Comment 20 000 lieues sous les mers a-t-il été mis en scène par la Comédie Française ?
Transformez l'extrait suivant en scène 'dramatique' en utilisant aussi bien répliques que didascalies. Vous pouvez bien sûr tronquer le texte.
Pour mettre fin à une série de naufrages attribués à un monstre marin, une expédition est missionnée, avec à son bord le professeur Aronnax, son domestique Conseil et le harponneur Ned Land. Mais leur navire est coulé à son tour, et les trois personnages sont recueillis à bord de ce qui se révèle être un sous-marin. Dans cette scène, Aronnax tente d'expliquer au capitaine leurs motivations.
"Sachez qu’en vous poursuivant jusque sur les hautes mers du Pacifique, l’Abraham-Lincoln1 croyait chasser quelque puissant monstre marin dont il fallait à tout prix délivrer l’Océan."
Un demi-sourire détendit les lèvres du commandant, puis, d’un ton plus calme :
"Monsieur Aronnax, répondit-il, oseriez-vous affirmer que votre frégate2 n’aurait pas poursuivi et canonné un bateau sous-marin aussi bien qu’un monstre ? "
Cette question m’embarrassa, car certainement le commandant Farragut n’eût pas hésité. [...]
"J’ai longtemps hésité, reprit le commandant. Rien ne m’obligeait à vous donner l’hospitalité. Si je devais me séparer de vous, je n’avais aucun intérêt à vous revoir. Je vous remettais sur la plate-forme de ce navire qui vous avait servi de refuge. Je m’enfonçais sous les mers, et j’oubliais que vous aviez jamais existé. N’était-ce pas mon droit ?
— C’était peut-être le droit d’un sauvage, répondis-je, ce n’était pas celui d’un homme civilisé.
— Monsieur le professeur, répliqua vivement le commandant, je ne suis pas ce que vous appelez un homme civilisé ! J’ai rompu avec la société toute entière pour des raisons que moi seul j’ai le droit d’apprécier. Je n’obéis donc point à ses règles, et je vous engage à ne jamais les invoquer devant moi !"
Ceci fut dit nettement. Un éclair de colère et de dédain avait allumé les yeux de l’inconnu, et dans la vie de cet homme, j’entrevis un passé formidable. Non-seulement il s’était mis en-dehors des lois humaines, mais il s’était fait indépendant, libre dans la plus rigoureuse acception du mot, hors de toute atteinte ! Qui donc oserait le poursuivre au fond des mers, puisque, à leur surface, il déjouait les efforts tentés contre lui ? Quel navire résisterait au choc de son monitor sous-marin ? Quelle cuirasse, si épaisse qu’elle fût, supporterait les coups de son éperon ? Nul, entre les hommes, ne pouvait lui demander compte de ses œuvres. Dieu, s’il y croyait, sa conscience, s’il en avait une, étaient les seuls juges dont il put dépendre.
Ces réflexions traversèrent rapidement mon esprit, pendant que l’étrange personnage se taisait, absorbé et comme retiré en lui-même. Je le considérais avec un effroi mélangé d’intérêt, et sans doute, ainsi qu’Œdipe considérait le Sphinx.
Jules Verne, Vingt mille lieues sous les mers, première partie, chapitre 10, 1869-1870.
1. Relevez, dans le texte précédent, les phrases à la forme négative. Que remarquez-vous ?
2. Ces phrases sont-elles toutes identiques ? Pouvez-vous distinguer différentes formes de négation ?
Proposez, à propos du capitaine Némo, deux ou trois phrases avec une négation exceptive.