Action

La tradition aristotélicienne appelle «action » l'ensemble des faits et actions qui constituent l'histoire et le sujet d'une pièce de théâtre. Cette définition a pour corollaire le primat accordé par les classiques français du XVIe siècle à l'unité d'action. Elle implique en effet une conception organique, étroitement liée à son origine aristotélicienne, celle d'un développement à partir d'un commencement, passant par un milieu et atteignant une fin. Dans cette perspective, l'action d'une pièce de théâtre regroupe dans un récit unique, qui a vocation à s'achever, les actions accomplies par les personnages, soit directement, soit à travers toutes les formes de langage.

Lexique des termes littéraires, coll. Livre de Poche, éd. LGF, 2001

1. les moments de l'action

1.1. L'exposition

Premier moment de l'action théâtrale, l'exposition permet d'indiquer au spectateur les éléments qui lui seront nécessaires pour comprendre l'action : lieu, temps, raisons de la présence des personnages et relations qui existent entre eux, événements récents, indices de la crise à venir.

A l'époque classique, l'exposition occupe en général tout ou partie du premier acte. L'art de l'auteur consiste à l'animer, à faire oublier son caractère statique, à la rendre « naturelle », parfois, dans la comédie à se jouer des conventions inévitables.

La notion d'exposition, comme moment défini, est si bien liée au système classique qu'elle n'est plus guère pertinente dès lors que, dans le théâtre contemporain, nous trouvons une autre conception de l'action. L'exposition peut alors être fragmentée, intervenir après un début in medias res, reconstituée de façon implicite au cours de la pièce.

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1.2. Le noeud

Le mot (qui traduit le grec dèsis, « action de lier », dans la Poétique d'Aristote, par opposition à lusis, « délier ») suggère bien l'enchevêtrement des fils qui caractérise l'intrigue lors qu'elle est nouée.

Il s'agit de la partie de la pièce qui s'étend entre le moment où, après l'exposition, le conflit se noue dans une confrontation ou à la suite d'un événement extérieur, et le moment où, après la péripétie, il se dénoue. Le noeud se situe, en un mot, entre l'exposition et le dénouement, au moment où apparaît l'obstacle qui détermine le conflit.

Le noeud peut aussi être défini du point de vue de la dynamique de l'action comme moment d'exaspération des conflits entre les actants et donc de la tension dramatique.

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1.3. La péripétie

À l'époque classique, retournement de l'action. Moment de l'intrigue où s'articulent le noeud et le dénouement.

Un événement survient qui va permettre de dénouer le conflit et de conduire l'intrigue à son achèvement. Certains identifient la péripétie et le dénouement. Une scène de reconnaissance comme celle de l'arrivée du seigneur Anselme à la fin de L'Avare fait à la fois figure de péripétie et de dénouement.

On peut aujourd'hui qualifier de péripétie tout événement qui survient dans l'action et qui provoque des bouleversements. Le retour de Thésée dans Phèdre constitue, dans ce sens, une péripétie.

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1.4. Le dénouement

Dernier moment de l'action, ou de l'intrigue dans le système dramatique classique. Après la péripétie commence le dénouement qui en résulte comme naturellement et qui lui est lié. Le noeud se défait, les tensions qui le constituaient s'apaisent. La situation revient à l'équilibre. A la reconnaissance de l'identité d'OEdipe (péripétie) succède le dénouement, mort de Jocaste, mutilation d'OEdipe.

Le dénouement peut se produire par l'effet d'un récit (celui de Théramène dans Phèdre) ou se passer « en action », c'est-à-dire sous les yeux des spectateurs. La notion traditionnelle de dénouement présuppose la conception classique de l'action et il faut l'entendre dans un sens plus large dans le théâtre symboliste ou dans le théâtre du xXe siècle: il peut «ouvrir », comme il peut « refermer » ou laisser l'action « suspendue» en la rendant problématique.

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2. Action, argument, intrigue, fable

2.1. L'argument

Résumé linéaire d'une pièce de théâtre, l'argument présente en général l'intrigue dans son déroulement.

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2.2. L'intrigue

Assemblage des évènements, des cations et des circonstances qui sont amenés par le hasard et les desseins contradictoires des personnages d'une pièce de théâtre et qui donnent l'impression d'un enchevêtrement ( le mot vient du latin intricare, "emmêler, embrouiller" ).

Il est cependant nécessaire de distinguer l'intrigue, forme qui organise l'action devant les yeux et la conscience du spectateur, qui mêle à tel ou tel moment les desseins des personnages, qui les fait se rencontrer à tel ou tel instant, qui leur prête une vue plus ou moins complète ou partielle de l'action, de l'action proprement dite, qui se situe à un second niveau, plus profond. L'action se réalise sur la scène, selon la modalité de présence caractéristique du théâtre (à telle enseigne que le mot drama désigne en grec aussi bien l'action qui se réalise sur la scène que la pièce de théâtre), mais elle ne se réduit pas à la somme des actes de parole ou des actions partielles qui la constituent et auxquelles assiste le spectateur. L'action se réalise dans une structure manifeste, l'intrigue, mise en oeuvre par les personnages, mais elle peut se raconter dans une fable. Elle est en effet justiciable d'une approche narratologique et on peut la décrire selon un modèle actanciel.

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2.3. La fable

Au théâtre, on se sert du mot fable pour traduire la grec "muthos" de la poétique d'Aristote. La fable ( "muthos" ) est, selon lui, l'ensemble des faits ( pragmata ) et des actions accomplies, organisés en système. C'est l'histoire racontée par la pièce, remise à plat dans son déroulement chronologique. Elle est première par rapport aux caractères.

[Pour Brecht], la fable est un système plus logique que chronologique: le système des faits en organise le sens. La fable est alors bien autre chose qu'une trame élaborée dans un premier moment de l'écriture; elle n'est pas seulement histoire mais récit en acte, découverte et imposition d'un sens. Instance de globalisation du sens, elle doit être reconstituée par le dramaturge ou le metteur en scène à l'occasion de chaque mise en scène.

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3. Les formes de l'action

Elle peut être simple, unique, ou implexe, c'est-à-dire résultant de la rencontre, voire du parallélisme de plusieurs enchaînements événementiels distincts. Elle peut se déduire d'un montage de fragments. Elle peut même se déployer au travers de plusieurs pièces de théâtre formant diptyque, tri- ou tétralogie.

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