Relative

Les propositions relatives sont des propositions subordonnées qui sont introduites par un pronom relatif (ou plus rarement par un déterminant relatif). Celui-ci peut être un relatif simple (qui, que, quoi, dont, où) ou un relatif composé, pronom ou déterminant: lequel, qui s'amalgame avec les prépositions "à" et "de" pour former "auquel" et "duquel"; et qui varie en genre et en nombre (laquelle, lesquels, lesquelles) contrairement au relatif simple. Le pronom relatif cumule deux rôles: il introduit la relative, dont il constitue l'opérateur de subordination ou subordonnant. C'est la raison pour laquelle il vient se placer en tête de la relative, quel que soit sa fonction grammaticale dans la structure de celle-ci. Il est coréférent à son antécédent (sauf dans le cas de la relative substantive). A ce titre, il constitue un substitut du GN et assume une fonction dans la relative. Sa forme est essentiellement conditionnée par cette fonction. D'autre part, son emploi dépend de la nature de l'antécédent.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

La phrase subordonnée relative se trouve le plus souvent dans la position de complément d'une tête nominale. Ce qui la différencie d'une complétive, c'est la présence d'un « pronom relatif » qui joue un rôle dans la subordonnée tout en entretenant une relation avec son antécédent, situé dans la principale. Mais l'existence de relatives « sans antécédent » vient compliquer ce fonctionnement. D'un point de vue morphologique, le système des relatifs français est assez complexe et hétérogène, ce qui explique certains flottements dans l'usage.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 (troisième édition)

1. La relativisation

Ce qui caractérise la structure relative classique, c'est l'incomplétude d'un élément de la subordonnée (le « pronom relatif ») placé dans le complémenteur et qui reçoit ce qui lui manque d'un antécédent nominal (« L'homme que j'ai vu était blond »), pronominal (celui qui), parfois adjectival (« De paresseux qu'il était, il est devenu travailleur »). La position COMP, on le sait, n' attribue pas de fonction; pour s'en faire assigner une le pronom relatif varie morphologiquement (qui sujet, que objet. ..) et entretient une relation avec la position qui correspond à sa fonction :

Le garçon que j'ai connu

Le "que" marqué comme objet direct est ici rapporté à la position de complément de "ai connu", tandis que la présence de garçon à sa gauche permet de lui assigner un sens. Dans l'exemple ci-dessus, c'est la variation morphologique de que qui indique cette fonction; avec un énoncé comme « La fille à qui j'écris doit venir » c'est la préposition, à en l'occurrence, qui le fait. En français (mais non en anglais, par exemple) c'est le GP en entier qui se trouve dans le complémenteur et non le seul GN :« *La fille que j'écris à doit venir ». Dans la langue soutenue on rencontre des relatives dont l'antécédent est séparé du pronom :

L'homme est faible qui ne s'avoue pas mortel

Mais cette tolérance est très contrainte: il ne s'interpose aucun autre GN entre l'antécédent et le relatif: « L'homme aperçut le chien qui courrait » serait agrammatical si qui avait l' homme pour antécédent.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 (troisième édition)

2. Relatives restrictives et appositives

2.1. Avec un antécédent défini (relatives adjectives)

La relative est déterminative (ou restrictive) si elle est nécéssaire à l'identification référentielle de l'antécédent. La relative est explicative (ou appositive) lorsqu'elle ne joue aucun rôle dans l'identification référentielle de l'antécédent.

2.2. Avec un antécédent indéfini (relatives substantives)

Certaines des relatives considérées apparaissent essentielles, et leur suppression a pour effet de produire un énoncé non pertinent, généralement tautologique. D'autres apparaissent accidentelles (ou accessoires), et leur suppression ne remet pas radicalement en cause la pertinence de l'énoncé.

2.3. Les relatives prédicatives (ou attributives)

J'ai entendu un oiseau qui chantait. - Je l'ai entendu qui chantait.

