Qui

Le morphème qui appartient à la fois au système des pronoms relatifs et des pronoms interrogatifs. Ce n'est pas une coïncidence puisque ces deux systèmes utilisent pour une bonne part le même matériel morphologique.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition )

A. Qui relatif

Le pronom relatif qui, invariable en genre et en nombre, est marqué en cas puisqu'il est réservé à la fonction sujet. Ce n'est pas l'unique relatif qui puisse être sujet (lequel peut aussi jouer ce rôle) mais c'est le seul qui soit utilisable aussi bien pour les relatives restrictives que les relatives non restrictives et qui soit utilisé dans tous les registres de langue. S'il est sujet il ne connaît aucune contrainte sémantique; en revanche, s'il est inclus dans un GP, il ne peut en principe avoir pour antécédent qu'un humain :

* Le rocher sur qui je suis assis...

Le rocher qui est tombé...

Mais cette contrainte n'est pas toujours respectée dans l'usage courant.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 ( troisième édition )

B. Qui interrogatif

1°) En interrogative directe

Il peut occuper deux positions: à l'intérieur de la phrase, celle qui correspond à sa fonction, et dans le COMP :

Tu vois qui ?

Qui aimes-tu ?

Tu parles avec qui ?

Avec qui viens-tu ?

Il peut être sujet, objet, attribut ou être inclus dans un GP ( « Sur qui as-tu parié ? »). Dans ce dernier cas, il peut être extrait d'un GN, à certaines conditions, mais non d'un GP :

De qui as-tu acheté le chapeau ( ) ?

* De qui parles-tu du chapeau ( ) ?

Tu parles du chapeau de qui ?

Un principe général de la syntaxe veut en effet qu'on ne puisse pas extraire un élément d'un élément de même nature (par exemple le GP de qui d'un autre GP (du chapeau de qui)).

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2°) En interrogative indirecte

Le pronom se trouve obligatoirement en tête de phrase :

Je cherche qui tu as pu voir

Paul se demande près de qui il va dîner

Avec qui, l'interrogation directe comme l'interrogation indirecte partielles peuvent être à l'infinitif :

Qui questionner ?

Il me demande contre qui jouer

On aura noté que le pronom interrogatif monte en tête de phrase avec la préposition dont il dépend: « Il se demande pour qui voter » et non « Il se demande qui voter pour ». Dans ces interrogatives, le français ne laisse pas la préposition « orpheline », c' est-à-dire sans le GN qui dépend d'elle. Quand l'interrogation indirecte porte sur un non-animé sujet, ondoit employer ce qui :

Je te demande *qui/ce qui est arrivé

Ce phénomène est du même ordre que le passage de que à ce que pour les non-animés objet ou attribut.

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C. L'interprétation de qui

1°) Principes généraux

La mise en relation de ces deux emplois de qui révèle une complémentarité sémantique intéressante :

- le qui relatif tire son interprétation de son antécédent ;

- le qui interrogatif n'a pas d'antécédent et reçoit donc une interprétation non spécifiée. Plus exactement, quand on demande: « Qui est venu ? » on pose le prédicat « -est venu » et l'on demande à l' interlocuteur d'indiquer quel est l'élément d'un ensemble qui satisfait ce prédicat. Il existe aussi une interprétation du type « Existe-t-il quelqu'un qui...? », par exemple si l'on énonce: « Qui le sait ? ». Or cette double possibilité (interprétation par l'antécédent/interprétation indéterminée) n'est pas un phénomène isolé dans la langue. On la retrouve avec le sujet des infinitifs. On pourrait donc résumer ainsi les données :

- si qui est précédé d'un GN, c'est un relatif ;

- s'il n'est pas précédé d'un GN, c'est un interrogatif. Malheureusement, deux phénomènes, de portée limitée toutefois,viennent brouiller cette complémentarité..

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2°) Exceptions

a) Les relatives sans antécédent

Dans un exemple comme: « Qui sème le vent récolte la tempête », qui est interprété comme un relatif mais n'a pas de GN antécédent. Cette absence n'est pas étonnante car le GN en question n'est pas spécifié («(l'individu quel qu'il soit) qui sème le vent »).

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b) Les relatives à interprétation interrogative

Dans l'énoncé :

Je veux savoir la personne qui est venue

l'interprétation a beau être interrogative (= « Je veux savoir quelle personne est venue » ), le qui a un antécédent. En fait, c' est grâce au verbe qu' on opère cette réanalyse interprétative (savoir ne peut appeler un GN de ce type pour complément: « *Je sais la personne » ).

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