Hors concours

Atelier 01

Le prix littéraire "Hors Concours"

Oral

1. Qu'est-ce qu'un écrivain ? Un éditeur ? Une maison d'édition ?

2. Connaissez-vous des prix littéraires ? À quoi servent-ils ?

3. Que signifie l'expression "hors concours" ?

Observation

Sur l'affiche, quelles couvertures, quels titres vous paraissent intéressants ? Pourquoi ?

Lecture

Choisissez un "lot" de 5 titres, dont vous lirez les extraits.

Atelier 02

Journal de lecteur

Consigne

Dans votre Journal de lecteur, inscrivez le titre "Hors Concours", puis répondez aux questions suivantes.

1. Quel était le "lot" que vous aviez à lire ? (Mettez simplement les numéros)

2. Parmi les extraits que vous avez lus,

vous en avez aimé un ou plusieurs vous n'en avez aimé aucun

Qu'est-ce qui vous a plu dans ce ou ces "coups de coeur" ? (le thème, l'histoire, le style, le genre, la tonalité, le suspens, la couverture...).

Retournez à l'affiche, et choisissez-en un ou plusieurs autres, jusqu'à ce que vous trouviez un extrait qui vous plaise.

3. Préparez une prise de parole : une brève présentation de votre extrait préféré (un seul !), puis, au choix, soit la lecture d'un passage de l'extrait, soit l'explication de ce qui vous a plu (Au total : entre deux et trois minutes).

Atelier 03

Le jeu des possibles

Consigne

Écrivez, dans votre JDL, une suite à l'extrait que vous avez choisi.

Atelier 04

Les livres sélectionnés

Consigne

Choisissez l'un des livres sélectionnés. Au retour des vacances, nous organiserons des cercles de lecteurs pour en parler. L'objectif pour le 19 mars : lire le livre que vous avez choisi, ou, du moins, essayer (minimum 40 pages) ; savoir expliquer ce que vous avez aimé, ou pas aimé.

Atelier 05

Un cercle de lecture

Consigne

1. Après s'être installés en cercle, les participants (enseignants inclus) échangent sur les livres lus ou entamés : qu'est-ce qui a plu ou déplu, le livre a-t-il touché, fait réfléchir, ennuyé, captivé, etc. Pourquoi ?

On peut également lire à haute voix des passages.

2. On échange ensuite les livres. Priorité à ceux qui n'avaient pas eu ce qu'ils voulaient la dernière fois.

Atelier 06

Le vote de la classe

Consigne

1. Pourquoi les prix littéraires ?

2. Quel est le livre auquel vous souhaiteriez que le prix Hors Concours soit remis ? Vous pouvez 1°) voter pour le livre que vous trouvez le plus intéressant 2°) ne pas voter si vous n'avez pas d'avis 3°) voter pour un livre que vous n'avez pas lu mais que vous auriez aimé lire.

Atelier 07

Critique sur Babelio

Consigne

Les règles

Sur Babelio, il vous faut écrire au minimum 250 caractères espaces compris pour publier une critique de livre. Nous avons mis en place cette limite tout simplement pour éviter de modérer une trop grande quantité de spams et d'avis très lapidaires (« bof », « top » ou autres). [...]

Les attendus

La critique sur Babelio est libre. C'est-à-dire que nous ne vous obligerons jamais à dire du bien d'un livre que vous n'avez pas aimé – ou l'inverse. Vous pouvez donc critiquer ce que vous voulez, sur le ton que vous voulez : le fond, la forme, le travail de l'auteur ou de l'éditeur, le style ou la construction, le dessin, le scénario… Mais il faut toujours garder en tête d'étayer votre propos, positif ou négatif. Plus votre critique est argumentée, plus vous permettrez à vos lecteurs de comprendre pourquoi vous avez apprécié ou non tel ouvrage.

Une bonne critique va donc plus s'attacher à détailler le ressenti d'un lecteur face à une œuvre que l'histoire en elle-même. C'est ce qui fera tout le sel et la spécificité de votre critique : en un mot, votre "avis", avec vos références, votre sensibilité et vos goûts.

