L'apostrophe, qui correspond au vocatif des langues casuelles comme le latin, représente une fonction syntaxique à part. Elle peut s'employer pour interpeller quelqu'un, seule ou dans une phrase, tout en gardant son autonomie.
Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994
L'apostrophe est nécessairement liée à l'énonciation: elle déisgne la personne à qui s'adresse le locuteur. Celui-ci sélectionne ainsi explicitement dans son discours le destinataire de son message. Selon la relation d'interlocution, l'apostrophe peut exprimer diverses nuances: interpellation plus ou moins pressante pour contraindre un interlocuteur qui se dérobe, prise à témoin d'un auditeur dans une conversation ordinaire, etc.
Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994
Divers termes peuvent exercer la fonction d'apostrophe
- Un nom propre permet d'interpeller directement l'interlocuteur, seul: Leika, lâche ma manche !, ou complété: Je suis triste et inquiète, ma chère Sophie ( Laclos ).
- Les noms communs s'emploient le plus souvent sans déterminant.
- Le pronom personnel ( disjoint ) de la deuxième personne du singulier ( toi ) ou du pluriel, seul ou suivi d'une expansion, désigne le destinataire: Toi, sors - Vous, qui passez sans me voir... ( Trenet )
Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994
Sur le plan syntaxique, l'apostrophe peut constituer un énoncé à elle seule. Quand elle s'insère dans une phrase, elle n'y exerce pas de véritable fonction syntaxique. Le terme mis en apostrophe est mobile; il est souvent placé en début ou en fin de phrase, mais il peut aussi être inséré entre deux consituants de la phrase, encadré par deux virgules.
L'absence de rôle syntaxique n'empêche pas l'apostrophe d'entretenir une relation de coréférence avec un élément de la phrase, le plus souvent le sujet (1) ou l'objet (2):
(1) Charles, vous devriez changer de casquette.
(2) Ema, je vous aime.
Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994