Eternal Sunshine of the Spotless Mind

Biographie

D'abord musicien (il est batteur dans le groupe Oui Oui), Michel Gondry commence à réaliser les clips pour son groupe, puis pour de nombreux artistes.

Foo Fighters, Everlong, 1997.

Kylie Minogue, Come into my world, 2001.

The Chemical Brothers, Star Guitar, 2002.

Michel Gondry travaille également dans le domaine de la publicité.

Smirnoff, 1996.

Air France, Le Nuage, 2001.

Levi’s, Drugstore, 2006.

C'est en 2001 qu'il commence à réaliser des longs métrages : Human Nature (2001), Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2003), La Science des Rêves (2006).

En 2008, à New York, Michel Gondry ouvre la première 'Usine de films amateurs', à l'occasion de la sortie de Soyez sympas, rembobinez. N'importe quel visiteur peut réaliser un film en un après-midi, de façon collective et volontairement amateuriste.

Synopsis

"Avec un concept que j'ai développé avec Pierre Bismuth en une histoire d'une page, je suis allé voir Jan Kounen pour lui suggérer d'y mettre un plot, comme on dit, c'est-à-dire une intrigue policière ou d'espionnage. Cette base aurait pu devenir Inception de Christopher Nolan, où le travail sur le rêve est soutenu par un fond d'espionnage. Moi, je voulais utiliser ce concept pour une histoire romantique. Je me suis basé sur la suggestion initiale de Bismuth : un jour, un personnage reçoit une carte jaune sur laquelle il est mentionné : "Vous avez été effacé de la mémoire de telle personne. Merci de ne plus chercher à la contacter." Cette idée nous a permis d'écrire l'histoire d'un mec qui s'aperçoit que sa copine l'a oublié et veut donc l'effacer. Mais il change d'avis entre-temps et les deux personnages se retrouvent à la fin. Je me souviens d'ailleurs que c'est mon père, qui est mort depuis, qui avait eu l'idée des retrouvailles finales, estimant que dans le cas contraire c'était trop triste. J'ai présenté cette structure à Kaufman, qui a été emballé et a développé le script."

Entretiens avec Michel Gondry, par Nicolas Thévenin et Morgan Pokée, Répliques, Hors-Série n°1, hiver 2015.

Distribution

Joel Barish : Jim Carrey	Clementine Kruczynski : Kate Winslet	Mary Svevo : Kirsten Dunst
Howard Mierzwiak : Tom Wilkinson	Stan : Mark Ruffalo	Patrick : Elijah Wood

Propositions d'activités

1. Étudiez les différentes affiches. Quelle image du film donnent-elles ?

2. Découpez et recollez les images pour reconstituer la chronologie des évènements racontés dans le film dans l'ordre où ils se sont réellement déroulés.

Le pré-générique

Le générique

La nuit de l'effacement

Le réveil

3. Le nom de l'entreprise du docteur Mierzwiak est 'Lacuna'. Pourquoi, selon vous ? Qu'est-ce que le film nous dit sur les souvenirs ?

4. Qu'est-ce qui fait l'intérêt de la scène 'Tout s'effondre' (37'55-39'25) ?

5. Comparez le jeu de Jim Carrey dans ce film avec celui qu'il adopte généralement : Ace Ventura, The Cable guy ou encore Dumb and Dumber.

6. Que signifie, selon vous, le titre du film ?

Éléments de réponse

Le sentiment amoureux

"Je pense que c'est la douleur qui réveille l'amour. Quand on est en couple et que tout se passe bien, on n'a pas cette pensée du sentiment d'amour. Il ressort quand il manque. Au début, il peut y avoir une passion entre deux personnes, qui peut durer un certain nombre d'années. S'y greffent une complicité et une intimité qui doivent normalement être l'essence du couple. Parfois, hélas, un des deux membres du couple ne ressent plus cette passion. Il y a donc séparation. L'autre personne, délaissée, a un sentiment très violent de manque et ce sentiment est apparenté à l'amour, il en fait partie. C'est très négatif et très douloureux. C'est en effet de ce sentiment qu'on se souvient, il signifie la fin de la relation. Ce sentiment peut durer des années, souvent même plus longtemps que la relation elle-même."

