Racontez votre pire et votre meilleur souvenir de lecture, dans l'ordre de votre choix.
Qu'est-ce que les livres représentent pour vous aujourd'hui ?
Faites, sur l'oeuvre que vous avez choisie, l'un des sujets suivants :
1. faites la liste de toutes les oeuvres lues pendant l'année.
2. Quelle a été votre oeuvre préférée ? Pourquoi ?
3. Préparez, par groupes de 2 à 4, une présentation brève et originale inspirée par cette oeuvre : saynète, chanson, bande-annonce (avec de vrais acteurs, des playmobils, etc.), interview de l'auteur ou des personnages, reportage sur un évènement du livre, livre pop-up, vlog, etc. Votre présentation pourra être live ou enregistrée.
Quels sont les trois livres que vous emporteriez sur une île déserte ? Pourquoi ?
Imaginez une histoire fantastique qui puisse illustrer ce que signifie, pour vous, l'écriture.
Comparez le texte de Borges et la citation de Barthes.
"Ecrire, c'est ébranler le sens du monde, y disposer une interrogation indirecte, à laquelle l'écrivain, par un dernier suspens, s'abstient de répondre. La réponse, c'est chacun de nous qui la donne, y apportant son histoire, son langage, sa liberté ; mais comme histoire, langage et liberté changent infiniment, la réponse du monde à l'écrivain est infinie : on ne cesse jamais de répondre à ce qui a été écrit hors de toute réponse : affirmés, puis mis en rivalité, puis remplacés, les sens passent, la question demeure."
R. Barthes, Sur Racine, éd. du Seuil, 1963 (première édition 1960)
... thy rope of sands...
George Herbert (1593-1633)
La ligne est composée d'un nombre infini de points ; le plan, d'un nombre infini de lignes ; le volume, d'un nombre infini de plans ; l'hypervolume, d'un nombre infini de volumes... Non, décidément, ce n'est pas là, more geometrico, la meilleure façon de commencer mon récit. C'est devenu une convention aujourd'hui d'affirmer de tout conte fantastique qu'il est véridique ; le mien, pourtant, est véridique.
Je vis seul, au quatrième étage d'un immeuble de la rue Belgrano. II y a de cela quelques mois, en fin d'après-midi, j'entendis frapper à ma porte. J'ouvris et un inconnu entra. C'était un homme grand, aux traits imprécis. Peut-être est-ce ma myopie qui me les fit voir de la sorte. Tout son aspect reflétait une pauvreté décente. II était vêtu de gris et il tenait une valise à la main. Je me rendis tout de suite compte que c'était un étranger. Au premier abord, je le pris pour un homme âgé ; ensuite je constatai que j'avais été trompé par ses cheveux clairsemés, blonds, presque blancs, comme chez les Nordiques. Au cours de notre conversation, qui ne dura pas plus d'une heure, j'appris qu'il était originaire des Orcades.
Je lui offris une chaise. L'homme laissa passer un moment avant de parler. II émanait de lui une espèce de mélancolie, comme il doit en être de moi aujourd'hui.
- Je vends des bibles, me dit-il.
Non sans pédanterie, je lui répondis :
- II y a ici plusieurs bibles anglaises, y compris la première, celle de Jean Wiclef. J'ai également celle de Cipriano de Valera, celle de Luther, qui du point de vue littéraire est la plus mauvaise, et un exemplaire en latin de la Vulgate. Comme vous voyez, ce ne sont pas précisément les bibles qui me manquent.
Après un silence, il me rétorqua :
- Je ne vends pas que des bibles. Je puis vous montrer un livre sacré qui peut-être vous intéressera. Je l'ai acheté à la frontière du Bikanir.
Il ouvrit sa valise et posa l'objet sur la table. C'était un volume in-octavo, relié en toile. Il avait sans aucun doute passé par bien des mains. Je l'examinai ; son poids insolite me surprit. En haut du dos je lus Holy Writ et en bas Bombay.
