Down by law

Jack, un proxénète, et Zack, un animateur radio au chômage, partagent la même cellule dans une prison de la Nouvelle Orléans, en Louisiane. Ils sont rejoints par Bob, un italien qui parle à peine anglais, amateur de cinéma et de poètes américains.

Bob : Je pense... Euh... Je pense un film que j'ai vu en Italie... Un film américain, très bon, beaucoup d'action. C'était... Euh... Un film de prison... Quand... Euh... Avec... Quand... Euh... Comment vous dites en anglais... Quand l'homme sort de prison... Quand il s'enfuit...

Jack : S'évade.

Bob : Quoi ?

Jack : S'évade.

Bob : S'évade. S'évade. Oui. S'évade. Aujourd'hui, dans le jardin, j'ai trouvé un moyen.

Avant la séance

L'oeuvre de Jim Jarmush

Qu'est-ce que ces affiches vous suggèrent sur l'oeuvre de Jim Jarmush ? Quels genres de films, quels types de personnages, quels acteurs ?

Le choix du noir et blanc

Le directeur de la photographie du film, Robert Müller, explique dans une interview donnée en 2009 au sujet de Down by law : "La couleur donne une information superflue, qui n'est pas utile pour raconter l'histoire. Au début [d'un projet], il faut se demander : Pourquoi la couleur ? [...] Beaucoup de plans auraient nui au film s'ils avaient été en couleur, parce que les gens auraient regardé les détails, le décor [...]. Quand on n'a pas besoin de la couleur, il faut s'en passer." (Robert Müller sur Youtube).

Comparez les images suivantes. Lesquelles vous paraissent les plus intéressantes. Pourquoi ?

Un début énigmatique (du début à 4'30) (étude d'une séquence)

1. Qu'y a-t-il d'énigmatique dans ce début de film ?

2. Quels effets de symétrie pouvez-vous relever ?

3. "C'est un monde triste et beau" dira l'un des personnages du film. Le début du film correspond-il à cette affirmation ?

Après la séance

Le comique

"Jarmusch a quelque chose d'un chimiste amateur - il s'amuse à réunir différents ingrédients dans une éprouvette et à voir comment ils vont réagir" (Luc Sante, Down by Law: Chemistry Set, 2012).

Quelles sont les sources du comique dans le film ?

La cabane dans le Bayou (70'44-76'02) (étude d'une séquence)

En Louisiane, un bayou est une étendue d'eau formée par les anciens bras et méandres du Mississippi. Par extension, on appelle le Bayou la grande région marécageuse du sud de la Louisiane.

1. Comment l'arrivée à la cabane est-elle filmée ?

2. Qu'est-ce qui rend l'intérieur de cette cabane étrange ? Pourquoi Jack dit-il en entrant : "Ça a l'air un peu trop familier" ?

3. Bob déclare : "Je veux aller vers l'ouest, au Texas. Un pays très étrange. J'ai vu dans beaucoup de beaux films."

3. Bob fait référence à un célèbre poème de Robert Frost, The Road not taken (1916) :

Two roads diverged in a yellow wood,

And sorry I could not travel both...

(Deux chemins se séparaient dans une forêt dorée

Et je regrettais de ne pouvoir les parcourir tous deux...)

En quoi le chemin pris par Jarmusch pour faire du cinéma est-il singulier ? Qu'est-ce qui, dans cette scène, vous paraît différent des films que vous pouvez voir d'habitude ?

À la croisée des genres

Un "film de prison" ?

1. Quels clichés du film de prison retrouve-t-on dans Down by law ?

2. Comment l'évasion est-elle racontée ?

Un Buddy movie ?

Le buddy movie ou le film de potes est un genre cinématographique qui consiste à placer dans l'intrigue principale d'un film deux personnages (parfois plus) très différents, voire aux antipodes l'un de l'autre.

1. Mentionnez quelques exemples de buddy movie.

2. Ici, a-t-on affaire à un film de ce genre ?

"Un conte de fées" ?

Dans l'interview qu'il donne au sujet de ce film, Robert Müller explique que Jarmusch ne lui a donné qu'une seule indication sur son projet de film : "It's just a fairy tale" (Robert Müller sur Youtube). De quel conte de fées rapprocheriez-vous ce film ?

