Participe passé
Le participe est l'un des modes impersonnels du verbe. Du point de vue syntaxique, le participe est le résultat de l'adjectivisation du verbe: dans "un livre publié hier" ou dans "une secrétaire connaissant l'italien", les participes "publié" et "connaissant" ont le fonctionnement d'un adjectif épithète par rapport aux noms "livre" et "secrétaire". On remarque toutefois que ces deux participes conservent la possibilité d'avoir des compléments ( un adverbe dans le premier cas, un complément d'objet dans le second ). Un verbe attributif employé au participe conserve la possibilité d'avoir un attribut. Cette double nature du participe ( adjectif par rapport au nom dont il dépend, verbe par rapport à ses propres compléments ) explique le nom que lui a donné une très ancienne classe grammaticale: il "participe" à la fois de la classe de l'adjecif et de celle du verbe. La grammaire d'aujourd'hui, Arrivé, Gadet, Galmiche, Flammarion, 1986 |
La terminologie grammaticale rapproche participes passé et présent, considérant que l'un et l'autre « adjectivisent » le verbe. Néanmoins, on n'exagérera pas la similitude entre ces deux catégories: si le participe passé possède l'essentiel des propriétés d'un adjectif, le participe présent constitue avant tout une forme du verbe. Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition ) |
A. Participe passé et verbe
Le participe passé présente une morphologie nettement repérable, une désinence (-é, -i, -u) dont la nature varie selon le type de verbe. M ais il y a quelques exceptions (souffert par exemple). Les unités lexicales qui possèdent une telle marque peuvent se combiner : - avec un verbe auxiliaire pour constituer des formes composées ou surcomposées (avoir dormi, être arrivé, avoir eu tué) ou bien des constructions passives (être mangé, avoir été mangé) ; - avec un nom: dans ce cas, le participe passé se comporte comme un GA. Ne sont concernés par cet emploi que les participes dérivés de verbes transitifs directs (les voitures cassées) ou de verbes intransitifs à auxiliaire en être (les fleurs tombées mais *les enfants dormis). Avec un verbe transitif, le GN s'interprète comme un objet direct (on retrouve alors la construction passive) ; avec un intransitif en être, on l'interprète comme un sujet (les gens arrivés). En tant que GA, il est dépourvu de marques de temps ou de personne, ne peut s'adjoindre des pronoms clitiques ( « *J'ai vu les enfants y reçus » / « *Les livres m'offerts ») ou une négation en ne... pas( «*Les enfants ne pas aimés »/« ne aimés pas ») et s'accorde en genre et en nombre avec le nom tête (même si la plupart du temps le genre et le nombre nesont pas perceptibles à l'oral). Sensible à l'opposition entre interprétation restrictive et non-restrictive, il peut entrer dans des caractérisations en degré (très/peu ému, plus/aussi détruit que..., etc.) et occuper les positions d'un adjectif (épithète, apposition, attribut du sujet ou de l'objet): Paul aime les villes détruites Léon, gavé de conseils, a repris la route Michel est reçu à l'examen Je déclare ces candidats reçus Beaucoup de participes passés relâchent leur lien sémantique avec le verbe dont ils dérivent et tendent à devenir de véritables adjectifs qualificatifs (un homme ouvert, un pantalon serré) ou des pseudo-adjectifs relationnels (un appartement meublé, un tapis enchanté). Mais ces deux types de participes passés demeurent toujours postposés au nom *un enchanté tapis, *un coincé garçon. Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition ) |
B. Interprétation du participe passé
D'un point de vue aspectuel, le participe passé indique que le procès est accompli et quel est l'état résultant de cet accomplissement. La relation du participe au nom dont il dépend peut être paraphrasée à l'aide de la copule, comme pour l'adjectif qualificatif : Les enfants malades = « Les enfants qui sont malades » Les livres brûlés = « Les livres qui sont brûlés » Mais, on l'a vu, le verbe être peut aussi correspondre à l'auxiliaire d'un verbe intransitif ( les gens arrivés = « Les gens qui sont arrivés » ), associé à un nom qui s' interprète comme le sujet. Avec un verbe transitif direct le nom s'interprète comme un objet direct devenu le support d'une propriété : Paul est déçu Il suffit d'ajouter des « circonstants » pour que l'on passe à une phrase passive canonique: Hier Luc a été déçu par l'attitude de Léon Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition ) |
1°) Dans le cas de verbes intransitifs Les syntagmes de ce type représentent le résultat de la nominalisation de phrases telles que "Un écrivain est né en 1873", par effacement de l'auxiliaire. Un écrivain né en 1873 Les participes de ce type, en raison de leur caractère intransitif, échappent à l'opposition actif/passif. Ils présentent le procès sous l'aspect accompli. 2°) Dans le cas de verbes transitifs Le participe passé de forme simple a la valeur passive. La grammaire d'aujourd'hui, Arrivé, Gadet, Galmiche, Flammarion, 1986 |
C. Participe passé et circonstancielle
Comme le participe présent, le participe passé peut entrer dans une phrase détachée circonstancielle dont le sujet est distinct de celui de la principale et qui en général est antéposée à cette principale : (1) Paul dormant, on dut se passer de lui (2) Mariette partie, tout changea (3) Thierry découragé, on dut s'arrêter Dans les exemples (2) et (3), à la différence du participe présent de l'exemple (1), il faut rétablir une relation du type être. De par sa valeur aspectuelle d'accompli, le participe passé circonstanciel s'interprète comme un procès antérieur à celui de la principale ( «Mariette une fois partie... »). Le lien sémantique de subordination (cause, temps, concession...) varie selon le contexte, comme pour les participiales en -ant et les gérondifs. Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition ) |