter l'hyperventilation en se méfiant de ces trois facteurs : amplitude, fréquence et temps de ventilation.

Autres malaises

Malaise Cause Symptômes Prévention
Essoufflement (hypercapnie)

Après un épisode de palmage intense ou au cours d'apnées répétitives rapprochées, sans récupération suffisante, PaCO2 peut atteindre 50 à 70 mm Hg, zone de narcose au gaz carbonique

Anxiété, essoufflement, augmentation du rythme respiratoire, qui devient anarchique, confusion gestuelle, maux de tête, nausée.

Prendre le temps de bien récupérer

Syncope sino-carotidienne

Changement de position de la tête et hyper-extension.

Perte de connaissance

Ne pas lever la tête.

Syncope vaso-vagale

Suite à une douleur vive, une émotion violente, chute de la tension artérielle et bradycardie qui entraînent une chute du débit sanguin cérébral

Sensation de tête vide, sueurs, nausées, vertiges, palpitations, vue brouillée, acouphènes, jambes en coton

Syncope d'origine cardiaque

Les syncopes d'origine cardiaque peuvent résulter d'une extrême bradycardie, de troubles de conductions ou de troubles du rythme

Perte de connaissance voire mort.

Réaliser un ECG de repos pouvant mettre en évidence une atteinte myocardique préexistante.

Les barotraumatismes

Causes Symptômes Conduite à tenir Prévention
Les sinus

Les difficultés/impossibilités d'équilibrage créent une différence de pression entre les sinus et les fosses nasales.

Douleur aiguë d'intensité croissante ; saignements de nez possibles

À la descente, stopper et le signaler à l'apnéiste de sécurité ; à la remontée, ralentir et signaler. Si saignement de nez, arrêt d'activité + consultation médicale.

Pas de mise à l'eau en cas de rhume, de congestion ou de crise allergique. Se moucher régulièrement (évacuer les mucosités). Pas de décongestionnant nasal avant la plongée (effet rebond)

Les dents

Compression ou dilatation de petites bulles d'air logées dans une cavité de la dent (carie, plombage, pansement, prothèse)

Douleur pouvant être très vive (jusqu'à la syncope !)

Arrêt d'activité + consultation dentiste

Consulter régulièrement un dentiste. Hygiène dentaire quotidienne

Le masque

A la descente, lorsque le masque a atteint sa limite de déformation, il se produit un effet ventouse entraînant des lésions nasales et/ou oculaires

Apparition de petites hémorragies nasale et/ou oculaire (paupière, conjonctive). Saignement de nez

Arrêt d'activité + consultation médicale

Pas d'apnée en profondeur avec des lunettes. Privilégier un masque à faible volume pour la profondeur. Compenser par le nez dans le masque régulièrement à la descente. Attention en gueuse à la vitesse de descente.

L'oreille moyenne

Déséquilibre de pression entre l'oreille moyenne et le milieu ambiant (le plus souvent à la descente)

Douleur d'intensité croissante pouvant aller jusqu'à une rupture du tympan (saignement possible, désorientation..)

A la descente, interrompre et signaler à l'apnéiste de sécurité. A la remontée, ralentir et faire la manœuvre de Toynbee (Valsalva inversé) et signaler à l'apnéiste de sécurité.

Arrêt d'activité + consultation médicale si la douleur persiste

Pas de mise à l'eau en cas de rhume ou de congestion, pas de produit décongestionnant. Se moucher régulièrement et s'hydrater. Maîtrise des techniques de compensation. Jamais de compensation à la remontée

L'oreille interne

Surpression brutale au niveau de l'oreille moyenne (Valsalva forcée à la descente, Valsalva à la remontée, saut dans l'eau, effet de ventouse de la cagoule...)

Les symptômes ne sont pas toujours bien marqués (baisse auditive, acouphènes, vertiges, nausées, impression de liquide dans l'oreille...). Certains symptômes peuvent être confondus avec ceux d'un ADD (taravana), les circonstances de l'accident peuvent orienter le diagnostic.

A la descente, interrompre et signaler à l'apnéiste de sécurité. En surface, arrêt d'activité, rester avec la victime. Au sec, poser des questions pour évaluer le type de lésion. Contacter les secours pour un avis médical.

Pas de mise à l'eau en cas de rhume ou de congestion, pas de produit décongestionnant. Se moucher régulièrement et s'hydrater. Maîtrise des techniques de compensation. Jamais de compensation à la remontée

Le vertige alterno-barique

Différence de pression entre les deux oreilles internes, perturbant les organes liés à l'équilibre (vestibules) liée à un manque de perméabilité d'une trompe d'eustache.

Le plus souvent bref et fugace et disparaît dés le retour à l'équilibre des pressions entre les oreilles moyennes, survient le plus souvent à la remontée. si le vertige venait à persister, il faudrait suspecter une atteinte de l'oreille interne.

A la descente, s'arrêter et remonter, signaler à l'apnéiste de sécurité. A la remontée, déglutir (pas de Valsalva), et signaler à l'apnéiste de sécurité.

Éviter les figures acrobatiques (virage en profondeur sans faire de tonneaux).