Éclairages et éléments de réponse

Biographie de Jim Jarmusch

Jim Jarmusch naît en 1953 à Akron, près de Cleveland. Son père est cadre chez Goodyear, sa mère critique de cinéma dans un journal local. Encouragé par sa grand-mère à cultiver sa passion pour la poésie, il s'inscrit en 1971 à Columbia University, où il obtient un diplôme en Anglais et Littérature américaine. Deux films en noir-et-blanc et avec Robert Mitchum lui font forte impression : La Nuit du chasseur (1955), de Charles Laughton, et le thriller Thunder Road (1958), d'Arthur Ripley. En 1975, au cours d'un séjour à Paris, il fréquente la Cinémathèque française, où il découvre les œuvres qui deviendront ses références : Ozu, Mizoguchi et Imamura, Dreyer, Bresson et Fuller.

De retour à New York, il entre dans la prestigieuse école de cinéma de New York University, où il rencontre Wim Wenders et Nicholas Ray. Le premier l'engage comme assistant de production sur Lightning Over Water, son documentaire sur les dernières années de la vie de Ray. Pendant ses études, Jarmusch satisfait sa passion pour le rock en rejoignant le groupe new wave Del Byzanteens. Encouragé par Ray et le cinéaste indépendant Amos Poe, il utilise l'argent d'une bourse pour financer son film de fin d'études, Permanent Vacation. Diffusé en Europe dans le circuit artistique, le film obtient une réputation underground immédiate. Le style et l'univers de Jarmusch sont posés : l'errance urbaine d'un jeune homme désoeuvré, de longs plans contemplatifs en noir-et-blanc, l'importance de la musique – ici, le jazz mélancolique d'un acteur du film, le new-yorkais John Lurie. En 1981, le producteur de Wenders, impressionné par Permanent Vacation, donne à Jarmusch quarante minutes de pellicule pour réaliser un court-métrage. Filmant chaque scène en un unique plan-séquence, il réussit l'exploit d'obtenir un film de 35 minutes, Stranger than Paradise. Il décide de développer l'histoire pour en faire un long-métrage. En 1983, le court remporte le prix de la critique au festival de Rotterdam ; en 1984, la Caméra d'Or attribuée à Cannes au long fait de Jarmusch la nouvelle star du cinéma indépendant américain. Stranger than Paradise confirme le style élégant et dépouillé et l'ambition avouée de Jarmusch : faire la synthèse du cinéma classique hollywoodien et de la modernité européenne. Du premier, il retient le genre (ici le film noir), les personnages archétypiques ; du second la déconstruction du récit, la durée des plans, la distance contemplative et ironique au récit et à la psychologie. En 1985, Down by Law, épopée absurde de trois taulards en noir-et-blanc, reçoit les honneurs de la compétition cannoise. Jarmusch confirme son goût pour les castings hybrides, entre cinéma et rock : le trio d'acteurs réunit John Lurie, Roberto Benigni et Tom Waits, qui compose la bande originale.

En 1995, Jarmusch trouve un second souffle avec Dead Man, en s'écartant d'une ironie new-yorkaise qui finissait par tourner à vide. En 1999, Ghost Dog, transposition du film de samouraï dans la culture gangsta-rap, confirme ce changement de ton et ce renouveau. Broken Flowers (2005) profite de la popularité de l'acteur Bill Murray et remporte le Grand Prix à Cannes.

Son ami Aki Kaurismaki l'a qualifié de "cinéaste le plus lent du monde". Cette parcimonie s'explique aussi par son obstination à travailler en totale indépendance à l'égard de l'industrie. Jarmusch a toujours refusé les offres d'Hollywood, préférant à d'hypothétiques réussites commerciales la garantie d'un contrôle total sur sa création. Ses premiers succès ont ouvert la voie à de nombreux jeunes cinéastes new-yorkais (Kevin Smith, Spike Lee...) et suscité un renouveau du cinéma indépendant américain. Vingt ans plus tard, tandis que cette catégorie n'est souvent que le sas d'entrée vers les studios hollywoodiens pressés d'en digérer les vagues successives, l'artisan Jarmusch fait davantage figure d'exception que de modèle.

