Problématique : Comment la presse et les médias permettent-ils de sensibiliser à la question de l'environnement ?
Écoutez le discours prononcé par Jacques Chirac en 2002. Qu'est-ce qui fait la force de ce début de discours ?
Proposez un début de discours sur une cause contemporaine : les jets privés, la gestion de l'eau, etc. Vous vous inspirerez du discours étudié.
"Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre. L'humanité souffre. Elle souffre de mal-développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indifférents. La terre et l'humanité sont en péril et nous en sommes tous responsables.
Il est temps, je crois, d'ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d'alerte s'allument. L'Europe est frappée par des catastrophes naturelles et des crises sanitaires. L'économie américaine, souvent boulimique en ressources naturelles, paraît atteinte d'une crise de confiance dans ses modes de régulation. L'Amérique Latine est à nouveau secouée par la crise financière et donc sociale. En Asie, la multiplication des pollutions, dont témoigne le nuage brun, s'étend et menace d'empoisonnement un continent tout entier. L'Afrique est accablée par les conflits, le SIDA, la désertification, la famine. Certains pays insulaires sont menacés de disparition par le réchauffement climatique.
Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le 21e siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d'un crime de l'humanité contre la vie. [...]"
Javques Chirac, discours prononcé au IVe sommet de la Terre le 2 août 2002 à Johannesbourg.
Quels sont les différents sens du mot 'tribune' ?
1. Résumez ce texte en six phrases.
2. Parmi ces six phrases, laquelle indique le sujet traité ? laquelle présente la thèse ? Lesquelles présentent les arguments utilisés ?
Pensez-vous que poursuivre en justice les grandes entreprises soit un moyen efficace pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Vous veillerez à présenter le plus clairement possible votre point de vue en utilisant au moins un argument et un exemple concret.
Tribune. Inondations en Allemagne, en Belgique et en Chine ; mégafeux en Californie (Etats-Unis), en Grèce, en Turquie ou en Sibérie (Russie) ; records de température dans le nord-ouest du continent américain : chronique de l'urgence climatique au fil de l'été. Les populations, et parmi elles les groupes les plus vulnérables, sont en première ligne. Qui en sera tenu responsable ? [...]
Les Etats ne sont pas à la hauteur, leurs engagements trop modestes. Au regard de l'objectif fixé par la communauté internationale, qui est de demeurer en deçà de la limite de 2 °C d'élévation de la température, le compte n'y est pas. Le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) estime, dans son sixième rapport, que les contributions annoncées dans le cadre de l'accord de Paris de 2015 nous placent sur une trajectoire de 2,7 °C d'ici à la fin du siècle. En outre, même peu ambitieuses, ces promesses ne sont pas tenues. Les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître, au même rythme où se succèdent les sommets et les tribunes des scientifiques.
Or, il est frappant de constater qu'une poignée d'entreprises est responsable, pour une part significative, de la machine infernale mise en route. Les géants du pétrole, du gaz, du charbon et du ciment - soit environ 100 entreprises - sont à eux seuls responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre depuis le début de l'ère industrielle. [...] La responsabilité de ces acteurs est considérable, mais leur impunité au regard du changement climatique demeure presque complète : c'est un angle mort des politiques environnementales.
Les juges peuvent y contribuer. [...] Au début de l'année 2020, quatorze collectivités territoriales se joignaient à plusieurs associations, pour dénoncer l'"inaction climatique" de Total. Dans une décision historique du 26 mai, le tribunal de La Haye condamnait la pétrolière Shell à réduire les émissions de CO2 résultant non seulement de ses activités, mais aussi de ses chaînes d'approvisionnement, de manière à atteindre une réduction de 45 % en 2030, par rapport à 2019.
Il est temps d'accélérer. Le changement climatique est, par excellence, un sujet que les mécanismes politiques traditionnels sont mal outillés pour gérer. Le système politique, qui opère souvent sur le temps court en fonction des préoccupations immédiates de l'électorat, n'est pas en mesure de relever le défi qui consiste à prendre des décisions courageuses ayant des effets à moyen voire long terme. Il est temps d'inverser la logique, et de permettre aux communautés affectées par la crise environnementale de saisir la justice, partout où c'est possible, afin de responsabiliser les entreprises pour leur contribution au changement climatique. [...]
