Exposés possibles :
- les success stories : ingrédients, exemples (Aimée Mullins, Mohed Altrad, etc.), ...
- les films de monstres : histoire, exemples, analyse...
- les grandes catastrophes (XX-XXIe s.) : définition, exemples (Bhopal, séisme du 26 décembre 2004, etc.), analyse (pourquoi et comment ces catastrophes nous marquent-elles ?)...
- les monstres de foire et les zoos humains : définition, exemples (Joseph Merrick, Schlitzie, etc.), analyse...
- les légendes urbaines : définition, exemples (rumeur d'Orléans, hoax, etc.), analyse...
Pour chaque exposé, vous réfléchirez au lien avec le thème ("l'extraordinaire").
1. Que signifie, pour vous, le mot 'extraordinaire' ?
2. Quel rapport peut-il avoir, selon vous, entre la notion d'extraordinaire et la culture générale ?
1. Quelle définition de l'ordinaire nous proposent ces documents ?
2. Le second document nous présente-t-il vraiment une matinée "ordinaire" ?
1. Itératif : Qui se répète.
Selon vous, l'ordinaire peut-il être une aventure ? Le quotidien peut-il être enthousiasmant ?
Professeur de philosophie à l'Université de Louvain, Herman Parret réfléchit dans ce texte à la définition de l'ordinaire.
Quotidien, du latin quotidie, chaque jour, connote certainement le diurne comme opposé au nocturne : le quotidien fourmille d'activités qui sont repérables à la lumière du soleil ; il est déjà plus difficilement acceptable de caractériser le repos nocturne, l'absence d'activités pendant la nuit, comme une pratique quotidienne. En plus, là où il y a "vie nocturne" (à la limite nécessairement illicite), on sort, ou on prétend sortir de l'ordinaire du quotidien. Quotidien connote également l'itérativité1, la répétition, et l'activité quotidienne n'est pas un événement unique. [...]. Toutefois, il y a, semble-t-il, une distinction supplémentaire à faire : les pratiques quotidiennes sont hétérogènes, non systématiques [...]. Le quotidien est "tout ce qui parle, bruit, passe, effleure, rencontre" (Michel de Certeau), c'est la "prose du monde" (Merleau-Ponty), c'est l'événement dû au hasard de la circonstance mais ces événements sont des milliers et ils sont tous pareils.
Herman Parret "Phénoménologie et critique du quotidien et du sublime", Actes Sémiotiques, 2007, n° 110
Lewis Trondheim est un dessinateur français contemporain. La série Les Petits riens, commencée en 2006, rapporte de courtes anecdotes autobiographiques.
Lewis Trondheim, Le Bonheur inquiet, Les Petits Riens, coll. Shampoing, éd. Guy Delcourt, 2008.
Soit le film The Secret Life of Walter Mitty, du début à 5'45.
1. Comment, dans les images, le réalisateur souligne-t-il la banalité du personnage ?
2. Comment passe-t-on de l'ordinaire à l'extraordinaire ?
Selon vous, l'extraordinaire n'arrive-t-il que dans les rêves et les fictions ?
Ben Stiller, The Secret Life of Walter Mitty, 2013.
Selon ces documents, le voyage permet-il de vivre des aventures extraordinaires ?
Le voyage, selon vous, permet-il encore aujourd'hui de vivre des aventures extraordinaires ?
Au soleil est un récit de voyage écrit par Guy de Maupassant en 1884. Il y retrace son séjour en Afrique du Nord.
Le voyage est une espèce de porte par où l'on sort de la réalité connue pour pénétrer dans une réalité inexplorée qui semble un rêve.
Une gare ! un port ! un train qui siffle et crache son premier jet de vapeur ! un grand navire passant dans les jetées, lentement, mais dont le ventre halète d'impatience et qui va fuir là-bas, à l'horizon, vers des pays nouveaux ! Qui peut voir cela sans frémir d'envie, sans sentir s'éveiller dans son âme le frissonnant désir des longs voyages ?
On rêve toujours d'un pays préféré, l'un de la Suède, l'autre des Indes; celui-ci de la Grèce et celui-là du Japon. Moi, je me sentais attiré vers l'Afrique par un impérieux besoin, par la nostalgie du Désert ignoré, comme par le pressentiment d'une passion qui va naître. Je quittai Paris le 6 juillet 1881. Je voulais voir cette terre du soleil et du sable en plein été, sous la pesante chaleur, dans l'éblouissement furieux de la lumière. Tout le monde connaît la magnifique pièce de vers du grand poète Leconte de Lisle :
Midi, roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe, en nappes d'argent, des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine;
La terre est assoupie en sa robe de feu.