Cyril Neyrat, dossier pour Dead Man dans le cadre du dispositif Lycéens au cinéma, 2006, (c) CNC.

Casting du film Down by law

ROBERTO BENIGNI (ROBERTO, dit BOB) JOHN LURIE (JACK) TOM WAITS (ZACK)

Né en Toscane en 1952, Roberto Benigni se fait d'abord connaître comme chanteur et musicien.

Sa carrière se développe d'abord au théâtre : théâtre de rue de 1972 à 1975, puis, en 1975, Cioni Mario di Gaspare fu Giulia, spectacle où il incarne un paysan toscan naïf et bavard.

Au cinéma, il est d'abord acteur, puis réalise plusieurs films, dont le célèbre La vie est belle (l'histoire d'une famille juive pendant l'Holocauste), qui remporte plusieurs oscars en 1998.

John Lurie est né en 1952 à Minneapolis dans le Minnesota. Saxophoniste, il fonde avec son frère le groupe de jazz The Lounge Lizards en 1978.

En 1999, John Lurie réalise l'album The Legendary Marvin Pontiac : Greatest Hits. Dans cet album, John Lurie présente l'oeuvre d'un musicien juif et africain, Marvin Pontiac, un personnage fictif de son invention.

John Lurie a écrit, dirigé et interprété la série Fishing with John en 1991 et 1992.

Né en 1949, à Pomona en Californie, Thomas Waits est un chanteur qui se distingue par sa voix rocailleuse, sa forte personnalité et l'humour de ses mises en scène.

Tom Waits a remporté un Grammy Award pour deux de ses albums. Il a également collaboré en tant que compositeur à des musiques de films ou de comédies musicales.

Tom Waits est également acteur. Il a notamment joué dans Dracula de Francis Ford Coppola et Le Livre d'Eli d'Albert et Allen Hughes.

L'oeuvre de Jim Jarmush

Qu'est-ce que ces affiches vous suggèrent sur l'oeuvre de Jim Jarmush ? Quels genres de films, quels types de personnages, quels acteurs ?

Des genres très marqués : westerns, films d'évasion, films de samouraï, films de vampires, films de morts vivants...

Souvent des intrus, des étrangers : des personnages asiatiques dans un décor américain, un noir dans le rôle du samouraï...

Des acteurs récurrents : John Lurie, Tom Waits, Bill Murray, Tilda Swinton, Adam Driver...

Des acteurs qui sont aussi souvent des chanteurs : Tom Waits, John Lurie, Iggy Pop, Selena Gomez, RZA...

Le choix du noir et blanc

Le noir et blanc souligne les contrastes et rend les images moins 'réelles'. Il permet de créer une ambiance mystérieuse, poétique.

Un début énigmatique (du début à 4'30) (étude d'une séquence)

1. Qu'y a-t-il d'énigmatique dans ce début de film ?

Le film débute directement (pré-générique) sans se soucier de donner des indications narratives : une suite de travellings donne l'impression qu'on parcourt une ville du sud des États-Unis.

Il s'agit d'une errance trois fois renouvelée par des allers-retours où les aspects hétéroclites de la ville se marient assez bien avec les éléments hétéroclites de la chanson. Un ensemble géographique disparate qui ancre néanmoins le film en Louisiane. Les plans associés à la bande-son permettent de planter le décor de façon dynamique. L'enchaînement des plans et les variations légères d'angles amplifient l'idée d'espaces disparates mais appartenant à un même univers que la chanson unifie.

Deux personnages apparaissent. Mais aucun lien n'est établi entre eux, et les rares dialogues n'apportent aucun renseignement précis auquel le spectateur pourrait se raccrocher pour construire une histoire. On voit juste que c'est le matin (6h10 sur l'horloge de la chambre de Zack).

2. Quels effets de symétrie pouvez-vous relever ?

Dans l'ordre, l'ouverture nous montre :

- des travellings paysages vers la gauche (9 plans, 1'32) ;

- Jack qui se réveille (3 plans : 0'35)

- des travellings paysages vers la droite (3 plans : 0'35) ;

- Zack qui rentre chez lui (3 plans : 0'44) ;

- des travellings paysage vers la gauche (6 plans : 0' 47).