En lançant la campagne #SeeYouInCourt, nous affirmons que l'on ne peut plus attendre. Déjà, de Madagascar au "corridor sec" d'Amérique centrale, les sécheresses causent de l'insécurité alimentaire, et la montée des eaux et des inondations à répétition forcent des migrations de masse. Nous demandons justice pour le climat, et que les entreprises qui sont les premières responsables des ruptures climatiques, enfin, rendent des comptes.
Olivier de Schutter et Alice Mogwe, "Nous demandons justice pour le climat", Le Monde, 31 octobre 2021.
Étudiez la photo ci-contre. Qu'est-ce qui fait sa force ?
Allez sur les archives du site worldpressphoto.org.
Quelle photo vous paraît la plus intéressante ? Notez l'année, le nom de la photo, et expliquez pourquoi.
Panayiota Kritsiopi crie alors qu'un feu de forêt s'approche de sa maison dans le village de Gouves, sur l'île de Evia, en Grèce.
Konstantinos Tsakalidis, "Feu de forêt sur l'île d'Eubée", pour Bloomberg News, août 2021.
D'où vient le mot "reportage" ?
1. Comment, dans les deux premiers paragraphes, les lieux sont-ils décrits ?
2. À quoi servent les paragraphes suivants ? Qu'est-ce qui les caractérise ?
Pourquoi le reportage est-il ainsi construit ?
Longtemps fermée aux étrangers, la ville, à 400 km de Moscou, fabriquait les armes chimiques soviétiques. Elle est devenue une bombe toxique.
Dzerjinsk (Russie) envoyée spéciale - De la route en terre s'élèvent d'épaisses volutes de poussière. Au bout, c'est un décor de fin du monde qui nous attend. Au milieu d'une forêt de bouleaux éventrée, un trou noir. De cette masse informe d'une centaine de mètres de circonférence, profonde comme un immeuble de sept étages inversé peut-être plus, allez savoir, personne ne l'a jamais mesurée précisément, surgissent des bidons, rouillés, tordus, qui paraissent hors d'âge. Impossible de s'aventurer plus loin que les bords : le sol, mou, se dérobe. Des fils gluants comme du chewing-gum s'étirent sous la semelle. L'odeur, exacerbée par un soleil de plomb inhabituel au printemps, est suffocante.
De l'autre côté de la piste, quelques foulées dans l'herbe sèche mènent tout droit à un immense toit de tôle, sorte de hangar désaffecté sous lequel sont dissimulés des monticules de terre, de gravats et de plaques d'amiante. Une côte à gravir et l'on débouche sur une énorme cuvette de boue aux tons multiples qui exhale cette fois des remugles de dissolvants. Dans un coin, un long tuyau à bout de souffle maintenu en hauteur crache une eau couleur orange vif qui retombe en glougloutant sur le sol. D'ici, des cheminées d'usine se distinguent nettement. Certaines tombent en ruine, leurs flancs couverts de touffes d'herbe. D'autres fonctionnent encore.
Dzerjinsk, érigée le long de la rivière Oka, s'étiole à l'ombre de Nijni Novgorod, la métropole de 1,3 million d'habitants, ancienne cité impériale, distante d'à peine 35 kilomètres, sur les bords de la Volga. A côté, Dzerjinsk, ainsi nommée en l'honneur de Feliks Dzerjinski, fondateur de la terrible Tcheka, la première police politique soviétique, fait pâle figure avec sa population qui décroît : 232 000 habitants aujourd'hui, 287 000 en 1993. Dzerjinsk, son industrie à l'agonie, sa grand-place sans charme dominée par la statue de l'auguste bolchevique, et ses plaies béantes laissées par la main de l'homme.