De telles relatives ne peuvent être considérées comme prédicatives que si elles ne forment pas un syntagme avec leur antécédent. C'est pourquoi le test de pronominalisation doit leur être systématiquement appliqué.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

Dans le cas d'une relative restrictive ou déterminative, le GN inclut deux constituants qui tous deux réfèrent de manière incomplète. Pour l'énoncé: « Le chat que tu as recueilli est malade » aussi bien "le chat" que la relative "que tu as recueilli" sont incomplets; ils ne peuvent désigner un référent que si on les associe. L'article le annonce la relative, dont il est inséparable; de son côté, la relative a besoin d'un antécédent, en l'occurrence le nom qui la régit.

La relative appositive ou explicative, en revanche, ne fait pas partie du GN, elle n'en est pas complément :

Léon, qui dormait encore, fut blessé

Ici le GN est complet, il réfère sans la relative; le pronom relatif constitue une sorte de pronom de rappel qui a la propriété d'avoir son antécédent placé immédiatement à côté de lui. D'ordinaire, la relative est à l'indicatif. Mais dans les relatives restrictives on peut trouver le subjonctif. Dans deux cas essentiellement :

- quand l'antécédent contient un superlatif relatif ou des adjectifs tels derniel; premier, seul...;

- quand le verbe de la phrase qui contient l'antécédent exprime une volonté, une recherche...

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 (troisième édition)

3. Diversité des pronoms relatifs

Ces introducteurs de propositions relatives ont des formes simples et des formes composées.

Les formes simples ne marquent ni l'opposition du genre ni celle du nombre, mais transmettent à leurs attributs ces catégories héritées de leur antécédent.

Les formes composées "lequel", "laquelle", "lesquel(le)s", et contractées avec les prépositions "de" ("duquel", "desquels") et "à" ("au(x)quel(s)") sont les mêmes que celles des pronoms interrogatifs. Elles s'emploient après préposition, surtout quand leur antécédent est pronominal et non animé.

Les relatifs sans antécédent (obligatoirement simples) s'apparentent à des pronoms indéfinis

Qui vivra verra; il ne savait plus que répondre; quiconque ne sait se borner ne sut jamais écrire.

La règle générale de pronominalisation est celle-ci: [Prép+GN=Prép+lequel], que le GP soit complément de phrase, de nom ou d'adjectif (attribut).

Cette école est celle dans laquelle j'ai appris à lire et à écrire.

Lorsque le GP à pronominaliser est lui-même inclus dans un GP, c'est la totalité de ce dernier qui est placée en tête de la relative, et les seuls pronoms autorisés sont "lequel" ou "qui" ( dont est exclu). Lorsque l'antécédent est un pronom démonstratif indéfini ne représentant pas un être humain ("cela", "quelque chose", "rien"), le pronom à utiliser comme relatif est exclusivement "quoi".

L'antécédent peut être une phrase entière. On a alors affaire à un véritable relatif de liaison et on glisse du domaine de la subordination vers celui de la coordination.

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La morphologie du relatif français est hétérogène :

- une série qui/que/quoi invariable en genre et nombre mais pas en cas. Qui est sujet, que objet. Après préposition, quoi s'oppose à qui comme l'animé humain au neutre: l'homme à qui..., *l'animal à quoi..., la chose sur quoi... Mais l'usage familier n'hésite pas à dire « Le mur sur quoi je suis assis »... ou « Le livre contre qui je me bats »... Quand la norme est respectée, le système apparaît lacunaire puisqu'on ne peut pas dire: le chien/le livre à qui... ;

- deux éléments invariables, où et dont. L'élément "où" est toujours circonstanciel, de temps ou de lieu. Quant à "dont", il pronominalise n'importe quel GP en de + GN complément du verbe ou d'un nom :

La ville dont je viens

Le livre dont tu parles

La femme dont je connais la fille

Son emploi est très mal maîtrisé par les francophones. II est à la fois plus contraint que la série en de + lequel (cf « un homme pour la vie duquel on se sacrifie » / « *L'homme pour la vie dont on se sacrifie... ») et sur d'autres plans moins contraint :