- Il doit dater du dix-neuvième siècle, observai-je.
- Je ne sais pas. Je ne l'ai jamais su, me fut-il répondu.
Je l'ouvris au hasard. Les caractères m'étaient inconnus. Les pages, qui me parurent assez abîmées et d'une pauvre typographie, étaient imprimées sur deux colonnes à la façon d'une bible. Le texte était serré et disposé en versets. A l'angle supérieur des pages figuraient des chiffres arabes. Mon attention fut attirée sur le fait qu'une page paire portait, par exemple, le numéro 40514 et l'impaire, qui suivait, le numéro 999. Je tournai cette page; au verso la pagination comportait huit chiffres. Elle était ornée d'une petite illustration, comme on en trouve dans les dictionnaires : une ancre dessinée à la plume, comme par la main malhabile d'un enfant.
L'inconnu me dit alors:
- Regardez-la bien. Vous ne la verrez jamais plus.
Il y avait comme une menace dans cette affirmation, mais pas dans la voix.
Je repérai sa place exacte dans le livre et fermai le volume. Je le rouvris aussitôt. Je cherchai en vain le dessin de l'ancre, page par page. Pour masquer ma surprise, je lui dis :
- Il s'agit d'une version de l'Ecriture Sainte dans une des langues hindoues, n'est-ce pas ?
- Non, me répondit-il.
Puis, baissant la voix comme pour me confier un secret :
- J'ai acheté ce volume, dit-il, dans un village de la plaine, en échange de quelques roupies et d'une bible. Son possesseur ne savait pas lire. Je suppose qu'il a pris le Livre des Livres pour une amulette. II appartenait à la caste la plus inférieure; on ne pouvait, sans contamination, marcher sur son ombre. II me dit que son livre s'appelait le livre de sable, parce que ni ce livre ni le sable n'ont de commencement ni de fin.
II me demanda de chercher la première page.
Je posai ma main gauche sur la couverture et ouvris le volume de mon pouce serré contre l'index. Je m'efforçai en vain : il restait toujours des feuilles entre la couverture et mon pouce. Elles semblaient sourdre du livre.
- Maintenant cherchez la dernière.
Mes tentatives échouèrent de même; à peine pus-je balbutier d'une voix qui n'était plus ma voix :
- Cela n'est pas possible.
Toujours à voix basse le vendeur de bibles me dit :
- Cela n'est pas possible et pourtant cela est. Le nombre de pages de ce livre est exactement infini. Aucune n'est la première, aucune n'est la dernière. Je ne sais pourquoi elles sont numérotées de cette façon arbitraire. Peut-être pour laisser entendre que les composants d'une série infinie peuvent être numérotés de façon absolument quelconque.
Jorge Luis Borges, Le Livre de sable, in Le Livre de sable, Gallimard, 1978 (première publication : 1975)
Dans le Discours de la méthode, Descartes écrit que "la lecture de tous les bons livres est comme une conversation avec les plus honnêtes gens des siècles passés, qui en ont été les auteurs". Trouvez-vous cette image appropriée ?
Comparez les deux livres évoqués par J. K. Rowling, le journal intime de Tom Jedusor et Les Contes de Beedle le barde. Comment chacun de ces livres 'parle-t-il' au lecteur ?
Dans le deuxième tome de la série Harry Potter, le jeune héros entre en possession d'un journal intime apparemment vierge. En écrivant dans ce journal, il constate qu'il peut dialoguer avec son ancien propriétaire.
Ce soir là, Harry alla se coucher avant les autres, pour examiner à nouveau le journal de Jedusor. [...]
Assis sur son lit à baldaquin, il prit une plume et un encrier et laissa tomber une goutte d'encre sur la première page du petit livre noir. Pendant un instant, la tâche d'encre brilla sous ses yeux, puis elle disparut soudain, comme aspirée par le papier. D'un geste fébrile, Harry reprit alors sa plume et écrivit : "Je m'appelle Harry Potter."