A l'origine, ce n'était qu'un village de pêcheurs, Tchernoïe ("noir"). Puis une modeste bourgade nommée Rastiapino, une station sur la ligne de chemin de fer reliant Nijni Novgorod à Moscou, la capitale russe, située à quelque 400 kilomètres à l'ouest. Nul n'a songé à la débaptiser après la chute de l'URSS, en 1991, pour lui redonner son nom historique, Rastiapino, que l'on pourrait traduire par "ville des maladroits". Car tout a radicalement changé dans les années 1930, lorsqu'elle est devenue la capitale soviétique de l'industrie chimique.
Isabelle Mandraud, "Contaminations : Les stigmates de Dzerjinsk", Le Monde Environnement & Sciences, 4 septembre 2018.
Expliquez pourquoi le présent est utilisé dans les phrases ci-contre.
a. Les géants du pétrole, du gaz, du charbon et du ciment - soit environ 100 entreprises - sont à eux seuls responsables de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre depuis le début de l'ère industrielle.
b. Il est temps d'inverser la logique, et de permettre aux communautés affectées par la crise environnementale de saisir la justice, partout où c'est possible.
c. De la route en terre s'élèvent d'épaisses volutes de poussière.
1. Dans les phrases soulignées dans l'extrait suivant, identifiez les verbes au présent de l'indicatif, et indiquez leur valeur.
2. Qu'est-ce qui rend ce début de reportage dynamique et immersif ? Rédigez un paragraphe argumenté pour répondre.
3. Reprenez la photographie de la séance 03 et écrivez un début de reportage en utilisant le présent et ses différentes valeurs.
Vallée de l'Euphrate (Irak) - envoyée spéciale - Du haut de l'ancien complexe touristique construit sur les bords du lac Sawa, dans la province d'Al-Mouthanna, dans le sud de l'Irak, le désert s'étend à perte de vue. Eventrés, les bâtiments sont à l'abandon depuis l'invasion américano-britannique de 2003. "Jadis, il y avait de l'eau jusqu'aux berges, des poissons et des oiseaux. On venait se baigner, pique-niquer et se promener en barque sur le lac", se souvient, avec nostalgie, Abdallah, un chauffeur de taxi de 40 ans venu de Samawa, la ville voisine, pour profiter du calme du lieu en milieu de journée. Aujourd'hui, c'est tout l'écosystème de Sawa qui est menacé de disparition.
En avril, le lac s'est complètement asséché. Il s'était formé il y a plus de cinq mille ans près de l'Euphrate, à l'extrémité ouest de la vallée fertile de Mésopotamie qui s'étend jusqu'au Tigre, le berceau de la civilisation sumérienne qui a donné au monde l'écriture et l'agriculture. Au début de l'été, de l'eau a refait surface. Mais du lac, alimenté par la seule nappe phréatique qui remonte dans le sol à travers des crevasses et des fissures, il ne subsiste qu'une mare au milieu d'un cratère béant de cinq kilomètres sur deux. "Le lac Sawa n'est plus qu'à 5 % ou 10 % de sa superficie initiale. Il ne reviendra jamais à son niveau d'avant. Si on arrive au moins à préserver cette surface, ce sera un accomplissement", confie Youssef Jaber, chargé de l'environnement pour la province d'Al-Mouthanna.
Longtemps, le lac Sawa est resté stable. "Il est situé très bas, à six mètres au-dessus du niveau de la mer et à 200 mètres sous les plateaux désertiques environnants, ce qui lui permet de recueillir les eaux souterraines venant de Syrie et d'Arabie saoudite", explique Ali Hanoush,un expert agronome et ancien membre du conseil régional d'Al-Mouthanna. Le site, unique en son genre, est protégé depuis 2014 par la convention de Ramsar relative aux zones humides. Situé dans une zone de cuvettes salées, formé sur des roches limoneuses et ceint de barrières de gypse, il agit d'habitude comme un régulateur climatique contre la désertification rampante dans la région. Ses eaux hébergeaient des crevettes et des poissons qui nourrissaient les oiseaux migrateurs faisant étape sur ses berges, dont des espèces vulnérables comme l'aigle impérial, l'outarde houbara et la sarcelle marbrée.
Parmi ces deux textes, lequel est un reportage ? Lequel est une tribune ? Justifiez votre réponse.