Témoignages de lecteurs

"Une critique que je vais avoir envie de lire, c'est avant tout visuel : s'il n'y a pas de paragraphes, pas d'espaces, il y a peu de chances que je la lise. […] Ce qui m'intéresse dans une critique, c'est ce qu'a ressenti la personne qui a lu : intérêt, plaisir, angoisse, ennui, lassitude, bref les sensations même sans expliciter beaucoup, bien que dans le cas d'une critique négative j'aime bien savoir pourquoi." (Zazaboum)

"Je ne pense pas qu'il y ait un modèle de "bonne critique", l'important est d'arriver à faire ressentir ses émotions. Ce que je recherche c'est savoir si le lecteur s'est perdu (dans le bon sens du terme) dans l'univers, les sujets abordés, si les personnages sont attachants et intéressants. Elle n'a pas besoin d'être trop longue, mais surtout ne pas résumer le roman. Il faut aussi que la critique soit constructive et "polie" si je puis dire, surtout si l'on n'a pas aimé, car l'auteur peut la lire." (florencem)

Petit guide pour écrire une critique sur Babelio, 15/09/2022

Atelier 08

Au choix

Consignes

Option A

Vous écrivez une critique, seul ou à deux, sur un livre que vous avez lu ou dont vous avez lu une partie. 250 caractères, c'est environ quatre ou cinq lignes.

Option B

Vous lisez les premiers chapitres de Thelma.

Option C

Vous faites une recherche documentaire sur l'un des sujets évoqués dans le roman pour le présenter à la classe :

  • l'anorexie mentale de l'adolescent
  • la nutrition des sportifs
  • les familles face à l'anorexie

Atelier 09

Rencontre avec Caroline Buffault

Oral

Quel est, selon vous, l'intérêt de faire venir un écrivain au lycée ?

Présentation

"Caroline Bouffault a grandi près de Grenoble et vit actuellement à Paris. Après avoir travaillé dans de grandes compagnies internationales, elle a décidé de se consacrer à l'écriture.

Thelma (2023) est son premier roman."

https://www.babelio.com/auteur/Caroline-Bouffault/636281

Lecture

Lisez les extraits suivants.

Recherche

1. Sur quels sujets pouvez-vous interroger Caroline Bouffault ?

2. Quelles questions pourriez-vous lui poser ?

3. Est-ce qu'il y a des choses que vous aimeriez lui dire, ou lui présenter ?

Extrait A

Thelma apprécie les efforts de Violette pour dédramatiser. Elle aimerait réussir à expliquer que son exclusion de la Liste-des-bonnes-meufs-avec-qui-coucher entérine une victoire et un échec, mais elle ne sait pas comment formuler les choses, comment dire que ce que crie cette liste c'est Ma pauvre fille, n'essaie même pas, c'est perdu d'avance. Leur amitié comporte une étiquette qui proscrit l'usage de certains mots, au premier rang desquels redoublement et anorexie.

— Thelmouille, tu ne vas pas chialer ?

Violette l'enserre dans ses bras et Thelma réussit à ravaler le gros de ses larmes. Elles restent un moment l'une contre l'autre, puis Thelma se dégage.

— Je vais chercher le livre de maths.

— Je peux savoir pourquoi tu te venges sur moi, gémit Violette en cachant mal son soulagement.

Thelma sort une trousse, un cahier de brouillon et le manuel qu'elle ouvre à la page du cours sur le sens de variation des fonctions de référence. Elle accorde à Violette cinq minutes pour se rafraîchir la mémoire sur le Je retiens.

— Tu vas comparer (-1,3)2 et (-5,2)2.

Violette sélectionne un stylo-bille à pointe rose et garde la languette du capuchon entre les dents pour mordiller le plastique. Thelma réfléchit à une consigne plus difficile, avec une fonction inverse, mais pas trop compliquée non plus. D'abord, valider que la base est maîtrisée. Violette note l'intervalle de comparaison et relève la tête :

— Tu sais que le petit trou au bout du bouchon c'est pour que les gens qui l'avalent ne s'étouffent pas ?

Thelma lui lance un regard éloquent. Violette replonge dans la contemplation de l'énoncé.

Tout à coup, Thelma prend conscience que son amie agite le cahier de brouillon devant ses yeux.

— Eh oh, j'ai fini ! Tu pensais à quoi ?

— Je vais coucher avec un mec.

Violette rit.

— Ça te prend comme ça ?

— C'est la seule solution.

— Mais t'es sérieuse, en fait ? C'est pas un peu extrême, comme représailles ?

— C'est toi qui dis ça ?

— Quoi, moi ? Hein, mais ça n'a rien à voir ! Lucas et moi, on était ensemble. Excuse-moi mais c'est bizarre de décréter ça comme ça. Ça ressemble à une question de fierté.

— Ce n'est pas de la fierté.

Devant la moue sceptique de Violette, Thelma tente une approche différente. Est-ce que Violette se rappelle quand la prof de maths a rendu les copies, la semaine dernière, qu'elle lui a tendu son six sans commenter, sans lui demander si elle avait eu un souci, comme si tout était normal ?

