Phrase complexe

1. Phrase et proposition

La grammaire traditionnelle appelle propositions les phrases qui sont les constituants des phrases complexes, distinguant proposition principale, celle dont dépend une autre, et proposition subordonnée. L'essentiel est de ne pas se méprendre sur la relation entre principale et subordonnée. Par exemple, dans la phrase:

Je vois ( que tu es en retard )

la principale contient sa subordonnée, et il n'y a qu'une seule phrase, et non deux.

Subordonnée et principale ne sont que des rôles syntaxiques: une phrase subordonnée à une première est souvent principale pour une autre.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition )

2. Mode de composition

2.1. Enchainement parataxique

2.1.1. Juxtaposition

Il y a juxtaposition lorsque la phrase complexe est formée d'une suite de deux ou plusieurs propositions qui pourraient être considérées chacune comme une phrase autonome, qui sont généralement séparées à l'oal par une pause et à l'écrit par un signe de ponctuation, mais dont le rapport n'est pas explicitement marqué par un mot de relation.

Les chiens aboient, la caravane passe.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

2.1.2. Coordination

Il y a coordination lorsque la phrase complexe est formée d'une séquence de propositions juxtaposées dont la dernière au moins est reliée aux autres par un mot de liaison, qui peut être soit une conjonction de coordination, soit un adverbe conjonctif.

Les chiens aboient, mais la caravane passe.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

2.2. Emboîtement hypotaxique: subordination

Il y a subordination lorsque la phrase complexe est construite sur le rapport de dépendance orientée entre entre une proposition dite subordonnée et une proposition dite principale ou régissante ( la subordonnée dépend le plus souvent d'un constituant de la proposition principale ).

Bien que les chiens aboient, la caravane passe.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

[La subordination] est définie comme une relation d'inclusion ( ou d'enchâssement ) d'une phrase dans une autre ( dite principale ou matrice ), la subordonnée jouant ainsi le rôle d'un constituant de la phrase qui l'inclut. Cela exclut des subordonnées les incises ( "Paul, dit-il, est malade" ) et les incidentes ( "Il est - je l'avoue - très subtil" ) qui, certes, sont placées à l'intérieur d'une autre phrase mais qui en sont détachées, qui ne jouent pas le rôle d'un constituant de cette phrase.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition )

2.2.1. La subordination sans mot subordonnant

2.2.1.1. Parataxe formelle: marques lexicales et syntaxiques

La parataxe formelle, qui procède par juxtaposition apparente de proposition, est l'une des formes possibles de la subordination. Quels que soient les moyens choisis, on note que les subordonnées construites en parataxe possèdent deux traits formels constants:

- L'ordre des propositions est fixe: la subordonnée précède toujours la principale.

- La mélodie de la phrase se développe toujours sur le même modèle: la subordonnée placée en tête est prononcée sur une mélodie ascendante, la voix reste en suspens et redescend au fur et à mesure que s'énonce la principale.

Un certain nombre de marques lexicales ou syntaxiques viennent renforcer le lien de dépendance:

- Marques lexicales: A la parataxe formelle s'ajoute la présence d'outils lexicaux, qui indiquent le sens de la relation logique établie. Il s'agit exclusivement de propositions subordonnées circonstancielles.

- Jeu des modes et des temps verbaux: Une ligature entre principale et subordonnée peut intervenir, substituant alors une mélodie linéaire ( la phrase est prononcée sans pause ) à la structure coupée de la pure juxtaposition.

- Un cas limite: la modalité interrogative: en liaison avec la phrase suivante, la valeur proprement interrogative disparaît, au profit d'une valeur d'hypothèse.

. Les structures corrélatives: le phénomène de la corrélation se reconnaît à la présence dans une proposition d'un premier élément lexical qui appelle, dans la seconde proposition, un terme qui lui fait écho ( plus... plus, tel... tel, à peine... que, etc. )

Grammaire du français, D. Denis, A. Sancier-Chateau, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 1994

2.2.1.2. Les subordonnées infinitive et participiale

Ces deux types de subordonnée se présentent sans mot subordonnant puisque les modes infinitifs et participes ont une valeur nominale ou adjectivale qui leur permet de s'intégrer directement dans la phrase.

Grammaire du français, D. Denis, A. Sancier-Chateau, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 1994

2.2.1.3. Les interrogatives indirectes partielles

On observe, en tête de subordonnée, la présence d'un mot interrogatif ( quel, déterminant, qui, pronom, où, adverbe ). Mais ils n'ont pas pour autant un rôle de subordonnant.

Grammaire du français, D. Denis, A. Sancier-Chateau, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 1994

2.2.2. La subordination avec mots subordonnants

2.2.2.1. Les outils relatifs

Le mot relatif ( pronom, adverbe ou adjectif ) joue un double rôle:

- rôle d'enchassement et de démarcation, puisqu'il intègre la subordonnée relative à la phrase;

- rôle fonctionnel, puisque lui-même assume une fonction dans la relative.

Grammaire du français, D. Denis, A. Sancier-Chateau, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 1994

2.2.2.2. Les conjonctions de subordination

Mot subordonnant invariable, la conjonction de subordination marque le rapport de dépendance entre la principale et la subordonnée qu'elle introduit, lui permettant de s'intégrer à la phrase en y assument une fonction nominale. Elle joue donc un rôle d'enchâssement. Mais, quel que soit son sens - quand elle en a un, ce qui n'est pas le cas de la conjonction que -, elle n'occupe elle-même aucune fonction dans la subordonnée.

On observe que les conjonctions de subordination peuvent introduire des subordonnées fonctionnant de deux façons distinctes.

- La subordonnée s'intègre à la phrase. La conjonction de subordination permet en effet à la subordonnée d'intégrer une fonction à l'intérieur de la phrase, dans le cadre du même énoncé.

- La subordonnée s'ajoute à la phrase. La conjonction ne joue plus alors un rôle d'enchâssement, mais un rôle de liaison: elle ajoute un prolongement à la phrase et ne s'y intègre pas. La phrase présente alors non pas un seul acte d'énonciation, mais bien deux actes de paroles successifs.

Grammaire du français, D. Denis, A. Sancier-Chateau, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 1994

2.3. Insertion

Il y a insertion lorsqu'une proposition, nettement détachée par des marques prosodiques et graphiques, est placée à l'intérieur ou à la fin d'une autre proposition qui équivaut syntaxiquement et sémantiquement à une complétive c.o.d. La proposition est dite incise si son verbe est déclaratif ( ce qui entraine l'inversion du sujet ), incidente s'il appartient à une autre classe de verbes à subordonnée complétive ou d'expressions verbales pourvues d'un complément anaphorique.

Les chiens aboient, mais, je le dis, la caravane passe.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994