Entretiens avec Michel Gondry, par Nicolas Thévenin et Morgan Pokée, Répliques, Hors-Série n°1, hiver 2015.

La chronologie du film

"Je t'aime, je t'aime et Smoking/No smoking ont été des influences pour Eternal Sunshine of the Spotless Mind."

Entretiens avec Michel Gondry, par Nicolas Thévenin et Morgan Pokée, Répliques, Hors-Série n°1, hiver 2015.

Si on remet dans l'ordre, l'histoire est :

Première rencontre (cheveux verts)

Première histoire (cheveux rouges) - les souvenirs qu'il essaie de sauver

Première rupture (cheveux orange)

Effacement

Deuxième histoire (cheveux bleus)

"Eternal Sunshine of The Spotless Mind" : la promesse de Lacuna

Tiré d'un vers de L'Épître d'Héloïse à Abélard d'Alexander Pope, le titre semble célébrer le bonheur de ceux qui ont oublié. Cette idée apparaît nettement sur beaucoup d'affiches du film, qui montrent des visages radieux. C'est Mary qui cite, au cours de la nuit, ce vers pour exprimer son admiration pour le docteur Mierzwiak et ce qu'il fait.

Cependant, on perçoit vite que ce titre est ironique : l'esprit sans souvenir n'est pas radieux, il est aveugle, et les souvenirs effacés sont comme les membres amputés : un manque, une "lacune", se fait douloureusement sentir. On entend d'ailleurs, très tôt dans le film, cette demande de se faire à nouveau effacer la mémoire, signe que l'opération n'est jamais suffisante.

Le film met en évidence la complexité des liens avec les souvenirs, et semble illustrer la célèbre citation attribuée à Winston Churchill: "Oublier son passé, c'est se condamner à le revivre." Les personnages vivent 'en boucle : Mary tombe amoureuse de son employeur, Joel et Clementine

Le burlesque

"J'amenais Jim Carrey, qui a un tempérament comique, vers la sobriété, alors que j'amenais Kate Winslet, qui a un tempérament plus dramatique, vers la comédie. D'ailleurs, pour me convaincre de la prendre, Kate Winslet m'a dit qu'elle en ferait tellement qu'elle serait Jim Carrey à la place de Jim Carrey."

Entretiens avec Michel Gondry, par Nicolas Thévenin et Morgan Pokée, Répliques, Hors-Série n°1, hiver 2015.

Tout s'effondre (37'55-39'25)

Cette scène est un plan séquence : la caméra suit le personnage sans changement de plan. C'est en fait un faux plan-séquence, raccordé numériquement quand Jim Carrey passe derrière les poteaux, comme le clip de Star Guitar.

Le personnage semble prisonnier d'un espace paradoxal, un peu comme dans les dessins de Max Escher : quelle que soit la direction dans laquelle il court, il revient à sa voiture. Cet espace 'bouclé' est évidemment une métaphore du film, qui commence et finit avec l'image de cette voiture abîmée.

Au fil des passages du personnage, le décor en arrière-plan s'efface et se vide : les affiches, les panneaux, ainsi que les produits dans les vitrines disparaissent, ce qui renvoie au processus d'effacement qui a commencé.

Clémentine elle-même commence à disparaître : lorsqu'elle marche sur le trottoir, elle semble n'avoir plus qu'une seule jambe.

Parallèlement, on entend une voix off ajoute à l'étrangeté de la scène et nous fait deviner que le décor qu'on voit est en fait un espace intérieur, une représentation de l'esprit de Joel.

Fiche technique

Réalisation : Michel Gondry

Scénario : Charlie Kaufman et Michel Gondry

Musique : Jon Brion

Photographie : Ellen Kuras

Montage : Valdís Óskarsdóttir

Production : Anthony Bregman et Steve Golin

Sociétés de production : Focus Features, Anonymous Content et This Is That Productions

Durée : 108 minutes

Dates de sortie :

États-Unis : 19 mars 2004

Drapeau de la France France : 6 octobre 2004