C'est le midi du désert, le midi épandu sur la mer de sable immobile et illimitée qui m'a fait quitter les bords fleuris de la Seine chantés par Mme Deshoulières, et les bains frais du matin, et l'ombre verte des bois, pour traverser les solitudes ardentes.
Guy de Maupassant, Au soleil, 1884.
Dans la revue Philosophie Magazine, Sven Ortoli, journaliste scientifique, énumère une série de chiffres sur l'industrie du tourisme contemporain.
Nombre de touristes internationaux en 1950 : 25 millions. En 2012 : 1,035 milliard.
L'industrie mondiale du tourisme fait travailler directement 120 millions de personnes.
En 2022, elle représentera 1 emploi sur 10.
En 2012, la Chine a pris la première place en terme de dépenses touristiques à l'étranger : 82 millions de touristes ont dépensé 102 milliards d'euros.
La France reste le pays le plus visité de la planète avec 81,4 millions de visiteurs.
En l'an 2000, le World Trade Center avait reçu 1,8 million de visiteurs.
Le Ground Zero en a reçu 3,6 millions en 2012.
Le Louvre a accueilli en 2011 8,3 millions de visiteurs.
Et le Magic Kingdom d'Orlando (parc à thème de Disney en Floride), toujours en 2011, 17 millions.
Prix de la visite d'Alcatraz (1,5 million de visiteurs annuels) : 35 euros.
Prix de la visite guidée à vélo du township de Soweto : 80 euros.
Prix de la visite de la centrale de Tchernobyl (depuis Kiev) : 300 euros.
Quatre jours en Corée du Nord (depuis Pékin) : 700 euros.
Un vol en MiG-29 (volant à mach 2,5 jusqu'à 20 000 mètres d'altitude) : 21 000 euros.
Le sommet de l'Everest ou l'expédition au pôle Sud : 50 000 euros.
Prix d'un vol suborbital à 100 km d'altitude (premiers vols fin 2014, 500 billets auraient déjà été prévendus) avec la compagnie Virgin Galactic : 150 000 euros.
Un voyage (organisé par la compagnie Space Adventures) jusqu'à la station spatiale internationale (ISS) : entre 1,5 et 2,7 millions d'euros.
Pour survoler la Lune (à 100 km au-dessus de sa surface) à l'horizon 2020, les premiers billets sont vendus 115 millions d'euros.
Sven Ortoli, Philosophie Magazine n°70, juin 2013.
D'après ces documents, comment la fête permet-elle de sortir de l'ordinaire ?
L'auteur écrit : "Il y a donc de nombreuses manières, agréables ou non, de rompre avec le quotidien." Listez ces différentes manières d'échapper à l'ordinaire.
Chercher l'extraordinaire, selon vous, est-ce est une bonne chose ?
La Fête de la musique, pour prendre un exemple qui adoucit les mœurs, casse les habitudes et donne un autre tempo à chaque quartier. Du reste, n'importe quelle fête confère à la ville un nouveau visage, une nouvelle ambiance. Ce qu'atteste l'expression "faire la fête" qui marque bien une rupture avec la routine et sous-entend un excès ("ce soir, tant pis, je ne me coucherai pas à 22 heures, c'est exceptionnel..."). Il y a donc de nombreuses manières, agréables ou non, de rompre avec le quotidien urbain. Ces discontinuités imposées ou voulues ne devraient pas être vécues comme des dérangements, mais comme l'occasion de "remettre les pendules à l'heure", c'est grâce à une discontinuité que l'on peut apprécier un retour à une continuité.
D'une certaine façon, l'imprévu - le désordre - participe au retour à l'ordre. Au cours de la période médiévale, le charivari, le carnaval ou la foire sont des pauses indispensables au fonctionnement des sociétés. Ils jouent le rôle de soupapes de sécurité et, malgré les licences et autres débordements qu'ils autorisent, facilitent le solde en quelque sorte des contradictions sociales et le redémarrage plus serein des activités de la cité. Jean Duvignaud l'admet : "Nous dirons que la fête comme la transe permettent à l'homme et aux collectivités de surmonter la "normalité" et d'atteindre à cet état ou tout devient possible, parce que l'homme n'est plus en l'homme mais dans une nature qu'il achève par son expérience, formulée ou non." Mais, avec la globalisation, les fêtes deviennent un élément du dispositif de marchandisation de la ville (quelle ville n'a pas "son" festival?) ou sont téléguidées par les autorités et se muent en commémorations. L'esprit de le fête, l'insouciance, l'irrespect des règles, le déconcertant, le jouissif ne peuvent pas être spectacularisés et sponsorisés, aussi de nouvelles formes de fêtes se manifestent-elles et correspondent non plus à l'espace de la ville "historique", mais à l'urbain qui l'enveloppe de ses excroissances incontrôlées.