Tout comme la tâche, les mots tracés sur le papier brillèrent un instant, puis disparurent à leur tour.
Mais un instant plus tard, d'autres lettres se formèrent sur la page, comme si elle suintaient du papier, et la phrase suivante, écrite avec la même encre, apparut sous les yeux de Harry :
Bonjour, Harry Potter. Je m'appelle Tom Jedusor. Comment as-tu trouvé mon journal ?
Ces mots disparurent également, mais Harry eut le temps d'écrire :
"Quelqu'un a essayé de le jeter dans les toilettes."
Il attendit avec impatience la réponse qui ne tarda pas à apparaître :
Heureusement que j'ai consigné mes souvenirs avec quelque chose de plus durable que l'encre. Mais j'ai toujours su que certaines personnes feraient tout pour que ce journal ne soit jamais lu.
"Que voulez-vous dire ?" écrivit Harry dans une écriture tremblante d'excitation.
Je veux dire que ce journal contient le souvenir d'évènements horribles qui se sont produits au collège Poudlard et qui sont restés cachés.
J. K. Rowling, Harry Potter et la chambre des secrets, éd. Gallimard, 1998.
Dans le dernier tome de la série, Dumbledore lègue un livre pour enfants à Hermione Granger, Les Contes de Beedle le barde. Dans cet extrait, les trois amis lisent l'un des contes.
Elle ouvrit le livre et Harry vit que le symbole dont ils recherchaient le sens figurait précisément en haut de la page où débutait le conte. Hermione toussota et commença la lecture.
Il était une fois trois frères qui voyageaient au crépuscule, le long d'une route tortueuse et solitaire...
- Quand elle le racontait, maman disait que ça se passait à minuit, fit remarquer Ron qui avait allongé les jambes, ses bras derrière la tête, pour écouter.
Hermione lui jeta un regard agacé.
- Désolé, je pense simplement que c'était un peu plus effrayant si ça se passe à minuit ! insista Ron.
- Justement, ça tombe bien il n'y a pas assez de choses effrayantes dans notre vie, coupa Harry sans avoir pu s'en empêcher.
Xenophilius ne semblait pas leur prêter grande attention. Il regardait par la fenêtre, les yeux levés vers le ciel.
- Vas-y Hermione, dit Harry.
Après avoir longtemps cheminé, ils atteignirent une rivière trop profonde pour la traverser à gué et trop dangereuse pour la traverser à la nage. Les trois frères, cependant, connaissaient bien l'art de la magie. Aussi, d'un simple mouvement de baguette, ils firent apparaître un pont qui enjambait les eaux redoutables de la rivière. Ils étaient arrivés au milieu du pont lorsqu'une silhouette encapuchonnée se dressa devant eux en leur interdisant le passage.
C'était la Mort et elle leur parla...
- Excuse-moi ? l'interrompit Harry. La Mort leur parla ?
- Il s'agit d'un conte de fées, Harry !
- D'accord, désolé. Continue.
- C'était la Mort et elle leur parla. Elle était furieuse d'avoir été privée de trois victimes car, d'habitude, les voyageurs se noyaient dans la rivière. Mais elle était rusée. Elle fit semblant de féliciter les trois frères pour leurs talents de magiciens et leur annonça que chacun d'eux avait droit à une récompense pour s'être montré si habile à lui échapper.
Le plus âgé des frères, qui aimait les combats, lui demanda une baguette magique plus puissante que toutes les autres, une baguette qui garantirait la victoire à son propriétaire, dans tous les duels qu'il livrerait, une baguette digne d'un sorcier qui avait vaincu la Mort ! La Mort traversa alors le pont et s'approcha d'un sureau, sur la berge de la rivière. Elle fabriqua une baguette avec l'une des branches et en fit don à l'aîné.
Le deuxième frère, qui était un homme arrogant, décida d'humilier la Mort un peu plus et demanda qu'elle lui donne le pouvoir de rappeler les morts à la vie. La Mort ramassa alors une pierre sur la rive et la donna au deuxième frère en lui disant que cette pierre aurait le pourvoir de ressusciter les morts.
