La Légende de Saint Julien L'Hospitalier

Objet d'étude : Le roman et le récit du XVIIIe siècle au XXIe siècle

Support : Gustave Flaubert, La Légende de Saint Julien L'Hospitalier, 1877.

Problématique : Saint Julien, modèle, repoussoir ou victime ?

Exposés : la cruauté ; la famille ; les animaux.

Séance 01

La Légende...

Observation

Observez les deux couvertures ci-contre ? Quelles informations pouvez-vous en déduire ? Quelles questions se posent ?

Pistes

Séance 02

Les prophéties

Oral

Proposez une lecture du texte ci-contre à plusieurs voix.

Pistes

La nouvelle accouchée n'assista pas à ces fêtes. Elle se tenait dans son lit, tranquillement. Un soir, elle se réveilla, et elle aperçut, sous un rayon de la lune qui entrait par la fenêtre, comme une ombre mouvante. C'était un vieillard en froc de bure, avec un chapelet au côté, une besace sur l'épaule, toute l'apparence d'un ermite. Il s'approcha de son chevet et lui dit, sans desserrer les lèvres :

- Réjouis-toi, ô mère ! ton fils sera un saint !

Elle allait crier ; mais, glissant sur les rais de la lune, il s'éleva dans l'air doucement, puis disparut. Les chants du banquet éclatèrent plus fort. Elle entendit les voix des anges ; et sa tête retomba sur l'oreiller, que dominait un os de martyr dans un cadre d'escarboucles.

Le lendemain, tous les serviteurs interrogés déclarèrent qu'ils n'avaient pas vu d'ermite. Songe ou réalité, cela devait être une communication du ciel ; mais elle eut soin de n'en rien dire, ayant peur qu'on ne l'accusât d'orgueil.

Gustave Flaubert, La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, in Trois Contes, 1877.

Oral

Proposez une lecture du texte ci-contre à plusieurs voix.

Pistes

Les convives s'en allèrent au petit jour ; et le père de Julien se trouvait en dehors de la poterne, où il venait de reconduire le dernier, quand tout à coup un mendiant se dressa devant lui, dans le brouillard. C'était un Bohême à barbe tressée, avec des anneaux d'argent aux deux bras et les prunelles flamboyantes. Il bégaya d'un air inspiré ces mots sans suite :

- "Ah ! ah ! ton fils !... beaucoup de sang !... beaucoup de gloire !... toujours heureux ! la famille d'un empereur."

Et, se baissant pour ramasser son aumône, il se perdit dans l'herbe, s'évanouit.

Le bon châtelain regarda de droite et de gauche, appela tant qu'il put. Personne. Le vent sifflait, les brumes du matin s'envolaient.

Il attribua cette vision à la fatigue de sa tête pour avoir trop peu dormi.

"Si j'en parle, on se moquera de moi," se dit-il.

Cependant les splendeurs destinées à son fils l'éblouissaient, bien que la promesse n'en fût pas claire et qu'il doutât même de l'avoir entendue.

Gustave Flaubert, La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, in Trois Contes, 1877.

Analyse

Comment l'extrait que vous avez lu est-il construit ? Pourquoi, selon vous ?

Séance 03

L'art de la description

Notion

Les classes et les fonctions

Application

1. Identifiez les fonctions des groupes nominaux présents dans cette phrase : "C'était un Bohême à barbe tressée, avec des anneaux d'argent aux deux bras et les prunelles flamboyantes."

2. Même question sur les sujets de ces propositions : "Le cerf, qui était noir et monstrueux de taille, portait seize andouillers avec une barbe blanche. La biche, blonde comme les feuilles mortes, broutait le gazon ; et le faon tacheté, sans l'interrompre dans sa marche, lui tétait la mamelle.".

Pistes

Séance 04

Le massacre

Oral

Julien est-il le héros dans cet extrait ?

Pistes

Analyse

Comment évolue l'atmosphère de cette scène ?

La nuit allait venir ; et derrière le bois, dans les intervalles des branches, le ciel était rouge comme une nappe de sang.

Julien s'adossa contre un arbre. Il contemplait d'un œil béant l'énormité du massacre, ne comprenant pas comment il avait pu le faire.

De l'autre côté du vallon, sur le bord de la forêt, il aperçut un cerf, une biche et son faon.

Le cerf, qui était noir et monstrueux de taille, portait seize andouillers avec une barbe blanche. La biche, blonde comme les feuilles mortes, broutait le gazon ; et le faon tacheté, sans l'interrompre dans sa marche, lui tétait la mamelle.

L'arbalète encore une fois ronfla. Le faon, tout de suite, fut tué. Alors sa mère, en regardant le ciel, brama d'une voix profonde, déchirante, humaine. Julien exaspéré, d'un coup en plein poitrail, l'étendit par terre.