La fille dont (* de laquelle) je sais qu'elle a été malade

Cette nouvelle dont (*de laquelle) certains déplorent qu'elle ait transité par d'autres agences a été bien accueillie

Dans ce dernier type d'emploi, dont se paraphrase plutôt par « au sujet de laquelle ». C'est la valeur circonstancielle qui l'emporte ;

- une série variable en genre et en nombre (lequel/laquelle...) qui peut se combiner avec les prépositions (à laquelle, pour lequel...). Ce dernier ensemble est de fabrication savante et tardive. Réservé à un usage soutenu, il a l'avantage d'être précis et sans lacunes. Il n'est pas sensible en effet aux blocages liés à l'opposition humain/non animé et, par sa variation en genre et en nombre, permet de renforcer le lien entre le relatif et son antécédent. Il n'est néanmoins pas sans contraintes. Ainsi lorsqu'il est sujet ou objet, ce qui n'est pas courant, il ne peut recevoir que l'interprétation appositive :

Mes amis anglais, lesquels d'ailleurs sont en retard, sont arrivés hier

*Les hommes lesquels j'aime m'ont écrit

En revanche, précédé d'une préposition, il peut ouvrir des relatives restrictives ou non restrictives :

les livres auxquels il manque une page seront pilonnés

Ces peuples, contre lesquels on se bat sans merci, n'ont jamais trouvé de défenseur

Si le GP relativisé est inclus dans un autre GP, c'est le GP entier quise trouve dans le complémenteur :

J'ai vu l'auteur sur le livre duquel je travaille...

* J'ai vu l' auteur duquel je travaille sur le livre...

On a vu qu'il en allait différemment avec dont, qui peut être extrait seul (« Le collègue dont je travaille avec la fille veut te voir »). Sur ce point, c'est dont qui constitue une exception remarquable. En effet, la langue ne permet pas en général d'extraire un groupe inclus dans un groupe de même catégorie: c'est le groupe entier qui est concerné. Par exemple: « J'en ai vu la fin » / « *J'en ai parlé la fin » : comme on a un GP (en) inclus dans un autre GP (de la fin), il faudrait pronorninaliser le GP le plus grand (« J'en ai parlé »).

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 (troisième édition)

4. Classement des relatives

4.1. Les relatives adjectives

4.1.1. Nature de l'antécédent et fonction de la relative

4.1.2. Quelques constructions particulières

4.1.2.1. C'est... que / qui
4.1.2.2. Les relatifs de liaison
4.1.2.3. Les relatives de second degré (dites imbriquées)

Il est possible de relativiser un GN (sujet ou complément) qui fait partie d'une proposition complétive (conjonctive introduite par que, groupe infinitif ou interrogative indirecte). Dans ce cas, c'est le bloc constitué par la subordonnée complétive et sa principale qui est enchâssé dans la phrase matrice.

Ce sont là des noms que je vois bien que je ne retiendrai jamais. C'est un livre dont je sais qu'il aura du succès.

Grammaire méthodique du français, Riegel, Pellat, Rioul, PUF, 1994

Le système du relatif est assez complexe, et donc mal maîtrisé par la plupart des francophones, en particulier pour les fonctions non directes, c'est-à-dire autres que celles de sujet ou d'objet (qui/que). L'usage familier a tendance à recourir à des stratégies plus simples, mais rejetées par la norme. Par exemple :

(1) La fille que j' en suis fou est revenue

(2) La fille que je suis fou d'elle est là

(3) La fille que je suis venu avec m'a laissé

(4) La fille que je te parle est partie hier

Alors que dans la relativisation correcte le pronom relatif indique la fonction du terme et sert en même temps de subordonnant, dans cette relativisation « populaire », les deux choses sont séparées (phénomène de « décumul ») : le que invariable marque la subordination et un « pronom de rappel » (cas des exemples (1) et (2)) ou la préposition devant un GN vide (cas de l'exemple (3)) indiquent la fonction. Sont ainsi évités dont et la relativisation des GP par la série en lequel. L'exemple (4) illustre la stratégie la plus courante de simplification: la réduction d'un complément indirect à un relatif direct.