Elle demanda ensuite au plus jeune des trois frères ce qu'il désirait. C'était le plus jeune mais aussi le plus humble et le plus sage des trois, et la Mort ne lui inspirait pas confiance. Aussi demanda-t-il quelque chose qui lui permettrait de quitter cet endroit sans qu'elle puisse le suivre. A contrecœur, la Mort lui tendit alors sa propre Cape d'Invisibilité.
- La Mort a une cape d'invisibilité ? l'interrompit Harry.
- Pour s'approcher des gens sans être vue, expliqua Ron. Parfois, elle en a assez de se précipiter sur ses victimes en agitant les bras et en poussant des cris... Désolé, Hermione.
- Puis elle s'écarta et autorisa les trois frères à poursuivre leur chemin, ce qu'ils firent, s'émerveillant de l'aventure qu'ils venaient de vivre et admirant les présents que la Mort leur avait offerts.
Au bout d'un certain temps, les trois frères se séparèrent, chacun se dirigeant vers sa propre destination.
L'aîné continua de voyager pendant plus d'une semaine et arriva dans un lointain village. Il venait y chercher un sorcier avec lequel il avait eu une querelle. A présent, bien sûr, grâce à la Baguette de Sureau, il ne pouvait manquer de remporter le duel qui s'ensuivit. Laissant son ennemi mort sur le sol, l'aîné se rendit dans une auberge où il se vanta haut et fort de posséder la puissante baguette qu'il avait arrachée à la Mort en personne, une baguette qui le rendait invincible, affirmait-il.
Cette même nuit, un autre sorcier s'approcha silencieusement du frère aîné qui dormait dans son lit, abruti par le vin. Le voleur s'empara de la baguette et, pour faire bonne mesure, trancha la gorge du frère aîné.
Ainsi la Mort prit-elle le premier des trois frères.
Pendant ce temps, le deuxième frère rentra chez lui où il vivait seul. Là, il sortit la pierre qui avait le pouvoir de ramener les morts et la tourna trois fois dans sa main. A son grand étonnement et pour sa plus grande joie, la silhouette de la jeune fille qu'il avait un jour espéré épouser, avant qu'elle ne meure prématurément, apparut aussitôt devant ses yeux.
Mais elle restait triste et froide, séparée de lui comme par un voile. Bien qu'elle fût revenue parmi les vivants, elle n'appartenait pas à leur monde et souffrait de ce retour. Alors, le deuxième frère, rendu fou par un désir sans espoir, finit par se tuer pour pouvoir enfin la rejoindre véritablement.
Ainsi la Mort prit-elle le deuxième des trois frères.
Pendant de nombreuses années, elle chercha le troisième frère et ne put jamais le retrouver. Ce fut seulement lorsqu'il eut atteint un grand âge que le plus jeune des trois frères enleva sa Cape d'Invisibilité et la donna à son fils. Puis il accueillit la Mort comme une vieille amie qu'il suivit avec joie et, tels des égaux, ils quittèrent ensemble cette vie.
Hermione referma le livre. Xenophilius mit un certain temps à s'apercevoir qu'elle avait fini de lire. Il détourna alors son regard de la fenêtre et dit :
- Voilà, c'est ça.
- Pardon ? demanda Hermione, perplexe.
- Ce sont les Reliques de la Mort, répondit Xenophilius.
J. K. Rowling, Harry Potter et les Reliques de la Mort, éd. Gallimard, 2007.
Comparez les deux tableaux.
Pablo Picasso, Maternité, 1905. |
Pablo Picasso, Claude dessinant Françoise et Paloma, 1954. |
Les livres suivants sont en général assez courts, très variés, et agréables à lire.
Ce sont des 'portes d'entrée' vers de grandes oeuvres : si vous aimez un livre, vous pouvez lire d'autres oeuvres du même auteur.
XVI | XVII | XVIII | XIX | XX | XXI |