Le grand cerf l'avait vu, fit un bond. Julien lui envoya sa dernière flèche. Elle l'atteignit au front, et y resta plantée.

Le grand cerf n'eut pas l'air de la sentir ; en enjambant par-dessus les morts, il avançait toujours, allait fondre sur lui, l'éventrer ; et Julien reculait dans une épouvante indicible. Le prodigieux animal s'arrêta ; et les yeux flamboyants, solennel comme un patriarche et comme un justicier, pendant qu'une cloche au loin tintait, il répéta trois fois :

- "Maudit ! maudit ! maudit ! Un jour, cœur féroce, tu assassineras ton père et ta mère !"

Il plia les genoux, ferma doucement ses paupières, et mourut.

Gustave Flaubert, La Légende de Saint Julien l'Hospitalier, in Trois Contes, 1877.

Séance 05

Entre-deux

Recherche

1. Comparez les deux scènes de chasse.

2. Relevez, dans le récit de Flaubert, d'autres symétries.

3. Pourquoi, selon vous, le récit est-il construit ainsi ?

Pistes

La première chasse de "Un matin d'hiver..." à "...presque immédiatement à la porte du château" (1ère partie) La dernière chasse de "Un soir du mois d'août..." à "...il décrocha son carquois" et de "Julien avait traversé le parc..." à "...il aurait voulu massacrer les hommes" (2ème partie).
Saison
Moment
Lieux
Espèces chassées
Attitudes des animaux
Sentiments de Julien

Séance 06

Légende ou conte ?

Lecture

1. Lisez La Belle au bois dormant de Charles Perrault. Quels points communs pouvez-vous mettre en évidence entre les deux récits ?

2. Selon vous, le personnage de Saint Julien est-il un modèle, un exemple à ne pas suivre ou une victime ?

3. Quelle morale pouvez-vous tirer de La Légende de Saint Julien L'Hospitalier ?

Séance 07

Les thèmes de la légende

Exposés

La cruauté ; la famille ; les animaux.

Pistes

Éléments restrictifs

Une prestation orale ne peut atteindre la moyenne si l'un des éléments suivants est présent :

- l'exposé ne traite pas le sujet ;

- l'exposé est une simple redite du récit :

- l'exposé n'est pas compréhensible en plusieurs endroits ;

- l'exposé est très court (1 ou 2mn) ;

/20 De 1 à 5 De 6 à 10 De 11 à 15 De 16 à 20
S'exprimer à l'oral

L'expression et le niveau de langue orale sont acceptables.

L'expression et le niveau de langue orale sont corrects.

L'expression est fluide et le niveau de langue orale est correct.

L'élève s'adresse à son auditeur.

L'expression est fluide et le niveau de langue orale est correct.

L'élève communique avec aisance et conviction.

Construire une réflexion

Le sujet est pris en compte.

La réponse est structurée.

Plusieurs remarques pertinentes sont proposées.

Une problématique pertinente est proposée.

La réponse est structurée et suit une logique perceptible.

Des analyses pertinentes sont proposées.

Une problématique stimulante est proposée.

La réponse est structurée et suit une logique explicite.

Des analyses pertinentes sont développées.

Mobiliser une culture littéraire

L'exposé présente plusieurs des notions attendues.

L'exposé présente la majeure partie des notions attendues.

Des références précises à l'oeuvre sont proposées.

L'exposé présente la totalité des notions attendues.

Des références précises à l'oeuvre sont développées.

Séance 08

Appropriation

Écriture

Sur votre journal de lecteur, vous pouvez :

- imaginer des "fanfictions" : des suites (que devient la femme de Julien), des préquels, des alternatives (une autre réaction de Julien après le meurtre de ses parents), etc. ;

- réaliser le storyboard d'une scène ou l'affiche du film ;

- écrire une interview de l'auteur, rencontré par un journaliste à l'occasion de la sortie de son texte ;

- réaliser une autre activité de votre choix, en justifiant.

Séance 09

Révision de grammaire

Recherche

Indiquez la nature et la fonction des mots ou des groupes soulignés.

Après une minute d’hésitation, Julien dénoua l’amarre. L’eau, tout de suite, devint tranquille, la barque glissa dessus et toucha l’autre berge, où un homme attendait.

En approchant de lui la lanterne, Julien s’aperçut qu’une lèpre hideuse le recouvrait ; cependant, il avait dans son attitude comme une majesté de roi.

Dès qu’il entra dans la barque, elle enfonça prodigieusement, écrasée par son poids ; une secousse la remonta ; et Julien se mit à ramer.