AAEE - INSPE ANGERS

Apprendre à GEASER

"G.E.A.S.E., cela représente d'abord un sigle qu'il faut s'entraîner à prononcer et à entendre avant d'arrêter de le trouver bizarre et dissonant. Sigle que l'on peut décliner dans le jargon de ceux qui le pratiquent sous l'infinitif de "GEASER" (entendez : jaser !). Cela signifie surtout : Groupe d'Entraînement à l'Analyse de Situations Educatives (G.E.A.S.E.)"

Lamy M. (2001). Propos sur le G.E.A.S.E. Expliciter n°43.

Le déroulement

Un GEASE suit le déroulement suivant :

1. La récollection (15 minutes)

2. La narration et la formulation d'une question posée au groupe (10 minutes)

3. Le questionnement du narrateur par le groupe (30 minutes)

4. Les hypothèses formulées par le groupe (30 minutes)

5. La reprise par le narrateur (10 minutes)

Un collectif de travail

"Le « travail bien fait » quand il est réalisé ne l'est souvent qu'en raison de l'efficacité « malgré tout » dont font preuve ceux qui travaillent, « en prenant sur eux ». Les résistances du réel et les obstacles auxquels les professionnels de terrain ne peuvent pas [...] se dérober multiplient les épreuves. Et ces épreuves sont collectives tant le réel – quand il résiste – ne peut s'apprivoiser seul. Dans des conditions concrètes d'exercice de leur métier si fréquemment réorganisées, c'est donc seulement ensemble que les professionnels peuvent continuer de produire les ressources génériques qui leur permettent de continuer à faire un travail de qualité. Afin que chacun ne se trouve pas à « errer tout seul face à l'étendue des bêtises possibles » (Darré, 1994), ils doivent entretenir ces ressources communes en examinant et en réexaminant, entre connaisseurs, les anciens et les nouveaux dilemmes du travail concret [...]. C'est uniquement grâce à ce travail collectif des collectifs de travail [...] que se fabriquent les ressources collectives qui deviennent alors disponibles pour chacun."

Miossec, Y. & Clot, Y. (2015). Le collectif de travail : entre fragilité et ressource. Dans : Annie Thébaud-Mony éd., Les risques du travail: Pour ne pas perdre sa vie à la gagner (pp. 147-154). Paris: La Découverte.

Rappel du cadre éthique

"Pour P. Molinier « [...] un collectif ne peut pas fonctionner sans un minimum d'attention (de care) aux autres, d'attention à leur sensibilité, à leur personnalité, d'attention à ce qui est important pour eux ou elles, ce qui compte à leurs yeux » (ibid.). Alors, et seulement alors, on peut supporter le conflit en se laissant entamer par la conviction de l'autre. « La bonne marche d'un collectif impliquerait ainsi la dimension éthique de la gentillesse tout en préservant la dimension agonistique du débat » (ibid.). [...] On retrouve d’ailleurs ce souci dans certains travaux en clinique de l’activité, sous un angle un peu différent, celui de la confiance, confiance bâtie sur l’assurance de présupposés communs à propos des principes qui guident l’action. [...] On y insiste alors sur la confiance comme facteur déterminant dans le déploiement de la dispute de métier."

Clot, Y. (2020). Éthique et travail collectif : Controverses. Toulouse: Érès.

La récollection (20 minutes)

Retrouvez dans votre expérience professionnelle passée, une situation précise et particulière, problématique ou réussie, dont vous souhaiteriez parler au groupe.

Vous aurez environ une minute pour la présenter très brièvement dans le tour de table.

Si cette situation est ensuite choisie, vous aurez tout le temps de la développer dans le premier temps du travail en groupe.

La narration (10 minutes)

Au narrateur : Exposez la situation dont vous souhaitez parler en racontant très librement ce qu'il vous paraît utile de dire.

Vous terminerez en renvoyant au groupe une question à partir de laquelle il pourrait vous aider à y voir plus clair concernant cette situation professionnelle.

Le groupe va vous écouter sans vous interrompre en prenant éventuellement des notes sur les points importants.

Le questionnement (20-30 minutes)

Au groupe : vos questions doivent permettre de rassembler le maximum d'informations sur la situation exposée.

Les hypothèses et les propositions (30 minutes)

Au tour du narrateur d'écouter...

Au groupe : vous avez 30 minutes pour formuler des hypothèses et des propositions :

- des hypothèses de compréhension et d'explication

- des propositions d'action, composantes d'un "inventaire des possibles"

- des "propositions en résonance", issues des expériences des participants qui auront pu se trouver dans des situations analogues

Le but de ces hypothèses est de répondre à la question posée par le narrateur.

La reprise par le narrateur (5 minutes)

Au narrateur : Que retenez-vous dans ce qui vous a été proposé, tant au plan de la compréhension qu'au plan des possibles à prendre en compte ? Que rejetez-vous ?