Didactique de l'écriture - INSPE ANGERS - M1 - première demi-journée

Comment regarder un texte d'élève ?

Lisez et corrigez le texte de Patrick.

Les annotations des enseignants

Le rapport à l'écriture

"L'écriture scolaire leur apparaît en partie étrangère à leur univers. Comme s'ils n'étaient pas tout à fait eux-mêmes, comme s'ils écrivaient sous la plume d'un autre qu'eux-mêmes, lorsqu'ils écrivent selon les règles et les usages scolaires. Écrire sous la plume d'un autre : l'enjeu est de taille. En effet, peut-on progresser en écriture, peut-on s'approprier celle-ci à des fins non seulement de transcription mais aussi d'élaboration des savoirs tant que l'on n'est pas tout à fait soi-même lorsqu'on écrit, tant que ce sentiment d'extériorité ne permet pas de s'impliquer réellement dans les écrits scolaires ?"

Christine Barré-De-Miniac, "Le rapport à l'écriture...", Les concepts et les méthodes en didactique du français, éd. Presses Universitaires de Namur, 2012.

Un enseignement castrateur

"L'enseignement du français [...] apparaît comme particulièrement castrateur et réducteur en la matière. Le bilan est assez alarmant : réduction des écrits en vigueur à la glose métatextuelle [...] ; non-prise en compte des élèves comme des sujets scripteurs autorisés et dont on ignore les pratiques scripturales extra-scolaires (du journal intime aux nouvelles technologies) ; méconnaissance de la variété des usages scripturaux et imposition subséquente de surnormes linguistiques [...] ... Il s'ensuit, comme le montrent les enquêtes, que la discipline dont on vante les finalités émancipatrices génère en fait de l'insécurité scripturale."

André Petitjean, "Écriture d'invention au lycée et acquisition de savoir et de savoir faire", Pratiques : linguistique, littérature, didactique, n°127-128, 2005

(Ré)apprendre à lire les textes de jeunes scripteurs ?

"Si l'élève ne rencontre pas de lecteur, il ne peut être auteur. Or quelles sont les principales caractéristiques de cette lecture ? Elle est d'abord l'expression d'une subjectivité et n'est pas compatible avec des grilles d'évaluation couramment utilisées dans les classes. Elle est globale et non pointilliste ou pointilleuse, elle cherche à rendre compte d'une impression produite par le texte lu ; elle propose à l'auteur d'explorer une ou plusieurs voies que le texte aurait en germe et que l'enseignant, lecteur et scripteur professionnel, perçoit alors que l'auteur ne les voit pas"

Besnard, M. & Elalouf, M. (2018). (Ré)apprendre à lire des textes de jeunes scripteurs ?. Le français aujourd'hui, 203, 73-86.

Patrick, "Les Allumettes" (3e version)

"Enseigner et apprendre à écrire"

"C'est aussi la prise en compte de la temporalité de l'écriture, de l'effet du délai entre la première et la seconde écriture, avec l'idée que les scripteurs se re-fabriquent l'idée de ce qu'ils vont écrire. L'apprentissage est lent : il faut accepter qu'il y ait des temporalités différentes. Si l'on oublie cette réalité c'est qu'il y a confusion entre enseigner et apprendre, qui ne sont pas situés dans la même temporalité."

Monique Jurado, "Un autre regard sur la classe de français", Le Français aujourd'hui, n° 171, éd. Armand Colin, 2010

Accompagner l'écriture et la réécriture

"Le dialogue avec les autres est au coeur de la dynamique, des ratés ou des arrêts de l'écriture. Ce dialogue, lorsqu'il est scolaire, dans cet espace où l'apprentissage des normes et des règles est un enjeu éducatif aussi important que délicat. L'accompagnement, le regard bienveillant qu'il nécessite, requiert de la part de l'enseignant des gestes professionnels très contrôlés et adaptés. Comment faire construire aux élèves un rapport à la norme qui ne paralyse pas la pensée mais au contraire la facilite ?"

Dominique Bucheton, Refonder l'enseignement de l'écriture, éd. Retz, 2014.

Vrai ? Faux ? Ça se discute ?

  1. 1. on réécrit quand on n'est pas capable de bien écrire du premier coup ;
  2. 2. les écrivains n'ont pas besoin de réécrire ;
  3. 3. réécrire, c'est forcément écrire un texte plus long ;
  4. 4. il vaut mieux réécrire à chaud qu'à froid ;
  5. 5. réécrire, c'est plus dur qu'écrire ;
  6. 6. il faut réécrire jusqu'à ce que le texte soit parfait.