Oui, Violette se rappelle, et une insulte tombe à l'endroit des pratiques sexuelles de la mère de la prof. Thelma poursuit :

— C'est autoréalisateur et criminel.

Elle n'est pas certaine de ses adjectifs, mais Violette semble saisir sa pensée.

— Pour moi, c'est pareil, Vio : tant qu'on me regardera comme quelqu'un de malade, je ne m'en sortirai pas.

Jamais elles n'abordent ces thèmes aussi frontalement. Violette a l'air émue aussi.

— Je vais me chercher un verre d'eau, dit Thelma, pour s'éviter un autre épanchement. Tu veux un truc ?

Quand elle revient de la cuisine, un gobelet dans chaque main, le livre de maths a disparu, Violette a les deux paumes à plat sur la table et une expression résolue.

— Ça ne sera pas quelqu'un de la classe. On ne va pas mendier ces dégénérés. Laisse-moi le week-end. Lundi matin, j'aurai un nom.

Extrait B

— Il se trouve – peut-être êtes-vous au courant – que Thelma a un faible pour vous. Un crush, si je ne me trompe pas d'expression !

Thierry Gardel se masse la tempe gauche. Cécilia a beau sourire de manière engageante, Guillaume se demande ce qui lui tombe dessus. Peut-être êtes-vous au courant. Est-ce qu'ils l'accusent de quelque chose ? Que faut-il lire entre les lignes ? Des loupiotes clignotent dans tous les sens.

Thelma passe souvent le voir en fin d'après-midi, pour aborder, l'air grave, des questions techniques sur le trail. Jamais le moindre sous-entendu : venant d'une adolescente aussi austère, ça sauterait aux yeux. Guillaume ne peut nier, pourtant, qu'il aime bien cette gamine. Sa détermination, son tonus et sa fragilité le touchent. Au rugby, il la replace systématiquement au cœur de l'action pour qu'elle s'exprime sur le terrain. Un malentendu lui coûterait sa titularisation. Il soupèse chaque mot.

— Je suis navré si elle a mal interprété quelque chose, bien que je ne voie vraiment pas de quoi il peut s'agir. Elle ne m'a rien dit. Je l'aurais évidemment découragée sans ambiguïté…

Cécilia Gardel l'interrompt à nouveau :

— Il faut que vous compreniez bien la situation. Thelma est susceptible de se faire hospitaliser du jour au lendemain. Nous longeons une ligne de crête depuis des mois.

— Je suis désolé d'entendre ça. J'aurais dû m'en rendre compte. Elle dégage une telle énergie… Enfin bref. Comment est-ce que je peux vous être utile ?

— Si jamais elle se déclarait, il ne faudrait pas la décourager, dit Cécilia Gardel.

— Pardon ?

— Peut-être que vous pourriez, je ne sais pas, l'emmener faire du roller ? Ou une balade à vélo ?

Guillaume la regarde sans comprendre.

— Tous les deux ? Elle et moi ?

Cécilia Gardel opine du chef. Elle n'a pas l'air de plaisanter.

Le mari semble subir la conversation autant que lui : c'est peut-être de là que viendra le salut.

— Monsieur Gardel, vous êtes prof aussi, je crois ?

— C'est exact, en classes préparatoires.

— Vous emmèneriez une de vos élèves faire du roller ? Ça vous semblerait normal ?

— Normal ? répète-t-il avec une intonation aiguë.

Thierry déglutit puis sa voix s'affermit :

— Non, ça ne me semblerait pas normal. Malheureusement, nous n'en sommes plus à décider de nos actions parmi un échantillon de solutions normales. Imaginez-vous, monsieur Faroy, assister au délabrement du corps de votre enfant, sans pouvoir faire quoi que ce soit pour l'aider à se sortir d'une maladie qu'en dépit de tous vos efforts, vous ne comprenez pas. Imaginez-vous enlever les piles de la balance tous les soirs de peur qu'elle passe la nuit à se peser. Imaginez-vous fouiller sa chambre à la recherche de laxatifs ou renifler les toilettes après les repas pour détecter une odeur de vomi. Rien de normal dans ce que je vous décris, n'est-ce pas ? Et pourtant, depuis plus d'un an, c'est notre nouvelle normalité. Alors, pour être honnête, je ne suis pas tout à fait en phase avec l'idée de ma femme, mais pour l'instant, je n'ai pas mieux à proposer. Thelma a besoin de préoccupations de son âge.

Guillaume vacille. Il proteste encore :

— Mais sans doute qu'un camarade de son âge, justement…

— Pour ne rien vous cacher, ça nous aurait arrangés.

Guillaume rajuste la visière de sa casquette.

— Qu'est-ce que vous attendez de moi, au juste ?