Thierry Paquot, Le Quotidien urbain, Essais sur les temps en ville, éd. La Découverte / L'Institut des villes, 2001.
Visuel pour la fête de la musique 2019 (www.culture.gouv.fr).
Comment cette "Une" de journal est-il composée ?
1. Quelles sont les différents genres de la presse ?
2. Proposez un exemple d'au moins quatre genres journalistes.
3. Comment peut-on reconnaître chacun ?
Le 11 mars 2011, le Japon a été frappé par un séisme, suivi d'un tsunami qui a causé une catastrophe nucléaire aussi grave que celle de Tchernobyl en 1986.
Une du quotidien Libération des 12 et 13 mars 2011
1. Comparez les deux documents.
2. Comment ces deux exemples permettent-ils de proposer une première définition du fantastique ?
Qu'est-ce qui, selon vous, rend les "histoires extraordinaires" (films d'horreur, récits fantastiques, etc.) fascinantes ?
Au cours d'une soirée, le jeune Baron Xavier de la V. raconte une aventure étonnante qu'il a vécue. Parti se reposer en Bretagne, chez un de ses amis, l'abbé Maucombe, il passe sa première nuit dans le presbytère...
J'allais m'endormir.
Trois petits coups secs, impératifs, furent frappés à ma porte.
- Hein ? me dis-je, en sursaut.
Alors je m'aperçus que mon premier somme avait déjà commencé. J'ignorais où j'étais. Je me croyais à Paris. Certains repos donnent ces sortes d'oublis risibles. Ayant même, presque aussitôt, perdu de vue la cause principale de mon réveil, je m'étirai voluptueusement, dans une complète inconscience de la situation.
- À propos, me dis-je tout à coup : mais on a frappé ? - Quelle visite peut bien ?...
À ce point de ma phrase, une notion confuse et obscure que je n'étais plus à Paris, mais dans un presbytère de Bretagne, chez l'abbé Maucombe, me vint à l'esprit.
En un clin d'œil, je fus au milieu de la chambre.
Ma première impression, en même temps que celle du froid aux pieds, fut celle d'une vive lumière. La pleine lune brillait, en face de la fenêtre, au-dessus de l'église, et, à travers les rideaux blancs, découpait son angle de flamme déserte et pâle sur le parquet.
Il était bien minuit.
Mes idées étaient morbides. Qu'était-ce donc ? L'ombre était extraordinaire.
Comme je m'approchais de la porte, une tache de braise, partie du trou de la serrure, vint errer sur ma main et sur ma manche.
Il y avait quelqu'un derrière la porte : on avait réellement frappé.
Cependant, à deux pas du loquet, je m'arrêtai court.
Une chose me paraissait surprenante : la nature de la tache qui courait sur ma main. C'était une lueur glacée, sanglante, n'éclairant pas. - D'autre part, comment se faisait-il que je ne voyais aucune ligne de lumière sous la porte, dans le corridor ? - Mais, en vérité, ce qui sortait ainsi du trou de la serrure me causait l'impression du regard phosphorique d'un hibou !
En ce moment, l'heure sonna, dehors, à l'église, dans le vent nocturne.
- Qui est là ? demandai-je, à voix basse.
La lueur s'éteignit : - j'allais m'approcher...
Mais la porte s'ouvrit, largement, lentement, silencieusement.
En face de moi, dans le corridor, se tenait, debout, une forme haute et noire, - un prêtre, le tricorne sur la tête. La lune l'éclairait tout entier à l'exception de la figure : je ne voyais que le feu de ses deux prunelles qui me considéraient avec une solennelle fixité.
Le souffle de l'autre monde enveloppait ce visiteur, son attitude m'oppressait l'âme. Paralysé par une frayeur qui s'enfla instantanément jusqu'au paroxysme, je contemplai le désolant personnage, en silence.
Tout à coup, le prêtre éleva le bras, avec lenteur, vers moi. Il me présentait une chose lourde et vague. C'était un manteau. Un grand manteau noir, un manteau de voyage. Il me le tendait, comme pour me l'offrir !...
Je fermai les yeux, pour ne pas voir cela. Oh ! je ne voulais pas voir cela ! Mais un oiseau de nuit, avec un cri affreux, passa entre nous et le vent de ses ailes, m'effleurant les paupières, me les fit rouvrir. Je sentis qu'il voletait par la chambre.