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4.2. Les relatives substantives (sans antécédent)

Le point commun de ces relatives et que le pronom qui les introduit n'a pas d'antécédent et n'est donc pas anaphorique. Contrairement à ce qui se produit pour les relatives adjectives, c'est la relative elle-même qui donne un contenu référentiel au pronom relatif.

4.2.1. Les relatives indéfinies

Elles équivalent à un GN, éventuellement précédé d'une préposition ou amalgamé avec elle (dans le cas de "où").

Qui veut voyager loin ménage sa monture. Voilà de quoi il est capable. Je n'ai pas où passer la nuit.

4.2.2. Les relatives périphrastiques

Elles constituent l'expansion d'un démonstratif ("ce" ou "celui" ) de manière à former avec lui l'équivalent d'un GN: elles ont donc un statut intermédiaire entre celui des relatives adjectives et des substantives proprement dites; elles peuvent être indéfinies ou non.

Celui qui casse les verres les paie.

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Il existe des relatives sans antécédent, dites aussi relatives substantives. En effet, elles jouent le rôle d'un GN. Comme il n'ya pas d'antécédent, c'est la relative qui permet de donner un contenu au pronom relatif. Dans :

Qui sème le vent récolte la tempête

le pronom réfère à tout individu qui satisfait le prédicat de la relative « -semer le vent ».

4.2.1. Si le pronom réfère à un humain

On utilise qui et parfois quiconque. Il peut occuper diverses fonctions : sujet, objet indirect (« Parle à qui tu veux »), objet direct (« Je veux qui je veux »). Comme tout GN, la relative substantive peut même être disloquée (« Qui voit grand, la vie ne le ménage pas »).

4.2.2. Si le pronom réfère à un inanimé

Il prend la forme quoi. Il est précédé de à ou de :

Il possède de quoi vivre

La relative est souvent introduite par des tours tels il y a, voilà, c'est :

Il y a / voilà de quoi manger

C'est à quoi je m'occupe

Certaines relatives sans antécédent sont introduites par le relatif où, complément du verbe ou circonstanciel :

Je pars où vous voulez

Il est placé où on ne s'y attend pas

Les relatives sans antécédent sont a priori passibles de deux analyses :

- la première rétablit un antécédent phonétiquement nul mais qui serait syntaxiquement présent; la non-explicitation de cet antécédent s'expliquerait par le fait qu'il n'a pas à être mentionné puisqu'il est non spécifié ;

- la seconde considère qu'il n'y a pas d'antécédent du tout; dans ce cas, il faut renoncer à y voir une vraie relative.

Précis de grammaire pour les concours, D. Maingueneau, Nathan, 2001 (troisième édition)

4.3. Les relatives attributives

4.4. Les relatives comme expressions circonstancielles

Les relatives explicatives ou accidentelles peuvent apporter des nuances circonstancielles diverses. Mais elles ne sont pas mobiles. En revanche, il existe des syntagmes constitués exclusivement ou principalement par des relatives qui ont toutes les caractéristiques sémantiques et formelles des propositions circonstancielles.

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4.4.1. Les relatives compléments circonstanciels de lieu

Il s'agit de relatives périphrastiques qui, introduites par "là où", jouissent d'une plus grande autonomie que celles qui sont seulement introduites par "où".

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4.4.2. Les relatives complément circonstanciel de concession

Les unes sont introduites par "qui que", "quoi que", "où que" suivis du subjonctif. Les autres sont introduites par "quelque" (invariable), "que" ou "quel" (variable) "que" et concernent toujours des phrases à verbe être et au subjonctif.

Qui que ce soit, c'est un malin. Quoi qu'il fasse, je l'aime bien.

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