— Rien de plus que ce que ma femme vous a dit : témoigner de l'attention, peut-être de l'affection à Thelma, pour l'aider à se rassurer, à reprendre confiance en elle.

Extrait C

En cours d'EPS, Thelma met un point d'honneur à ne laisser transparaître aucune émotion négative. Aucune émotion tout court. Supprimer les crochets du soir par le gymnase lui libère du temps pour les devoirs, et ça tombe bien, les DM pleuvent, à croire que les profs se sont passé la consigne. Mais Thelma a beau faire le maximum pour éviter un tête-à-tête, Faroy cherche manifestement à le provoquer. C'est : « Tiens, Thelma, tu rassembles les bâtons de relais ? » Ou : « Thelma, tu me rapportes le chronomètre ? » Elle s'acquitte des tâches qu'il lui assigne en gardant ses distances. Qu'il lui épargne, pitié, une question sur son état de santé !

Sa vigilance la sauve trois semaines durant. Elle tombe dans un traquenard le dernier mardi d'avril, quand il l'expédie à l'autre bout de la piste de sprint pour récupérer une haie abandonnée. Toute la classe a déjà pris le chemin des vestiaires lorsqu'elle revient au niveau de Faroy avec la barrière.

— Puisque je te tiens, Thelma.

Elle contracte les épaules.

— J'aimerais t'entraîner pour une course d'endurance. Un trail ou une course urbaine. Ton choix.

Elle ouvre la bouche longtemps avant qu'un son en sorte.

— Vous voulez m'inscrire à une course ?

— Tu cours déjà pas mal toute seule, non ? Je te propose une approche technique, un but.

— C'est de ça que vous vouliez me parler, l'autre jour ?

— J'ai forcé sur l'introduction, je reconnais, pas trop mon truc les grands discours. Réfléchis. Si ça te branche, on établira un plan d'entraînement compatible avec tes horaires de cours. Deux séances par semaine minimum, idéalement trois. À ce rythme, fin juin, tu es prête.

Il s'interrompt un court instant avant de reprendre, l'air songeur.

— Vu ta résistance, on peut envisager quelque chose de long, éventuellement même un marathon…

Thelma est interloquée. Voilà longtemps que plus personne ne l'incite à faire du sport. On la pousse, au contraire, à ralentir la cadence. Qu'est-ce que ça cache ? Elle cerne mal les motivations de Faroy.

Un marathon ! Ses parents s'en étrangleraient. Meunier, n'en parlons pas. D'ailleurs, est-ce qu'il ne faut pas un certificat médical, pour ça ?

Elle n'a jamais participé à une course organisée. Elle ne l'a même jamais envisagé. Malgré tout le temps passé sur les forums de coureurs de trail, à aucun moment elle n'a sérieusement pensé : « Pourquoi pas moi ? », comme s'il existait une différence de nature entre ceux qui prennent part aux compétitions et elle, la même différence qu'entre des acteurs et leur doublure. Elle a déjà poussé jusqu'à trente kilomètres, seule, avec pour unique ravitaillement quelques gorgées d'eau à une fontaine. Elle pourrait s'élancer sur quarante-deux, pour voir. Mais franchir le pas, c'est débarquer sur scène au milieu des comédiens ; c'est un changement de catégorie.

— Je ne te le proposerais pas si je ne t'en jugeais pas capable.

Une onde électrique traverse Thelma du diaphragme au bas du ventre. Elle n'est donc, à ses yeux, pas si fragile.

L'Entraîneur ne trouvera rien à redire à une préparation physique intensive. Un marathon : presque aussi glorieux qu'une hospitalisation.

— Ça m'intéresse, oui.

— Génial. Passe au gymnase ce soir.

Extrait D

— Redoubler, je ne sais même pas ce que j'en pense. Est-ce que tu plonges dans une boucle temporelle ? Ou est-ce que c'est comme une deuxième prise, « Coupez, on la refait, moins glauque, cette fois » ?

Thelma est saisie d'un vertige. Tout à coup, elle prend conscience des épreuves qui se sont enchaînées pour Violette ces derniers mois. Le déménagement de Lucas. La séparation de ses parents. L'irruption d'une belle-mère qui porte des shorts en cuir l'hiver et l'appelle ma Vio. Le désastre scolaire. Violette est restée debout bien droite, elle a soutenu Thelma à travers toutes ses vraies-fausses tentatives de guérison sans jamais se lamenter sur son sort, à croire que les catastrophes glissaient sur elle.

Excuse facile.