1. Quelles sont les règles d'écriture du reportage ? De la tribune ?
2. Quels sont les points communs entre les deux genres ?
Parmi les genres de la presse que nous avons étudiés, lequel vous paraît le plus à même de sensibiliser les gens, et pourquoi ?
Nous, soussignés, représentons des disciplines et domaines académiques différents. Les vues que nous exprimons ici nous engagent et n'engagent pas les institutions pour lesquelles nous travaillons. Quels que soient nos domaines d'expertise, nous faisons tous le même constat : depuis des décennies, les gouvernements successifs ont été incapables de mettre en place des actions fortes et rapides pour faire face à la crise climatique et environnementale dont l'urgence croît tous les jours. Cette inertie ne peut plus être tolérée.
Les observations scientifiques sont incontestables et les catastrophes se déroulent sous nos yeux. Nous sommes en train de vivre la sixième extinction de masse, plusieurs dizaines d'espèces disparaissent chaque jour, et les niveaux de pollution sont alarmants à tous points de vue (plastiques, pesticides, nitrates, métaux lourds…).
Pour ne parler que du climat, nous avons déjà dépassé le 1 °C de température supplémentaire par rapport à l'ère préindustrielle, et la concentration de CO2 dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée depuis plusieurs millions d'années. [...]
L'appel de 1 000 scientifiques : "Face à la crise écologique, la rébellion est nécessaire ", Le Monde, 20/02 2020.
À la sortie du long virage qui laisse entrevoir les premiers chalets de Fort Chipewyan, un panneau invite tout individu témoin d'un crime à contacter la cellule téléphonique mise à disposition par la police. La localité de 900 âmes du nord de l'Alberta, accessible par la route seulement quelques semaines par an, lorsque le froid est si mordant qu'il fige le lit des rivières en une glace suffisamment épaisse pour laisser circuler les véhicules, n'a pourtant pas le profil d'une cité de la peur. Ses habitants sont d'ailleurs bien incapables de se remémorer le moindre acte criminel commis ces dernières années dans le village peuplé de Premières Nations Mikisew Cree et Athabasca Chipewyan, deux groupes amérindiens parmi les cinquante composantes autochtones du Canada.
La population de "Fort Chip", pourtant, débute la journée avec la boule au ventre, redoutant de tomber malade et inquiète pour l'avenir du lac dont la rive méridionale domine le panorama. Au milieu de l'hiver, seules quelques taches sombres rompent la monotonie de cette ligne d'horizon d'un blanc infini : elles signalent les îlots sur lesquels la végétation émerge du manteau neigeux.
D'une superficie de près de 8 000 km2, le lac est de loin la plus grande retenue d'eau d'Alberta et de l'Etat voisin du Saskatchewan. Il est aussi la principale source de subsistance pour les populations amérindiennes, habituées depuis toujours à pêcher le grand brochet et le doré jaune dans l'Athabasca, à traquer le caribou, l'élan ou le bison dans les forêts alentour et à récolter des baies dans la nature environnante. Un mode de vie ancestral qui semble de moins en moins compatible avec une autre histoire albertaine, débutée celle-là vers la fin des années 1960, celle de l'extraction du pétrole issu des sables bitumineux.
"On ne fait que survivre au jour le jour, maugrée Ray Ladouceur, un pêcheur de 76 ans. Depuis plus d'un demi-siècle, je vis du produit de ma pêche. Quand les entreprises minières ont commencé à déverser leurs eaux usées dans la rivière Athabasca, qui se jette dans le lac, elles ont contaminé le poisson. Aujourd'hui, l'eau est polluée et le gouvernement a dû interdire la commercialisation de la pêche." "Jusqu'où irons-nous, nous, les êtres humains, dans la destruction de toute chose ?", s'interroge le vieil homme avant de confier avoir perdu une quinzaine de membres de sa famille, victimes de cancers. Les rejets industriels qui affectent l'air, l'eau et le sol en seraient la cause.
Stéphane Foucart, "Au Canada, troisième réserve pétrolière mondiale, le poison de l’or noir de l’Alberta [Contaminations 3/7]", Le Monde Environnement & Sciences, 7 septembre 2018.