INSPE ANGERS - M2

Analyse de l'activité

L'enseignement/apprentissage de l'écriture (évaluation S4)

Le corpus Resolco

SUJET : Racontez une histoire dans laquelle vous insérerez séparément et dans l’ordre donné les trois phrases suivantes.

1. Elle habitait dans cette maison depuis longtemps.

2. Il se retourna en entendant ce grand bruit.

3. Depuis cette aventure les enfants ne sortent plus la nuit.

Vous pouvez écrire avant la première phrase mais pas après la dernière.

http://www.univ-paris3.fr/ecriscol

Analyse de l'activité

En vous appuyant sur vos connaissances didactiques, proposez

1) Une analyse a priori de la consigne ;

2) Une analyse des productions des élèves ;

3) Une analyse des remarques de l’enseignante sur les copies.

La cohésion textuelle

De la même manière qu'une phrase n'est pas constituée d'un tas de mots, mais que doivent être respectées des règles de leur agencement pour constituer une phrase syntaxiquement correcte, dont les grammaires essaient de rendre compte, un texte n'est pas une suite de phrases sans règle d'enchainement. Depuis la fin des années 1970, des linguistes, comme M. Charolles (1978) ou M.-J. Bèguelin (1992)3, s'appliquent à définir des règles de cohérence textuelle4. Rappelons que l'étymologie du mot "texte" est "tissage", "tissu". Les pronoms personnels de reprise de troisième personne, le choix des temps verbaux, les connecteurs assurent ce que les linguistes appellent la cohésion du texte. Les marques de cohésion textuelle facilitent la compréhension des liens entre les phrases par le lecteur et guident son interprétation. Dans un récit, ces marques sont particulièrement importantes pour assurer le repérage des personnages, des lieux et de la temporalité.

Garcia-Debanc, C. (2022). Former les enseignant·es à l'évaluation de la cohérence/cohésion textuelle dans des textes narratifs. Pratiques, 195‑196. https://doi.org/10.4000/pratiques.12362

Réécriture et épaississement

Chez de jeunes élèves comme chez les adultes invités à retravailler leurs textes (textes de fiction ou textes théoriques), on observe les mêmes phénomènes : les textes commencent par augmenter en nombre de mots. Parfois, après plusieurs réécritures, ils se réduisent, s'épurent linguistiquement et gagnent en épaisseur sémantique. La syntaxe devient plus complexe, les pensées s'enchâssent, les blancs laissés au lecteur pour comprendre implicitement augmentent [...], les connecteurs évoluent, les mots choisis entrent en écho. Mais il faut du temps et mettre en sommeil les textes pour observer ces phénomènes.

Bucheton D. (2014). Refonder l'enseignement de l'écriture. Retz.

L'utilisation du brouillon

Pour un jeune écolier en difficulté, les modifications sont coûteuses dans un brouillon rédigé où il faut casser, au moyen de suppressions, de déplacements ou d'ajouts, les ligatures qui ont fixé les structures du texte. Signe que le raturage dans le brouillon classique ne peut pas tout accomplir. Or, le dessin, le schéma, le croquis, le tableau à double entrée aident plus aisément à projeter une situation narrative, voire argumentative et explicative, dans des formes visuelles complétées au moyen d'archipels textuels qui les accompagnent. Ils assurent, aussi, grâce à la mémoire spatiale, un allègement cognitif qui permet dans de nombreux cas de convoquer plus efficacement l'expertise orthographique de l'élève, grâce au délestage cognitif du dessin.

Lumbroso, O. (2018). Le Brouillon, quelle utilisation pour quel résultats ? Ecrire et rédiger: comment guider les élèves dans leurs apprentissages? Conférence de consensus du CNESCO, p.24-33

Les remarques de l'enseignant

J.-F. Halté (1984) considère les annotations portées sur les copies comme l'instrument d'un dialogue pédagogique avec l'élève et un acte susceptible de créer des capacités nouvelles. À partir d'une analyse des annotations portées sur un texte d'élève de collège au cours de sessions de formation continue avec des enseignant·es de collège, il propose une typologie de ces annotations et en recense la présence : sont majoritaires les annotations verdictives ("mal dit", " incorrect", "gauche") ou injonctives ("mettez l'imparfait ", "refaire le paragraphe"). Les annotations explicatives (" vous avez mis l'imparfait alors que jusque là vous aviez utilisé le présent") sont très rares. Ces annotations ont le plus souvent un caractère normatif. En outre, plus de 60 % des annotations portent sur la narration et l'adéquation de la copie aux normes linguistiques, alors que moins de 40 % de ces annotations sont relatives à la fiction.

Garcia-Debanc, C. (2022). Former les enseignant·es à l'évaluation de la cohérence/cohésion textuelle dans des textes narratifs. Pratiques, 195‑196. https://doi.org/10.4000/pratiques.12362

Prochain rendez-vous

Lundi 6 mai, 10h-12h (analyse de l'activité) et 13h-16h (élaboration exposés)