La vérité, c'est que Thelma s'est concentrée sur ses propres problèmes au détriment de ceux des autres. Elle n'aurait pas pu sauver la relation à distance de Violette et Lucas, encore moins le mariage de Mélanie et Nicolas Pichon, mais elle aurait dû tenir la nuque de Violette fermement penchée sur Déclic Seconde, remplacer toutes les sessions annulées pour cause d'entraînement : ça, c'était à sa portée, c'était même le minimum. Au lieu de quoi, elle a cédé à l'indolence de Violette, à son fatalisme, à son de toute façon c'est déjà mort, qui triomphe aujourd'hui en je l'avais dit ou je l'avais pas dit ?

Elle a abandonné sa meilleure amie pour préparer une course à pied, étape hasardeuse vers une possible perte de virginité dont l'efficacité thérapeutique globale reste à démontrer.

Violette a englouti la première tranche de faux pain reconstitué tartiné au gras et s'en prépare une deuxième. Elle n'insiste pas pour que Thelma ingère quoi que ce soit, ne s'agace pas de sa posture de porte-manteau, les bras ballants à côté de la table. En général, Violette accepte. La situation. La stagnation. Le temps infini que Thelma prend pour guérir alors que tout est mis en œuvre pour l'aider, elle, elle seule, tandis que les autres se débattent avec leurs problèmes sans qu'elle lève le petit doigt en retour. Thelma se sent tellement reconnaissante que les larmes lui montent aux yeux. Elle voudrait crier à Violette qu'elle va tout faire pour aller mieux rapidement et pour de bon, mais elle ne sait pas évaluer la solidité de cet élan, sa pérennité. Elle a donné trop de faux espoirs, fait subir trop de douches froides. Et puis ce serait parler d'elle, encore, à un moment pareil : preuve ultime de son égocentrisme.

— Je ne crois pas que je resterai jusqu'à ta course. J'irai peut-être chez mon père, pour la piscine.

Thelma est horrifiée. Elle est persona non grata chez Nicolas Pichon depuis l'épisode du bain nocturne. Elle ne l'en blâme pas, il a vraiment eu l'air de flipper quand il l'a retrouvée toute mauve, agrippée à la margelle, à enchaîner les battements de jambe en rythme, tellement concentrée sur son effort qu'elle ne l'a pas entendu approcher. Elle n'avait découvert que la moitié du rideau de piscine, erreur débile qui l'avait trahie. Elle se rappelle encore le cri de bœuf à l'abattoir qu'il a poussé.

— Mais t'inquiète, précise Violette, je viendrai t'encourager.

— Je peux toujours dormir chez toi à la fin de la course ?

— Oui, oui, on fait comme on a dit, je reviendrai une ou deux nuits chez maman.

Un dernier élément, et non des moindres, reste à valider.

— Avant que tu partes chez ton père… J'ai besoin de toi, tu sais, pour le certif…

Violette avait promis d'y réfléchir, mais la mission semble lui créer des états d'âme. Elle n'en est pourtant pas à son coup d'essai : avant que le divorce de ses parents lui permette de se retirer des affaires, Violette détenait un juteux commerce de dispenses de sport. Dès qu'une fille voulait se la couler douce quelques semaines, elle savait où s'adresser. Aucun adulte n'a jamais détecté la supercherie. Mais pour le certificat médical de Thelma, Violette se fait prier.

— T'abuses, de me demander ça.

— Je sais… mais je ne peux pas tout foutre en l'air maintenant… Je passerais pour quoi ?

Violette fronce les sourcils :

— C'est une responsabilité de ouf…

Atelier 10

Pour préparer la rencontre

Interventions envisagées

Nom prénom : ...

1. ...

2. ...

3. ...

Atelier 11

Ce qui restera...

Écriture

1. Vous écrivez une lettre/un mail à Caroline Bouffault.

Angers, le mardi 21 mai

Madame,


Vous êtes venue rencontrer notre classe mercredi dernier.

Plusieurs choses que vous avez dites m'ont fait réfléchir...

...

2. Vous écrivez une lettre/un mail à votre enseignant de français.

Angers, le mardi 21 mai

Monsieur,


Cette année, vous nous avez beaucoup parlé de la lecture.

Voilà, aujourd'hui, ce que j'en pense : ...

...

1. Qu'est-ce que vous avez pensé de votre rencontre avec caroline Bouffault ?

2. Y a-t-il des choses qui vous ont plu, surpris, déplu pendant cette rencontre ?

3. Sur l'ensemble de ce prix littéraire, qu'est-ce que vous avez aimé, ou pas aimé ?

4. Que retiendrez-vous de nos échanges sur la lecture de cette année (le prix littéraire Hors Concours, le travail de début d'année sur la "crise de la lecture") ?