L'oedème pulmonaired d'immersion

Hémorragie intra-alvéolaire résultant d'une altération ou d'une rupture de de la paroi alvéolo-capillaire (ou barrière alvéolo-capillaire). Facteurs possibles : mise en pression trop rapide (descente poumon vide) ; mouvements thoraciques au fond (virage, se haler...) ; fluidité élevée du sang (prise d'aspirine préalable) ; froid, stress, déshydratation.

Toux, toux accompagnée de rejet de sang (hémoptysie). Difficultés respiratoires (dyspnée). Douleur ou oppression thoracique. Faiblesse généralisée ou confusion

Sortir de l'eau. Si besoin, mise sous oxygène. consulter le + rapidement.

Travailler l'assouplissement de la cage thoracique, le relâchement. Attention aux efforts thoraciques en profondeurs (virage, brasse, halage...).

La surpression pulmonaire

Respirer de l'air sur un détendeur en profondeur et remonte en apnée sans expirer

Variables suivant l'atteinte : état de choc (pouls rapide, pâleur, teint violacé, extrémité refroidies), atteinte pulmonaire (douleur thoracique, toux, crachats sanglants, voie rauque) voire signes d'atteinte neurologique (convulsions, troubles de la parole, maux de tête, vomissement, paralysie, engourdissements, inconscience).

Alerter et pratiquer les premiers secours, si accidenté conscient : le mettre en position semi assise avec jambes relevées (O2 à 9l/min), surveillance attentive des fonctions vitales.

Ne JAMAIS accepter d'air d'un plongeur.

Le taravana

Libération de bulles gazeuses dans le sang : après des plongées répétitives (même à des profondeurs de 20 mètres), ou pour une plongée en apnée à très grande profondeur.

Vertiges, troubles visuels, nausées, angoisse, perte de sensations ou de connaissance

Respecter une vitesse de remontée modérée

Limiter le nombre de descente en profondeur ; ne jamais faire des plongées profondes en apnée à la suite d'une plongée avec bouteille au cours d'une même journée

La noyade

La noyade est la conséquence de la pénétration de liquide dans les voies aériennes empêchant les échanges gazeux. Elle peut être due à un problème physique (manque d'entraînement, malaise, etc.), à une défaillance ou à une mauvaise connaissance du matériel, à une réaction inadaptée, à une situation accidentelle (bloqué au fond dans une épave, etc.).

Stades Conscience Respiration Circulation
AQUASTRESS : C’est la « tasse ». L’eau n’a pénétré que dans les voies aériennes supérieures. Le sujet est angoissé, épuisé et a froid. + + +
Petite Hypoxique : Inhalation d’une faible quantité de liquide dans les poumons. Des troubles de la respiration apparaissent + +/- +
Grande Hypoxique : La quantité d’eau dans les poumons est plus importante (œdème du poumon). Les troubles de la respiration sont importants). +/- +/- +
Grande anoxique : Les troubles de la respiration sont très importants et l’arrêt cardiaque est imminent - - -

Le RIFA

RIFA : Réaction Intervention Face à un Accident

Avant toute chose, sur un site, repérer

Dans tous les cas, on appelle les secours :

La victime est consciente

1. Mettre en sécurité

La victime doit se mettre dans la position qu'elle souhaite :

Il faut sécher et couvrir la victime.

2. Questionner

Toutes ces questions doivent servir à remplir une fiche d'évacuation, telle que définie dans l'annexe III - 19 de l'article A. 322-78 du code du sport.

3. Proposer eau et aspirine

4. Appeler les secours

Quand on appelle, on indique

On ne raccroche pas avant d'en avoir reçu l'indication.

La victime, inconsciente, ventile

1. Vérifier l'état de conscience

En prenant la main de la victime, et en lui demandant de serrer si elle entend.

2. Dégager la victime

Défaire col/cravate/ceinture. Pour un plongeur, enlever la combinaison, le lest, le masque.

3. Vérifier la ventilation

On se penche sur le visage, et on regarde le mouvement du thorax, en comptant jusqu'à 10.

4. Mettre en sécurité

On met la victime en Position Latérale de Sécurité (PLS) afin qu'elle ne s'étouffe pas.

Il faut sécher et couvrir la victime.

5. Mettre la victime sous oxygène

Le protocole pour les plongeurs est de 15 litres/minute. On utilise un masque à haute concentration.

6. Appeler les secours

7. Rester attentif à l'état de la victime

On reprend les constantes régulièrement.

La victime ne ventile plus

Dès l'arrêt respiratoire confirmé, il faut débuter la Réanimation Cardiopulmonaire (RCP).

1. Réaliser 30 compressions thoraciques

La victime est à plat sur un sol dur, sur le dos, poitrine nue.

Les compressions se font sur le sternum, sous le sein gauche.

Les compressions doivent être au rythme de 100-120 compressions/minute.

2. Réaliser 2 insufflations

Il faut

Si la poitrine ne se soulève pas, il faut vérifier l'absence de corps étranger et le retirer avec les doigts si besoin.

Sur un site de plongée, l'oxygène est obligatoire à partir de 6 mètres.

En cas d'arrêt respiratoire, on insuffle de l'oxygène avec un BAVU (Ballon à Valve Unidirectionnel).

3. Reprendre le cycle 30/2

Jusqu'à ce qu'un médecin arrive et prenne le relais, le cycle doit continuer.

4. Mettre en marche le défibrillateur

La victime doit être sèche.