Le regard commence sur un corbillard et un cimetière et se termine sur des balcons avec un ciel et des nuages...

Quand les deux personnages masculins apparaissent, la musique s'arrête. Quand les deux femmes ouvrent les yeux face caméra, la musique et le mouvement reprennent.

3. "C'est un monde triste et beau" dira l'un des personnages du film. Le début du film correspond-il à cette affirmation ?

La bande-son est constituée par "Jockey full of Bourbon", une chanson extraite de l'album de Tom Waits (Zack), Rain Dogs, sorti en 1985. Le style musical est un mélange de mambo avec des congas et de rock. La chanson raconte l'histoire d'un homme ivre (Jockey désigne un chauffeur de bus ou de taxi en argot) qui a passé une mauvaise soirée ; les paroles suivent un flux d'images plus ou moins sensées.

Le pré-générique propose un univers poétique qui installe le spectateur dans une ambiance particulière plus que dans une narration. Le noir et blanc contribue particulièrement à cet effet.

Le comique

Quelles sont les sources du comique dans le film ?

Le comique de caractère Le comique de mots Le comique de situation

Les deux personnages principaux, Jak et Zack, sont à la fois parfaitement symétriques et en même temps parfaitement opposés.

Jack, le proxénète, se lance dans des affaires douteuses avec beaucoup trop de confiance.

Zack est un boudeur, il parait détaché de tout, sauf de ses chaussures. Personnage fantasque, il parle tout seul et ne croit plus en lui-même.

Bob parle constamment. La candeur du personnage, meurtrier par accident, qui ne sait pas nager, amateur de poésie et de cinéma américain, fait sourire.

Les jeux de mots apparaissent à plusieurs reprises, notamment grâce à Bob, qui joue avec une langue qu'il ne connaît pas :

- Feuilles d’Herbes de W. Whiteman (Leaves of Grass) devient Fouilles d’herbes (Leaves of Glass).

- "I scream, you scream, we all scream for ice-cream"

Les prénoms quasi-similaires Jack et Zack occasionnent également des quiproquos amusants.

Des retournements de situation, tout au long du film, prêtent à sourire.

Par exemple, quand Bob se croit abandonné au bord de la rivière, il pense que les policiers l'ont rattrapé, alors que c'est Zack qui revient le chercher.

Ou encore quand Jack et Zack, après avoir attendu pendant une éternité devant une maison inconue, terrifié à l'idée d'être repris, découvrent Bob au milieu d'un diner romantique.

La cabane dans le Bayou (70'44-76'02) (étude d'une séquence)

1. Comment l'arrivée à la cabane est-elle filmée ?

Cet extrait fait écho au pré-générique :

- on retrouve les mêmes paysages de bayou, les mêmes cabanes à l'air abandonnées qu'on avait aperçu deux fois ;

- on retrouve également le même mouvement de caméra, un travelling latéral assez lent ;

- comme dans le pré-générique, il n'y a pas de dialogue, seulement une musique de fosse, mais cette fois-ci c'est une musique intrumentale de John Lurie (Jack).

2. Qu'est-ce qui rend l'intérieur de cette cabane étrange ? Pourquoi Jack dit-il en entrant : "Ça a l'air un peu trop familier" ?

De façon très étrange, les trois prisonniers retrouvent dans l'intérieur de la cabane un décor exactement similaire à celui de leur cellule : une pièce étroite, deux lits superposés qui se font face.

On retrouve, comme en prison, un conflit entre Jack et Zack. Les personnages reprennent leur position habituelle dans les lits et Bob continue l'échange sur la poésie américaine qu'il avait entamé avec Zack en cellule.

Seule différence : la fenêtre. Mais Bob avait dessiné une fenêtre dans la cellule, en face du décompte tenu par Zack.

3. Bob fait référence à un célèbre poème de Robert Frost, The Road not taken (1916). En quoi le chemin pris par Jarmusch pour faire du cinéma est-il singulier ?

Dans une cabane au milieu de nulle part, des prisonniers en cavale retrouvent leur cellule et parlent de poésie.

