Tiphaine, la parole est à vous !
Dans les écrits des élèves, qu'ils soient spontanés ou contraints, des erreurs apparaissent inéluctablement. Certaines sont parfois analysées de façon externe, dans un rapport simpliste aux formes attendues et non dans une relation aux procédures formulées par les élèves. Certaines erreurs ou solutions graphiques sont également perçues comme des régressions par rapport à des savoirs antérieurs, apparemment installés. Pourtant, l'orthographe produite – nous pourrions dire « inventée » ou « approchée » – suit des logiques souvent déconcertantes. En fait, ces apparentes régressions ou ces réponses contradictoires apparaissent quand les élèves acquièrent de nouveaux principes. Ils trouvent ainsi des solutions intelligentes et réorganisent leurs connaissances sur la base de nouvelles règles ou connaissances. Si l'on n'y prend garde – et surtout si l'on ne s'attache qu'à la surface de leurs productions –, on passe à côté des raisonnements sous-jacents à ces erreurs.
Chiss, J. et David, J. (2018) . Chapitre 6. L'orthographe du français et son apprentissage. Didactique du français Enjeux disciplinaires et étude de la langue. ( p. 229 -248 ). Armand Colin. https://doi.org/10.3917/arco.chiss.2018.01.0229.
Dans le cadre d'une recherche-action, ces dictées innovantes ont été expérimentées dans 23 classes au cours de la première année du projet (14 au primaire et 9 au secondaire) et dans 18 classes (avec essentiellement les mêmes enseignants) lors de la seconde année (13 au primaire et 5 au secondaire). Les données recueillies en octobre et en mai de chaque année comprennent, comme pré-et post-test, une dictée évaluative et une production écrite. [...] Pour l'ensemble des deux années du projet, le corpus correspond aux dictées de 777 élèves, présents aux deux moments de prise de données, et aux textes produits par 722 élèves. [...]
Les résultats montrent que les progrès réalisés aussi bien en dictée qu'en production écrite vont bien au-delà de ce qui apparait comme un progrès « normal », mesuré en dehors d'une approche déterminée. Les progrès sont particulièrement importants chez les élèves faibles, réduisant ainsi l'hétérogénéité des performances qui caractérise tous les niveaux scolaires en début d'année.
Fisher, C., & Nadeau, M. (2014b). Le développement des compétences en orthographe grammaticale par la pratique de dictées. La Lettre de l'AIRDF. https://doi.org/10.3406/airdf.2014.2010
Le débat orthographique agit ainsi sur deux plans. D’une part, il renforce la maitrise d’une notion parce que certaines de ses propriétés, négligées, sont rappelées, ou que certaines manipulations, lacunaires, sont complétées. D’autre part, il peut générer un conflit dont le dépassement repose sur une attention nouvelle à certains aspects linguistiques. [...] en verbalisant ce qu’ils ont fait, en prenant conscience de ce qu’ils pensent, les élèves travaillent à une autre posture intellectuelle : le langage n’est plus seulement un moyen de communication, c’est aussi un objet sur lequel on peut réfléchir ; la norme n’est plus quelque chose qu’on subit, mais quelque chose qu’on partage. Ce rapport au langage et aux normes ne va pas de soi chez les élèves de milieux populaires, alors qu’il se révèle déterminant pour apprendre (Lahire, 1993 ; Bautier, 2001 ; Bautier & Branca, 2002 ; Bautier & Goigoux, 2004).
Cogis, D. (2020). Ce qu’apportent les interactions verbales à l’acquisition de l’orthographe grammaticale. Recherches en éducation, 40.
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