Soient les extraits des deux livres suivants :
- Sepúlveda, L. (1989). Le vieux qui lisait des romans d'amour. Éditions du Seuil.
- Pennac, D. (1992). Comme un roman. Éditions Gallimard.
Que vous inspire la lecture de ces deux extraits ?
Quelles conséquences, en particulier, sur la didactique de la lecture ?
Dans un autre de ses romans, Oreiller d'herbes, Sôseki nous présente un peintre qui s'est retiré dans les montagnes pour faire le point sur son art. Un jour entre dans la pièce où il travaille la fille de sa logeuse, qui, le voyant avec un livre, lui demande ce qu'il est en train de lire. Le peintre lui répond qu'il l'ignore, puisque sa méthode consiste à ouvrir le livre au hasard [...]. La femme lui demande alors de lui montrer comment il lit, ce qu'il accepte de faire, en lui donnant au fur et à mesure une traduction japonaise du livre anglais qu'il a en main. Il y est question d'un homme et d'une femme dont on ignore tout sinon qu'ils se trouvent sur un bateau à Venise. [...]
- Qui sont cet homme et cette femme ?
- Moi-même je n'en sais rien. Mais c'est justement pour cela que c'est intéressant. On n'a pas à se soucier de leurs relations jusque-là. Tout comme vous et moi qui nous retrouvons ensemble, ce n'est que cet instant qui compte.
Bayard P. (2007). Comment parler des livres qu'on n'a pas lus. Les Editions de Minuit.
Plus encore que les autres auteurs rencontrés, Montaigne, avec ses expériences répétées d’éclipsé de soi, donne le sentiment d’effacer toute limite entre lecture et non-lecture. Dès lors en effet que tout livre lu commence immédiatement à disparaître de la conscience, au point qu’il devient impossible de se rappeler si on l’a lu, la notion même de lecture tend à perdre toute pertinence, n’importe quel livre, ouvert ou non, finissant par équivaloir à n’importe quel autre. Si elle semble grossir le trait, la relation de Montaigne aux livres ne fait pourtant que dire la vérité de la relation que nous entretenons avec eux. Nous ne gardons pas en notre mémoire des livres homogènes, mais des fragments arrachés à des lectures partielles, souvent mêlés les uns aux autres, et de surcroît remaniés par nos fantasmes personnels : des bribes de livres falsifiées, analogues aux souvenirs-écrans dont parle Freud, qui ont surtout pour fonction d’en dissimuler d’autres. Plus que de lecture, c’est de délecture qu’il faudrait alors parler à la suite de Montaigne, pour qualifier ce mouvement incessant d’oubli des livres dans lequel nous sommes entraînés : un mouvement fait à la fois de disparition et de brouillage des références, qui transforme les livres, souvent réduits à leurs titres ou à quelques pages approximatives, en ombres vagues glissant à la surface de notre conscience.
Bayard, P. (2007). Comment parler des livres que l'on n'a pas lus ? Les Editions de Minuit.
Soient les deux nouvelles suivantes :
Cortazar, J. (1959). "Continuité des parcs", Les Armes secrètes, trad. C. et R. Caillois, éd. Gallimard.
Borges, J. L. (1978). "Le Livre de sable". Le Livre de Sable.
La fin de chacune de ces nouvelles a été tronquée d'une ou plusieurs lignes.
1. Choisissez l'une de ces deux nouvelles, imaginez et écrivez-en la ou les dernières lignes.
2. Selon vous, que nous dit chacun de ces textes sur la lecture ?