Il y a peu de dialogues : Jarmusch suggère, esquisse, mais laisse en suspens. Au spectateur de deviner.

À la croisée des genres

Un "film de prison"

1. Quels clichés du film de prison retrouve-t-on dans Down by law ?

- Deux protagonistes arrêtés et incarcérés. On entre a priori dans un film sombre de gangsters : deux méchants un peu caricaturaux enfermés à cause de dénonciations. L'incursion du personnage italien apporte néanmoins une faille dans le dispositif et fait basculer le film du thriller vers la comédie. D'autant plus qu'il est le seul véritable criminel, auteur, sans le vouloir, d'un crime complètement burlesque.

- Zack note, comme dans de nombreux films de "prison", le nombre des jours d'incarcération sur le mur (symbolisés par des bâtons). Il le fait sans y réfléchir ; c'est un cliché. Ça pourrait être juste un procédé de cinéma pour monter le temps qui passe, mais c'est sans intérêt pour la narration ici ! Or, face à lui, Bob dessine une fenêtre. C'est lui qui permet l'évasion au sens propre et figuré !

- L'émeute, créée par Bob sur une ritournelle complètement infantile qui néanmoins réunira tous les prisonniers : "We scream for ice-cream". Une libération par l'humour.

2. Comment l'évasion est-elle racontée ?

L'évasion est souvent l'acmé du film de prison. On suit le long processus de mise en place et sa réussite ! (v. les autres film de la rétrospective et notamment Un condamné à mort s'est échappé de Robert Bresson)

Ici c'est une évasion magique ; une évasion qui semble plus ressembler à un "conte de fées". On n'en voit ni les préparatifs ni l'action, réduite au minimum : une corde qui descend dans des égouts et des hommes qui courent.

On n'a jamais le contrepoint de la police qui recherche les évadés. On entend au début les chiens mais la fuite dans le bayou se concentre sur les fuyards, un trio qui s'inquiète assez peu d'être rattrapé mais qui tourne en rond et qui s'entre-déchire (Où aller ? Qui commande ?) sans pouvoir se séparer.

Le noir et blanc joue dans cette fuite un rôle primordial : il met en place une ambiance à la fois poétique et fantastique (référence à La Nuit du chasseur et à la fuite des enfants ?).

Un buddy movie ?

Le film associe ici trois personnages et le personnage le plus naïf permet le décalage et l'humour. En fait on pourrait attendre que les personnages deviennent amis en reconnaissant leurs différences à mesure que l'action progresse. (v. par exemple La Chaîne de Stanley Kramer dans la rétrospective) Mais c'est le contraire qui se passe. Ils ne seront jamais amis ; ils ne se serreront pas la main dans la toute dernière scène et partiront à l'opposé l'un de l'autre sans savoir s'il vont dans la direction qu'ils souhaitaient réellement.

Pourtant ils sont très semblables : Zack et Jack. (Ils échangent leur pardessus à la fin). Ils ne cessent de montrer leur condescendance vis à vis de Bob à qui tout réussit finalement. Les deux personnages sont uniquement des postures ; des clichés vides de sens.

Dès le début du film Zack est " viré " par sa petite amie ( " Tu creuses ta tombe ") et Jack remis à sa place parce que la prostituée le trouve trop gentil pour ce "boulot". C'est dans leur immobilisme et leur posture que Bob devient naturellement le personnage central qui fait avancer l'action.

Ainsi l'amitié "logique" des évadés ne prendra pas ici.

Bob y croit toujours cependant ( le seul qui répète tout au long du film "  mes amis ") en leur demandant de ne pas oublier de lui écrire à la fin.

"Un conte de fées"

Dans l'interview qu'il donne au sujet de ce film, Robert Müller explique que Jarmusch ne lui a donné qu'une seule indication sur son projet de film : "It's just a fairy tale" (Robert Müller sur Youtube). De quel conte de fées rapprocheriez-vous ce film ?

Des personnages qui s'échappent et errent dans la forêt et sur l'eau, conduits par le plus petit, celui qui paraît avoir le moins de chances de réussir... Le petit Poucet ?

Un personnage qui trouve sa 'princesse' dans un 'château' au milieu des bois... La Belle au bois dormant ?