Alors, - et avec un râle d'angoisse, car les forces me trahissaient pour crier, - je repoussai la porte de mes deux mains crispées et étendues et je donnai un violent tour de clef, frénétique et les cheveux dressés !
Villiers de l'Isle-Adam, Contes cruels, "L'Intersigne", 1883.
A Séoul, Hee-bong Park tient un petit snack au bord de la rivière où il vit avec son fils aîné, Gang-du et la fille de ce dernier, Hyun-seo. Un jour, un monstre surgi des profondeurs de la rivière attaque la foule et enlève la fillette avant de disparaître dans la rivière.
Bong Joon Ho, The Host, 2006.
Observez le film The Groundhog Day, de 18'15 à 30'42.
Quelle est la morale de ce film ?
1. Comment, d'après le texte de Philippe Filliol, perçoit-on habituellement l'ordinaire ?
2. Quel regard sur l'ordinaire propose la philosophie zen ?
3. Quel est le rôle des artistes et des penseurs dans cette façon de regarder le monde quotidien ?
Le tableau de Chardin vous paraît-il 'extraordinaire' ?
Selon vous, l'extraordinaire n'est-il qu'une question de perception ?
Philippe Filliol montre que dans le zen - une branche japonaise du bouddhisme - les moments habituellement tenus pour les plus triviaux de notre vie quotidienne peuvent devenir des moments extraordinaires.
L'ordinaire est ce qui constitue la matière même de nos vies, et, en même temps, ce qui échappe à la saisie intellectuelle et sensible. Tel est le paradoxe souvent relevé de l'expérience de l'ordinaire : le trop proche est inaccessible, le trop familier est inconnu, le trop visible est invu. Comme le formule le philosophe et sinologue F. Jullien : "Vivre dit donc à la fois le plus immédiat et ce qui n'est jamais satisfait : nous sommes vivants, ici et maintenant, et nous ne savons pas y accéder." Le problème central, élémentaire, vital, peut alors se formuler en une seule question : Comment faire retour sur cet ordinaire, et, par là, vivre de manière plus pleine et plus consciente ?
Les sages, les poètes, les artistes, nous invitent à trouver l'extraordinaire dans l'ordinaire et à "voir le miraculeux dans le banal", pour reprendre la formule du philosophe américain Emerson. [...]
La banalité dans l'enseignement zen est l'unique lieu de l'illumination (traduction du japonais satori). Dans cette "illumination", il n'y a cependant rien d'extraordinaire, ou plutôt l'extraordinaire gît dans l'épaisseur concrète, matérielle, profondément étrange, de la vie elle-même. "Qu'y a-t-il d'extraordinaire ? Être assis", répond H. Ekaï, un ancien patriarche zen. R. Barthes désignait l'événement du satori comme "un réveil devant le fait". Par conséquent, tous les détails, même triviaux méritent attention et respect. Aucune activité humaine, la plus prosaïque soit-elle, n'est rejetée. L'esprit zen embrasse les distinctions avec équanimité : le noble et le trivial, le sacré et le profane, le grossier et le précieux.... Les oppositions conventionnelles entre le "haut" et le "bas" sont totalement abolies. Le zen est un "éveil au quotidien", quitte pour cela à se détourner à 180 degrés des mots et des concepts. Le savoir intellectuel, qui a bien sûr son utilité, est, d'un autre point de vue, un obstacle entre soi et le courant de la vie. C'est l'objet d'un dialogue célèbre entre un moine et son disciple : "- Maitre, je vous en prie, enseignez-moi la voie. - As-tu terminé ton repas? - Oui. Maître, j'ai terminé. - Alors va laver ton bol !" La voie proposée est de vivre chaque moment, chaque acte en pleine conscience : manger, faire la vaisselle, dormir, marcher, respirer... Aussi, pendant le samu (qui désigne le travail manuel dans le monastère), les tâches les plus ordinaires, voire les plus ingrates, doivent être exécutées avec la même attention que pendant la méditation assise. Jamais une tradition spirituelle n'a mis autant l'accent sur cette adhésion la plus complète possible à la réalité ordinaire et à la conscience de tous les jours. Le zen est une spiritualité "terre à terre".
Philippe Filliot, Sociétés, 2014/4, n°126.
Jean Siméon Chardin est un peintre du xviiie s. connu pour ses natures mortes. La toile ci-dessous, l'une de ses premières, a été vendue plus de deux millions d'euros les 14 et 15 décembre 2015 lors d'une vente aux enchères à l'Hôtel Drouot.
Jean Siméon Chardin, Plateau de pêches avec bocal, environ 1724-1728.